Le ministère de l’Intérieur a initié de nombreuses actions afin de promouvoir la diversité et renforcer l’égalité des chances. Outre les dispositifs nationaux, de nombreuses initiatives moins connues ont été prises dans les régions. Xavier Dupont, directeur de projet « Égalité des chances » auprès du secrétaire général du ministère de l’Intérieur, a recensé ces démarches réalisées en préfectures.
La plupart des actions prises localement concernent l’accès des populations des quartiers défavorisés au monde du travail. Certaines d’entre elles sont même à destination des plus jeunes, à l’image du tutorat lancé par la préfecture de la Haute-Vienne pour des élèves de 3e en situation de risque de décrochage scolaire. Les tuteurs appartiennent à un club d’entreprises mis en place avec le soutien de la préfecture et la fondation Face. Les élèves de collèges des quartiers de la politique de la Ville participent à une session collective de quatre jours au cours de laquelle ils rencontrent leur binôme, un chef d’entreprise ou un cadre. Le dispositif comprend également des rencontres mensuelles en entreprise et des stages de découverte « métier » et « entreprise » organisés par les tuteurs.
Dans l’Yonne, la sous-préfecture d’Avallon a mis en place un « comité local école-entreprise », avec la mission locale, Pôle Emploi, le rectorat, les établissements scolaires, les collectivités locales et les chambres consulaires, comité chargé notamment de suivre des élèves en situation de décrochage scolaire et de les prendre en charge dans le cadre d’un parcours professionnel ou au sein d’une entreprise.
Dans les Vosges, c’est l’ensemble des services de l’État qui a été sollicité pour offrir des stages de qualité en entreprise à des collégiens issus de quartiers difficiles qui n’ont pu en trouver.
La préfecture du Rhône, quant à elle, a lancé l’opération « SOS stage », en partenariat avec le rectorat, le Medef et la fondation Face. Une initiative qui permet à des jeunes issus de quartiers défavorisés de trouver des stages correspondant à leur parcours de formation, et de bénéficier d’un accompagnement lors d’ateliers de « savoir-être ».
D’autres initiatives ont pour objectif de favoriser le rapprochement entre demandeurs d’emploi et recruteurs. La préfecture du Doubs organise ainsi, deux fois par an, des speed-dating pour l’embauche au cœur des quartiers prioritaires. Cette opération, organisée avec une trentaine d’employeurs, attire chaque année six cents demandeurs d’emploi.
En Haute-Vienne a été lancée une opération de parrainage de demandeurs d’emploi issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville et appartenant majoritairement à des « minorités visibles ». Ce parrainage par des chefs ou des cadres d’entreprise permet une insertion professionnelle rapide pour un coût assez faible. Sur vingt personnes concernées en 2012, onze ont trouvé un emploi ou une formation.
Certaines préfectures ont même décidé d’offrir du travail à ces jeunes, comme la préfecture de la Loire, qui recrute chaque année plusieurs dizaines de vacataires sélectionnés par la mission locale, pour des missions de courte durée, afin de renforcer leur « employabilité ». Le haut-commissariat de la Polynésie, s’appuyant sur la possibilité de recruter des contrats de droit privé, offre chaque année, de son côté, un CDD à vingt jeunes issus de milieux défavorisés. La plupart d’entre eux réussissent un concours de la fonction publique à l’issue de ce contrat.
L’État porte également une attention particulière aux dispositifs d’insertion et d’aide à l’emploi. Un partenariat entre l’État et le Territoire de la Polynésie a ainsi été engagé pour l’embauche, à mi-temps, de jeunes « très précaires » sur des « chantiers de développement local ».
D’autres mesures originales ont également été prises, comme celle mise en place par la préfecture de région Poitou-Charentes, qui propose une « allocation pour la diversité dans la fonction publique » de 2 000 euros attribuée par le préfet de région, et qui permet aux personnes sans ressources de préparer dans de meilleures conditions les concours de la fonction publique. Ou encore celle de la préfecture de la Marne, préfecture de la région Champagne-Ardenne, qui, dans le cadre de son projet de service, a décidé de s’engager en faveur de l’égalité professionnelle et d’obtenir le label Égalité. Un groupe de travail de seize personnes volontaires a été créé et la préfecture pense obtenir le label fin 2013.
Certaines actions concernent bien entendu le handicap, à l’image du partenariat engagé par la préfecture des Bouches-du-Rhône avec une association de suivi des travailleurs handicapés (CAP emploi), afin de favoriser leur accès aux emplois publics, ainsi qu’un accompagnement lors de la prise de poste.
Certains services ont décidé de monter des opérations plus inattendues. Ainsi, dans les Côtes-d’Armor, la préfecture a monté un partenariat original avec deux associations et un centre spécialisé qui proposent des séances de gymnastique douce aux femmes victimes de violence, notamment d’origine étrangère, afin de restaurer leur confiance et d’entamer, par le sport, un parcours de resocialisation. La préfecture du Gard a organisé une « semaine du “vivre ensemble” », qui mobilise les associations et les personnalités du département autour d’une centaine de manifestations sportives, culturelles, amicales et humanitaires, sur le thème de la fraternité et du “vivre ensemble”. Enfin, la préfecture du Rhône a organisé une exposition itinérante d’un artiste-photographe qui présente, avec humour, des personnes ayant réussi dans les quartiers « sensibles ».