Première préfecture à s'engager dans le dispositif du service civique, la Seine-Saint-Denis embauche douze jeunes volontaires, issus pour la plupart des quartiers défavorisés, sur des missions d'accueil et de soutien aux usagers.
Ils sont reconnaissables au premier coup d'oeil. Vêtus d'un gilet rouge, entreprenants autant qu'à l'écoute, ils parcourent les files d'attente de la préfecture de Bobigny et des sous-préfectures du Raincy et de Saint-Denis, orientant les usagers, vérifiant leurs dossiers, les aidant à lire et à remplir les formulaires… Douze jeunes, issus pour la plupart des quartiers défavorisés du département, ont ainsi été embauchés par la préfecture de Seine-Saint-Denis dans le cadre du service civique. "La mission que nous proposons à ces jeunes volontaires relève de l'intérêt général tout en les accompagnant dans leurs projets personnels, leur permettant ainsi de gagner en conscience citoyenne, compétence et expérience", se félicite Éric Spitz, secrétaire général de cette préfecture, première – et seule pour l'instant – à s'être engagée dans ce dispositif. "Cette mission, qui s'inscrit dans un véritable projet d'accueil tout au long de la période d'embauche, permet d'expérimenter de nouveaux projets au service de la population, de démultiplier l'impact d'actions existantes en touchant davantage de bénéficiaires, enfin de renforcer la qualité du service déjà rendu par les agents." La préfecture de Seine-Saint-Denis a été agréée par l'agence du service civique pour recevoir ces douze jeunes recrutés depuis le 12 mars dernier et dont les premiers contrats expireront le 9 novembre.
Plusieurs missions ont été confiées à ces volontaires. "À Bobigny et à Saint-Denis, nos jeunes du service civique assurent la médiation sociale et l'accompagnement des ressortissants étrangers dans leurs démarches, explique Hélène Hess, directrice des ressources humaines, du budget et de l'immobilier de la préfecture. Ils orientent ainsi les usagers dans les différents espaces d'attente, ils rassurent le public et sont à l'écoute de ses incompréhensions ou de ses insatisfactions ; ils aident aussi les personnes à mobilité réduite dans leurs déplacements." Formés aux rudiments des procédures administratives, ils vérifient également les pièces des dossiers avant leur dépôt par les usagers, ils aident à lire et à remplir les formulaires ou encore participent, sur site, à l'affichage spécifique d'aide à la constitution des dossiers. "Au-delà, ces jeunes développent aussi des liens avec les partenaires des services de l'État, telles que les associations ou les mairies, pour lesquelles ils relaient les informations des services CNI/passeports".
Au Raincy, une mission de prévention est également confiée aux jeunes volontaires affectés dans cette sous-préfecture. "Bénéficiant d'une formation spécifique prévention et secours civique de niveau 1 [PSC1], ils participent à la réflexion sur la mise en place de défibrillateurs dans les locaux de la sous-préfecture et sont également chargés de mettre en place une organisation destinée aux situations d'urgence, accidents médicaux bénins ou graves", explique encore Hélène Hess.
En définitive, les tâches confiées aux jeunes du service civique sont donc complémentaires de l'action des agents de l'État : "Leurs missions doivent être distinctes des activités quotidiennes des services", prévient Éric Spitz, qui rappelle que l'action des volontaires "ne doit pas être indispensable au fonctionnement courant du service". En effet, ils ne peuvent pas exercer des tâches administratives ou logistiques liées au fonctionnement de la structure, pas plus que leurs missions ne peuvent avoir été exercées par un agent de la structure moins d'un an avant. "À la différence d'un contrat de travail, le volontaire n'est pas subordonné au service qui l'accueille : le contrat de service civique organise une collaboration exclusive de tout lien de subordination."
Chaque jeune est accompagné dans sa démarche par un tuteur, agent de la préfecture ou des sous-préfectures. "Il est le référent principal du volontaire et l'accompagne dans son parcours tout au long de sa mission, explique la DRH de la préfecture. Il rend compte régulièrement de l'activité du volontaire et de l'avancée du projet. Seule la motivation a guidé le choix des tuteurs et aucun grade n'a été privilégié." Les jeunes du service civique ont suivi plusieurs modules de formation (élections, information stagiaires, premiers secours) et ont également bénéficié de l'aide du conseiller mobilité-carrière de la préfecture dans la rédaction de leur CV et de leurs lettres de motivation ou encore dans leur recherche d'emploi dans la Fonction publique. "Nos assistantes sociales ont été amenées à aider les volontaires rencontrant des difficultés d'ordre personnel, que ce soit en matière de santé ou pour des problèmes financiers ou de logement", se félicite Hélène Hess qui précise que chacun des jeunes perçoit le versement d'une indemnité de 400 euros par l'Agence du service civique et d'un soutien complémentaire de 100 euros pris en charge par la préfecture.
"L'expérimentation du service civique en préfecture est globalement positive, se réjouit Éric Spitz. Avec l'acquisition de nouvelles connaissances, les jeunes bénéficient d'une première expérience professionnelle qui peut être valorisée ; ils bénéficient également d'un accompagnement vers l'emploi. Bref, nous constatons chez eux un véritable regain de confiance." La préfecture et les sous-préfectures tirent également profit de cette expérience : "La qualité de l'accueil des usagers s'est améliorée et donne une image plus positive des services », reconnaît Hélène Hess.
Fort de ce constat, le secrétaire général de la préfecture a d'ores et déjà lancé une nouvelle campagne de recrutement pour laquelle il souhaite appliquer un certain nombre d'enseignements tirés de cette première expérience. "Compte tenu des missions confiées aux volontaires, qui supposent la compréhension des procédures et des circuits de délivrance des titres, nous privilégierons le niveau baccalauréat. Côté recrutement, nous allons associer davantage les services accueillant les volontaires et renforcer la professionnalisation et la reconnaissance professionnelle des tuteurs par l'augmentation de leurs primes ou par l'avancement au choix." Les futures recrues, que le secrétaire général souhaite plus nombreuses, seront également accompagnées par le conseiller mobilité-carrière de la préfecture dès leur embauche. Car cet accompagnement a fait ses preuves : sur les douze premiers volontaires, deux ont d'ores et déjà trouvé un emploi.