Effy Manzoni : de la police scientifique à la piste de danse

Effy-Manzoni en train de danser le tango argentin©DR

Effy Manzoni,ingénieur de police technique et scientifique au sein de la DCPJ et responsable de la communication et des relations internationales de la sous-direction de la police technique et scientifique à Ecully, pratique le tango argentin depuis plusieurs années.


« Le tango argentin est une philosophie de vie, un style de communication basé sur « je t’aime moi non plus » : on s’aime, on se rapproche, on ne s’aime plus, on se recule... Cette danse est tellement fusionnelle et sensuelle ! C’est un échange permanent de pas, de regards et d’intentions .» Cette passion pour le tango argentin est apparue à Effy Manzoni en 2007. Depuis, elle rythme sa vie et celle de son époux.
Son activité professionnelle ne laisse pourtant aucunement transparaître le côté strass et paillettes de cette activité. Diplômée en biologie appliquée, Effy a intégré le laboratoire de police technique et scientifique de Lyon en 1997 en tant que technicienne, ce qui était pour elle « une grande fierté de pouvoir travailler pour la police ». Très intéressée par le domaine de la criminalistique, elle obtient le concours d’ingénieur en 2006 et rejoint la SDPTS en 2011. En 2012, elle décroche le diplôme inter-universitaire de psycho-criminalistique. « Scientifique, j’aime que les choses soient bien faites. J’essaie d’être très rigoureuse, à tel point que cela peut devenir pénible pour mon entourage. » Mais cette rigueur lui a aussi permis de progresser à vitesse grand V dans le monde de la danse .« Petite, je rêvais de prendre des cours de danse, mais dans mon Auvergne natale, je n’ai pas eu cette chance. » Elle rejoint pourtant aux côtés de son mari un club de danse lyonnais en 2007. Les débuts se révèlent laborieux: « Nous dansions comme des robots, réfléchissant sans cesse aux pas et non aux émotions à transmettre. »
De fil en aiguille le couple se prend au jeu, multiplie les heures de cours collectifs et individuels et progresse sans cesse. Ils se lancent tous deux dans les compétitions de l’IDO (International Danse Organisation), durant lesquelles les couples concurrents réalisent tous ensemble trois danses ( tango argentin, valse argentine et milonga ) avant de passer chacun leur tour devant le jury pour un « tango scénario », avec la musique de leur choix et, bien sûr, leur propre chorégraphie.
« Nous sommes jugés sur la technique de la danse et l’enchaînement de pas clairs, nets et précis, mais surtout sur notre capacité à transmettre autre chose au public et au jury : faire rêver au travers notre jeu de scène. » Vient alors le moment pour Effy de laisser au vestiaire sa blouse de scientifique pour une toute autre tenue: « J’ai toujours été un peu garçon manqué ! Ces occasions me permettent de me transformer pour un soir. C’est magnifique  de voir une danseuse dans une jolie tenue, bien maquillée et coiffée. »
Effy Manzoni et son mari ont traversé la France mais aussi l’Europe pour participer à des compétitions internationales, durant lesquelles ils ont enregistré plusieurs performances : 3ème et 4ème aux championnats du monde en 2010 et 2011 à Prague, 2ème lors de la coupe du monde 2010 en Russie et champions de France à deux reprises en 2011 et 2013. « Je souhaiterais énormément monter sur la première marche mondiale,mais nos adversaires sont en grande majorité de très grands danseurs professionnels alors que de notre côté nous jonglons avec nos emplois du temps pour pouvoir nous entraîner.
L’approche est donc totalement différente. Avec mon mari, bien pris par sa profession de médecin, nous privilégions le côté plaisir car le tango est devenu en quelque sorte le fil conducteur de notre couple . »
Apogée de leur passion commune, Effy et son époux envisagent de se rendre prochainement en Argentine, où le tango est devenu « une institution ! De nombreux bals sont organisés plusieurs fois par semaine. Les hommes invitent les femmes à danser par un simple regard, sans avoir besoin de parler pour se faire comprendre. Un protocole empirique teinté d’un profond respect de l’homme pour la femme. L’apothéose du charme. »
Richard Wawrzyniak