L'exercice majeur séisme 2013 - 26 Février

Un important séisme d'une magnitude de 8,0 sur l'échelle ouverte de Richter frappe la Guadeloupe en son cœur. Son épicentre se situe à 50 km au nord de l'île de la Désirade. Immédiatement, les pouvoirs publics mettent tout en œuvre pour venir en aide à la population ; sécurité civile, SAMU, hôpitaux et associations de protection civile se mobilisent pour assurer les secours, la Police et la Gendarmerie nationales assurant de leur côté la sécurité et le maintien de l'ordre. Le préfet de Région active sur place le plan ORSEC (organisation des secours). À 12h30, le Premier ministre active le centre interministériel de crise (CIC) à Beauvau et confie la gestion de la crise au ministre de l'Intérieur. Rapidement, les acteurs des trois cellules (décision, situation et communication) se rendent dans les sous-sols du ministère pour apporter réponse et coordination interministérielle à cette catastrophe. Ils sont issus de tous horizons : services du Premier ministre, de l'Intérieur (gendarmerie, police, sécurité civile et secrétariat général), de la Défense, des Affaires étrangères, de l'Éducation nationale, de la Justice, de l'Économie et des Finances, des Affaires sociales, de l'Écologie, des transports, de la Culture, de l'Agriculture, de l'Outremer, etc.

L'urgence est évidente, la tension palpable. Les premiers bilans provisoires humains, matériels et sanitaires laissent envisager une situation d'extrême urgence avec plus d'un millier de victimes, autant de blessés et de disparus, une menace permanente de répliques, des moyens de communication inutilisables... Le CIC Beauvau prend alors toute son ampleur : la cellule décision coordonne et gère les moyens de secours et d'assistance nationaux et internationaux, la cellule situation anticipe les moyens capacitaires en réponse à la crise, alors que la cellule communication organise la communication de crise, gère la pression médias et combat la rumeur sur les réseaux sociaux.

Situé au plus près de l'exécutif, le centre interministériel de crise assure ainsi une coordination efficace des moyens de l'État face à une crise ou une menace de grande ampleur. Son organisation spécifique permet au ministre de l'Intérieur, pilote de l'action gouvernementale dans ces circonstances, de disposer rapidement d'une image précise de la situation, assurant l'information des plus hautes autorités de l'État et la conduite d'une réponse opérationnelle. L'organisation régulière de tels exercices permet de tester le fonctionnement des services, la fluidité dans les échanges d'information, la coordination des moyens de terrain et de décision ou encore la réactivité des différents acteurs.

Quinze jours plus tard, face aux conséquences engendrées par les fortes chutes de neige touchant l'Île-de-France, l'Ouest et le Nord, le CIC Beauvau se trouve de nouveau activé, mais cette fois-ci face à une crise réelle.

Épisode neigeux - 12 Mars

Depuis la veille au soir, des conditions climatiques extrêmes entraînent de fortes complications dans plusieurs régions françaises. Des chutes de neige atteignent en effet par endroits 50 cm ; elles sont aggravées par des vents forts qui créent des congères de 1,50 à 2 mètres. Les départements de la Manche et du Calvados sont placés en « vigilance rouge » par Météo France, 28 autres départements le sont en « vigilance orange » ; 2200 « naufragés de la route » seront recensés sur l'ensemble du territoire au cours de la nuit et en ce matin du 12 mars. Dans la Manche, près de 725 d'entre eux sont hébergés dans des salles publiques, tandis qu'une centaine d'autres demeurent difficilement accessibles. Près de 80 000 foyers sont privés d'électricité. Impraticables, les autoroutes A29, A16, Al et A28, mais aussi de nombreuses routes nationales ou secondaires, sont fermées à toute circulation. Du côté des transports ferroviaires, des grandes lignes sont fortement perturbées : Thalys et Eurostar sont suspendus, des lignes de l'Ouest du territoire sont coupées, de nombreuses autres sont fortement impactées. Il en va de même pour les transports en commun d'île-de-France, très perturbés sur l'intégralité des lignes régionales et du RER.

La multiplication des incidents, la nécessité d'intervenir en urgence et la menace d'un prolongement dans le temps de ces conditions difficiles, provoquent donc à 10 heures l'activation du centre interministériel de crise par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, lequel préside en personne la première réunion de la cellule décision avec à ses côtés le ministre de l'Intérieur. Les principaux ministères concernés (Intérieur, Transports, Défense) délèguent en urgence des représentants sur place. Frédéric Cuvillier, ministre délégué aux transports, à la mer et à la pêche, et Delphine Batho, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie ont aussi participé avec Manuel Valls à des réunions de la cellule de décision.

Les équipes, rodées, œuvrent de concert pour faire face. À l'articulation des niveaux politique et opérationnel, la cellule décision coordonne les moyens à disposition, décide ou formule des propositions au Premier ministre et au ministre de l'Intérieur. La cellule situation intègre les flux d'informations montés du terrain, dresse régulièrement des photographies précises de l'événement sur l'état des perturbations rencontrées dans les transports routiers, ferroviaires ou aériens, sur les télécommunications, l'énergie, les capacités de renforts humains et matériels, anticipe également l'éventuel déroulement futur de la crise. La cellule communication, placée sous la conduite du délégué à l'information et à la communication (DICOM) et du porte-parole du ministère de l'Intérieur, délivre consignes et préconisations comportementales au travers des communiqués de presse, rassure la population via des tweets et lutte contre les éventuelles rumeurs sur les réseaux sociaux, prépare des éléments de langage pour le ministre de l'Intérieur qui fait régulièrement des points presse organisés dans le centre de crise. Une organisation précise mise en place dans les trois cellules, permettant notamment une rotation des différents personnels, assure ainsi la continuité dans la durée de l'action de l'État. Tout au long de la crise de l'épisode neigeux, l'ensemble des acteurs du CIC Beauvau ont pu prendre la mesure de l'importance et de la nécessité de participer régulièrement à des exercices de gestion de crise, pour agir ensemble, le plus efficacement possible, une fois confronté à une réelle crise majeure.