L'intervention française au Mali - L'Intérieur doublement concerné

L'intervention française au Mali © MI/SirpaG/F.Balsamo

L'Intérieur est concerné à double titre par les événements du Mali. Sur le terrain, avec la présence physique de gendarmes et l'action du service de sécurité intérieure de l'ambassade; en France, avec l'installation d'une cellule ministérielle chargée du suivi de la situation à Beauvau et le renforcement de Vigipirate.


Depuis le 11 janvier, la France intervient militairement aux côtés de l'armée malienne et de ses alliés africains pour stopper l'avancée déterminée des forces terroristes qui menaçaient l'intégrité du Mali, la sécurité et la stabilité de toute une région, et les intérêts français et européens en Afrique de l'Ouest. Pour renforcer la sécurité de l'ambassadeur et des emprises diplomatiques françaises, assurée jusque-là par une dizaine de gendarmes déjà présents au Mali au titre de la sécurité des ambassades et de la coopération militaire technique, mais aussi pour assurer la sécurité des ressortissants et des intérêts français, une dizaine de gendarmes de la Force sécurité protection (FSP) du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) sont déployés depuis le 13 janvier à l'ambassade de France à Bamako. Ils sont épaulés par un peloton d'une vingtaine de gendarmes mobiles arrivés en même temps, soit une quarantaine de militaires.

En France, face aux déclarations des représentants du mouvement djihadiste de la zone menaçant directement la France, le président de la République a demandé, le 12 janvier, au Premier ministre, Jean- Marc Ayrault, d'adapter le plan Vigipirate sur le territoire national. Depuis 2005 et les attentats de Londres, le plan Vigipirate se trouvait déjà au niveau rouge, ce qui impliquait une mobilisation soutenue des moyens de l'État. Il est maintenu à ce niveau, mais prend en compte le renforcement de certains dispositifs visant notamment la surveillance des transports terrestres et aériens, en particulier en lien avec les pays à risques, et à la protection de sites sensibles (militaires, cultuels, diplomatiques), et des lieux de grande fréquentation. Les patrouilles dans les lieux publics, les contrôles et les fouilles à l'entrée des bâtiments et aéroports ont ainsi été durcis. "Le plan Vigipirate est un dispositif que nous adaptons en permanence selon les situations et les éventuelles menaces, déclarait Manuel Valls à la presse le 14 janvier. Ce n'est pas en cédant aux terroristes que l'on diminue la menace, qui, je le rappelle, n 'est pas nouvelle."

Vigipirate police

 Dans ce cadre, les services de renseignement ont renforcé leurs activités. L'ensemble des moyens du ministère a donc été mobilisé. Manuel Valls a salué leur réactivité, et a, dès le 12 janvier, donné des instructions aux préfets, leur demandant de veiller à leur mise en œuvre en lien étroit avec les élus locaux.

Dans le même temps, une cellule ministérielle chargée du suivi de la situation et pilotée par le cabinet du ministre a été installée place Beauvau . Elle compte des représentants du cabinet du ministre, de la veille opérationnelle de la direction générale de la Police nationale, de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), de l'UCLAT, de la sous-direction de l'ordre public de la direction générale de la Gendarmerie nationale, de la direction de la coopération internationale (DCI), de la DGSCGC, ainsi que du Haut fonctionnaire de défense et du porte-parole du ministère.

C'est vers la DCI que convergent en effet les informa-tions transmises par le service de sécurité intérieure (SSI) implanté à Bamako au Mali et par tous les SSI de la zone Sahel élargie ainsi que par ceux qui sont implantés dans d'autres pays susceptibles de subir également des répercussions au plan sécuritaire (dix- neuf pays sont concernés). Le SSI de Bamako relaie toutes les informations sur les mesures de sécurité concernant les ressortissants français et les menaces éventuelles qui pourraient peser sur les intérêts français au Mali comme en France. Ces informations transitent par la permanence H24 de la DCI et convergent ensuite vers son représentant au sein de la cellule ministérielle.

Au-delà du ministère de l'Intérieur, la mobilisation pour la sécurité intérieure concerne d'autres acteurs; les forces du ministère de la Défense, participant à Vigipirate, et des opérateurs tels que la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), la RATP, la SNCF ou encore Aéroports de Paris (ADP) ont accru leur vigilance.