Cybercriminalité - L’Europe traque les criminels du web

Coopération policière au centre européen anti-cybercriminalité d’Europol © Stéphane Duguin

Un monde sans frontières, où règne l’anonymat et où le temps est réduit à un clic : les malfaiteurs en rêvaient, Internet l’a fait. Face à des modes opératoires criminels en pleine mutation, Europol a crée il y a un an le centre européen anti-cybercriminalité.


Juin 2013, il y a un an, coup de filet simultané dans 16 pays européens. La coopération d’enquêteurs de chaque pays concerné et de sociétés privées permet ce jour là 117 arrestations pour des achats de billets d’avion sur Internet avec des numéros de cartes bancaires volées. « Les cibles sont toutes connues pour de la criminalité organisée, trafic de drogue ou d’êtres humains. Le cybercrime était pour eux une façon de se promener en étant non-inquiétés », explique Stéphane D., capitaine de police et chef de cabinet de l’EC3.

L’EC3, pour European Cyber Crime Center, traite des affaires de cybercriminalité de grande envergure. Il offre un soutien technique, financier, ou en termes de personnels, à ses vingt états membres sur trois thématiques majeures : l’attaque contre les systèmes informatiques, la fraude en ligne et l’exploitation sexuelle des enfants via Internet. Le centre permet aux Etats de rassembler agents et dossiers au sein d’une même salle opérationnelle et ainsi de coordonner leurs actions contre les réseaux criminels organisés. Il aide au décryptage de disque dur, à l’analyse de virus, et met à disposition des pays des analystes criminels travaillant sur les dossiers transnationaux. Enfin, le centre a des missions de formation des enquêteurs sur des techniques policières adaptées au cybercrime et des missions d’analyse de stratégie et d’identification des nouvelles menaces.

Le cybercrime n’est pas un phénomène nouveau mais aujourd’hui plus accessible. Il est en effet possible de louer des services d’attaque ou d’intrusion mis à disposition sur des sites Internet. « Avec quelques centaines de dollars et sans aucune connaissance technique, n’importe qui peut devenir cybercriminel, raconte Stéphane D. Certains de ces services en ligne sont même accompagnés de suivi clientèle 24h/24.» Cette facilité d’accès accélère la progression du phénomène.

« Le centre est une agence de soutien. Les bases de données que l’on possède sont uniques. C’est un service que les enquêteurs ne peuvent pas trouver ailleurs. » Au cours de sa première année de création, EC3 a déjà soutenu 169 opérations entraînant 220 interpellations. Côté fraude par exemple, en coopération avec Microsoft, le centre a permis de démanteler en décembre 2013 un réseau de 1,9 millions d’ordinateurs infectés. « Les réseaux d’ordinateurs contaminés sont appelés dans notre jargon des « botnets ». Ils agissent comme une armée d’ordinateurs pour mener des attaques à travers le monde. On a travaillé avec le FBI sur ce dossier, et coordonné les actions menées en Europe. »

Skimming, malware, botnet, abus sexuel en ligne, monnaies virtuelles… la cybercriminalité n’a de cyber que les outils et le vocabulaire. Auteurs, victimes et dommages sont bien réels, et le centre européen anti cybercriminalité souhaite continuer d’évoluer pour répondre à l’ampleur du phénomène.

Floriane Boillot

Europol et le centre européen anti-cybercriminalité

Europol est un office de police intergouvernemental basé à la Haye au Pays-Bas, permettant une coopération des états européens dans la lutte contre la criminalité depuis 1999. Le 11 janvier 2013, suite à une proposition de la Commission européenne, le centre européen anti cybercriminalité (EC3) voit le jour à Europol, reprenant ainsi certaines missions de cybercriminalité traitées auparavant par l’office. Troels Oerting, directeur de l’EC3 et haut fonctionnaire de la police danoise, est à la tête de 60 fonctionnaires représentants 20 pays européens. Sept de ces fonctionnaires sont français, issus de la Police et de la Gendarmerie nationales, ainsi que des Douanes.