Les vingt pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie (PSPG) ont été créés et entraînés pour faire face à une menace terroriste contre les centres nucléaires de production d'électricité. En marge de cette mission principale et prioritaire, ces unités d'intervention apportent leur concours lors de missions de police judiciaire et administrative.
Les pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie (PSPG) ont été expérimentés en 2008. L'année suivante, une convention entre l'exploitant des centres nucléaires de production d'électricité (CNPE), EDF et la gendarmerie a été signée, avalisant ce dispositif. Ces unités, aujourd'hui au nombre de vingt, sont un maillon clé du dispositif de protection des centrales françaises. Le plan en mesure de faire face gouvernemental NRBC de 2010 les conforte d'ailleurs au rang d'unités de contre-terrorisme.
Installés àproximité immédiate des centrales nucléaires, leurs militaires ont pour mission principale de les protéger. Ils doivent être en mesure de faire face à un commando lourdement armé et déterminé à mettre le site en péril. Outre la prévention des actes terroristes et des tentatives de sabotage, ils luttent contre les actes malveillants, comme les intrusions ou les vols de matière nucléaire. La sécurité passive sur le CNPE et ses alentours est de la responsabilité d'EDF. En cas d'intrusion ou de suspicion, les personnels de la protection de site alertent les militaires du PSPG présents en permanence et en mesure d'intervenir dans les meilleurs délais. Quand ils ne sont pas en intervention, les gendarmes entretiennent leur condition physique, perfectionnent leurs connaissances techniques, renseignent le dossier d'objectif de la centrale et renforcent leurs liens avec les différents personnels. La recherche de renseignement active est également un élément primordial afin de "prévenir et anticiper". Outre les canaux officiels, les gendarmes ont tissé un véritable réseau d'alerte.
« Dès leur arrivée, les gendarmes ont mis en évidence les fragilités dans la protection du site. À chaque problème, ils apportaient des propositions de solutions. Nous sommes dès lors entrés dans une logique intégrant cette dimension sécuritaire, qui n'avait pas été prise en compte lors de la construction de la centrale, note par exemple Thierry Schall, directeur du CNPE de Chinon. Le fait que les gendarmes assurent une présence permanente sur le site, qu'ils s'y entraînent, qu'ils rencontrent les équipes, qu'ils connaissent les installations parfois mieux que nous a contribué à une meilleure compréhension des enjeux de sécurité. Avec les PSPG, nous avons trouvé une réponse robuste. »
Le GIGN forme les gendarmes du PSPG aux pratiques d'intervention en milieu à risques. Une instruction régulière leur est donnée au niveau technique, mais également en matière de commandement et de gestion de crise face à une attaque terroriste ou potentiellement terroriste. « Cette architecture permet de tendre vers une homogénéité des procédures en cas d'engagement conjoint et de garantir l'interopérabilité des unités », précise le colonel Benoît F., du GIGN. Les militaires du PSPG peuvent en effet être amenés à préparer l'intervention du GIGN selon les modalités du groupe, voire même à agir de façon concourante avec lui. Le GIGN exerce par ailleurs un contrôle opérationnel sur les PSPG. « Lors de chaque engagement duPSPG en mission de police judiciaire ou administrative, l'officier du PSPG appelle l'officier de seconde alerte du GIGN pour une évaluation de la situation et la validation du dispositif opérationnel. En cas de déclenchement d'un code orange, a fortiori rouge sur le CNPE, c'est-à-dire suspicion ou intrusion, le commandant du PSPG appelle l'officier de première alerte pour l'informer de la menace et des premières mesures prises », poursuit l'officier du GIGN. Si la mission est de son niveau, le PSPG s'engagera en propre. « En cas de crise majeure, c'est l'ensemble de la chaîne de contre-terrorisme nucléaire, du PSPG au GIGN, en intégrant les PI2G, qui est en capacité d'agir sous le contrôle opérationnel du GIGN. Ils disposent d'outils communs et de procédures homogènes régulièrement testées et validées à l'occasion d'exercices ou d'entraînements. »
Aux interventions sur les CNPE se greffent des missions de maintien en condition opérationnelle contractuali sées avec l'opérateur. « Les PSPG ont été créés, formés et entraînés pour faire face à une menace terroriste. Ils sont exclusivement dédiés à la sécurité de la centrale. Toutefois, une mise en situation réelle régulière est nécessaire pour garantir une efficacité optimale. Ces unités de contre-terrorisme doivent donc pouvoir travailler sur un spectre de missions en lien avec leur mission prioritaire, explique la capitaine Delphine V., de la Section défense sécurité intérieure du Bureau défense et sécurité nationale. Ces missions doivent satisfaire à trois prin cipes de base. Il faut maintenir en permanence un certain nombre de personnels sur le site. La mission annexe doit être réversible, de sorte que les militaires du PSPG soient en mesure de rapidement revenir sur la centrale. Enfin, leur rayon d'action est défini avec l'opérateur en termes de contrainte horaire. »