La lutte contre le racisme et l'antisémitisme a pris un nouveau tournant le 26 février dernier avec le renforcement du plan national d'action 2012-2014. Le préfet Régis Guyot est chargé avec son équipe de veiller à son application et à la coordination interministérielle de cette politique.
Régis Guyot a pris ses fonctions de délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (DILCRA) le 23 mars 2012. « Cette fonction a été créée afin de répondre à l'engagement d'élaborer un plan global de lutte contre le racisme et l'antisémitisme pris par la France devant le Conseil des droits de l'homme en 2008, puis devant le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU en 2010 », rappelle Régis Guyot.
Devenue une priorité nationale en raison de la multiplication par cinq en vingt ans du nombre de faits racistes et antisémites, la lutte contre toute forme de racisme, d'antisémitisme et de xénophobie et les moyens que l'on se donne pour la mener constituent également un message fort pour la communauté internationale. « Au sein des instances internationales, la France fait l'objet d'une attention toute particulière en matière de droits de l'homme. Toutes les décisions qu'elle prend sur cette question et les actions qu'elle initie sont attendues et scrutées. J'ai pu le mesurer lors de l'examen périodique universel de la France devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève en janvier dernier. »
En tant que délégué interministériel, Régis Guyot a pour mission de suivre l'application du plan national d'action contre le racisme et l'antisémitisme 2012-2014, « préparé par le ministère de l'Intérieur en concertation avec les autres ministères ». Approuvé par le gouvernement en février 2012, ce plan constituait « un excellent inventaire regroupant, ce qui n'avait jamais été fait, les mesures prises par les différents ministères. Il manquait cependant une vision stratégique reposant sur l'interministérialité ».
Régis Guyot a donc souhaité, dans un premier temps, s'entourer d'une équipe restreinte, chargée de coordonner l'action administrative et d'impulser les initiatives partenariales. Claudine Tsiklitiras-Caron, ancienne responsable du service formation de la préfecture de police, a ainsi rejoint la DILCRA, tout comme Marc-André Ganibenq, ancien sous-directeur des libertés publiques à la DLPAJ, Cédric Loescher, venu de la préfecture des Yvelines, et Christian Margaria, précédemment conseiller spécial pour la formation et l'enseignement supérieur auprès du commissaire à la Diversité et à l'Égalité des chances. Un magistrat et un expert des questions de diversité en entreprise devraient prochainement compléter l'équipe.
« Nos premières réflexions ont porté sur la nature des actions prévues dans le plan 2012-2014, qui ne prenaient pas suffisamment en compte la question de la formation et du développement des préjugés et des stéréotypes. »
L'autre problème relevé par la DILCRA concernait la discontinuité de l'action de l'État en la matière. Créé par décret en 2003, le Comité interministériel de lutte contre le racisme et l'antisémitisme (CILRA), instance principale de réflexion et de décision pour cette politique et qui regroupe, autour du chef du gouvernement, les ministres concernés, avait été réunie de façon irrégulière. « Ce manque de régularité ne permettait pas au Premier ministre de procéder à une évaluation de l'action menée sur la base des programmes engagés. » Réunissant le CILRA le 26 février dernier, le Premier ministre a d'ores et déjà annoncé que le comité serait convoqué chaque année pour « évaluer les résultats et décider, si nécessaire, de nouvelles impulsions ».
À l'occasion de ce comité interministériel, Régis Guyot a dressé un premier bilan de la mise en place des mesures du plan 2012-2014. « Huit d'entre elles ont été exécutées et deux sont en cours de réalisation. » Souhaitant aller plus loin en matière d'éducation et de formation, le comité interministériel a également décidé, sur la base des travaux du délégué interministériel, de renforcer ce plan par un programme complémentaire ciblant plus particulièrement la formation des préjugés.
Pour s'assurer de la bonne application du plan, Régis Guyot peut désormais s'appuyer sur une architecture garantissant une meilleure transversalité de l'action gouvernementale. « J'ai obtenu du Premier ministre que chaque membre du gouvernement concerné désigne au sein de son cabinet un correspondant attitré. Chaque ministre a également nommé un représentant d'un service de son ministère pour intégrer le groupe opérationnel de suivi que j'anime, chargé de faire le point régulier sur la mise en œuvre du programme. » Le délégué s'attachera également à encourager l'action locale. « J'accorderai une attention particulière à l'action territoriale. J'ai entamé une série de déplacements dans les départements les plus concernés par les actes racistes et antisémites, afin d'y rencontrer les préfets et d'envisager notamment les moyens d'améliorer l'action des commissions pour la promotion de l'égalité des chances et la citoyenneté (COPEC) »