Claude Baland, directeur général de la Police nationale, et Pierre-Yves Thiriez, président du groupement d’intérêt économique (GIE) ARGOS, ont signé le 12 juin dernier une convention de partenariat entre les services de police et ce groupement d’assureurs français. Celle-ci assoit leur collaboration dans la lutte contre les véhicules et autres biens volés.
Cette convention clarifie et répertorie précisément les relations possibles entre la DGPN et ARGOS, explique Philippe P., capitaine de police au cabinet prévention de la délinquance et partenariats opérationnels de la DGPN. Elle définit clairement les modalités d’échange d’informations, le type de renseignements que peut fournir le GIE à nos services opérationnels et accroît la collaboration, notamment en termes d’assistance technique et de formations. » Ce partenariat permet ainsi aux forces de l’ordre d’accéder aux différentes bases de données d’ARGOS pour identifier des véhicules ou d’autres biens volés : la base « automobile » alimentée par les assureurs, les pouvoirs publics et les sociétés de gravage ; la base des constructeurs automobiles ; ou encore la base FIBAR (fichier informatique des biens assurés recherchés).
Confrontés à un véhicule dont l’origine leur semble suspecte, les policiers peuvent solliciter le GIE, lui transmettre à distance les identifiants de certaines pièces dudit véhicule et vérifier ainsi auprès de lui si les pièces appartiennent bien à ce véhicule ou si elles ont été ponctionnées sur un véhicule volé. Inversement, les policiers pourront informer utilement ARGOS sur des véhicules volés et retrouvés en France ou à l’étranger, voire permettre au GIE d’avoir accès ou d’échanger des informations relatives à d’autres biens volés…
Depuis 2010, ARGOS forme en moyenne 1 000 à 1 200 gendarmes et policiers, principalement de la DCSP. La convention permet d’étendre les actions de formation à toutes les directions de la Police nationale, particulièrement en matière de détection et d’identification des véhicules volés et/ou maquillés, ainsi que d’autres biens volés. ARGOS met également des personnels et des moyens à la disposition des directions opérationnelles de la DGPN, notamment des spécialistes, nantis d’une connaissance automobile fine, qui interviennent régulièrement en appui des enquêteurs, tant dans le cadre judiciaire que dans le cadre de contrôles routiers.
Les services et échanges d’informations sont délivrés à titre gratuit, la DGPN luttant ainsi plus efficacement contre cette délinquance et les assureurs voyant une réduction de leurs dommages en récupérant in fine les biens assurés, volés et indemnisés.
Détaché au sein d’ARGOS, un commissaire divisionnaire (voir interview) voit enfin son rôle clairement affirmé, notamment en matière de respect des conditions d’échanges d’informations et d’assistance.
Civique : Quel est votre rôle au sein du GIE ARGOS ?
Daniel Hazdaï : Faciliter la collaboration entre les services de police et de gendarmerie et le GiE ARGOS en expliquant la mission, l’importance de l’intervention de chacun et en apportant des services et des outils aux forces de l’ordre pour les rendre plus efficaces dans la lutte contre cette criminalité. Il y a quinze ans en France, 320 000 véhicules étaient volés et 80 000 à 85 000 jamais retrouvés. Depuis 2010, les vols oscillent autour de 160 000 véhicules pour 80 000-85 000 véhicules jamais retrouvés. Tout ce qui peut contribuer à réduire cet écart pour permettre aux assureurs de recouvrer les biens et aux forces de l’ordre de retrouver les auteurs de ces trafics va dans le bon sens. Cette criminalité coûte à la société près de 13 milliards d’euros par an !
Civique : Quelle est la plus-value de cette convention pour la DGPN ?
Daniel Hazdaï : ARGOS met à sa disposition des outils et services permettant d’identifier un nombre important de biens volés. Parmi ceux-ci, les bases de données sont alimentées par différentes sources : les assureurs, avec des informations sur les biens concernés ; les graveurs, en centralisant toutes les données de gravage de véhicules ; ou encore les données spécifiques des constructeurs. Sans compter le réseau tissé à l’international par ARGOS, qui alimente et complète ces données. c’est la confrontation des informations contenues dans ces bases de données et le travail des forces de police sur le terrain qui permettent l’identification des biens volés. Autre exemple : avec son département « biens du patrimoine », ARGOS dispose d’une base miroir du fichier Treima de l’office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), et effectue des recherches sur le web des objets mis en vente de manière publique. Il fait la captation des images et des informations en ligne, opère des comparaisons avec sa base de données et transmet les éléments à l’OCBC qui poursuit ensuite les investigations.
Civique : Quelle est votre opinion sur ces partenariats entre public et privé autour de thématiques précises ?
Daniel Hazdaï : Je suis convaincu de leur efficacité. le privé peut mettre en jeu des moyens supplémentaires qui viennent renforcer l’action globale. Les menaces sont multiples, les intérêts considérables, les moyens à mettre en œuvre coûteux. Tout converge donc pour que public et privé collaborent de la sorte. ce n’est pas la vocation d’un policier ou d’un gendarme d’être un spécialiste de l’automobile, d’où la plus-value de l’action d’un groupement comme ARGOS. Ces collaborations sont promises à un bel avenir car tout le monde est gagnant.