Pour contrôler et valider l'emploi des équipements et des matériels de leurs services opérationnels, la Police et la Gendarmerie nationales disposent d'un centre mutualisé de recherche, d'expertise et d'appui logistique, le CREAL.
Kits salivaires, munitions, vitres blindées, gilets pare-balles…, aucun matériel utilisé par les forces de l'ordre dans l'exercice de leurs missions opérationnelles de sécurité n'est mis en service sans avoir été testé et approuvé par les techniciens du centre de recherche, d'expertise et d'appui logistique (CREAL). Codirigé par les sous-directions de l'équipement et de la logistique de la Police et de la Gendarmerie nationales, le CREAL est une structure légère d'experts scientifiques qui effectue principalement de la recherche appliquée afin de fournir aux unités opérationnelles les éléments contribuant au développement des matériels utilisés dans le cadre de leurs missions.
"Le CREAL assure pour le compte des directions générales de la Police et de la Gendarmerie nationales, ainsi que pour leurs services "métier", une veille technologique afin de discerner et de retenir des solutions scientifiques et techniques adaptées à leurs domaines d'application, explique le chef du centre, Olivier L.. Disposant de moyens d'analyse et de mesures performants, s'appuyant sur les compétences scientifiques de ses ingénieurs et techniciens, le CREAL développe son activité selon quatre axes prioritaires : la lutte contre la délinquance, la lutte contre l'insécurité routière, la lutte contre les menaces terroristes et la criminalité organisée et, enfin, dans le domaine du déploiement et de l'emploi des moyens techniques."
En matière de lutte contre la délinquance, et afin de répondre aux besoins des services opérationnels de la police et de la gendarmerie confrontés aux violences de voie publique, le CREAL porte ses efforts sur la protection individuelle et collective des personnels. "Nous développons des projets innovants pour ce qui concerne notamment le renforcement de la protection des véhicules de police, comme le blindage, le vitrage et le renforcement des toits, détaille le capitaine Antoine L., adjoint au chef du centre. Nous les testons au moyen de procédures intégrant les derniers progrès de la technologie, la fiabilité des matériels individuels de protection, et en définissant les spécificités toujours plus exigeantes des futurs équipements."
Le CREAL participe également à l'achat public en définissant les spécificités techniques des matériels faisant l'objet de marchés publics portés par les sous-directions de l'équipement et de la logistique de la police et de la gendarmerie.
Ainsi, par exemple, pour le marché à venir des gilets pare-balles, le CREAL a accompagné le bureau de l'armement et des matériels techniques (BAMT) dans la rédaction du cahier des charges et effectuera la campagne d'essai dans le cadre de la sélection des matériels proposés. "L'appui logistique, le support technique et le contrôle constituent 70 % de notre activité", souligne encore Antoine L..
Le CREAL accomplit également une mission d'expertise concernant les doctrines d'emploi des matériels et des moyens techniques mis en oeuvre au sein des unités opérationnelles. Ainsi, par exemple, le centre a eu à se prononcer récemment sur la compatibilité électromagnétique du pistolet à impulsion électrique Taser X26 en milieu ferroviaire, où sont présentes d'importantes infrastructures électriques à haute tension. Il intervient également régulièrement en expertise sur la résistance des matériels à l'épreuve de projectiles ou d'attaques spécifiques. "Dans ce domaine du déploiement et de l'emploi des moyens techniques, le CREAL apporte un conseil d'expertise aux instances décisionnaires", ajoute le patron du centre.
Enfin, le CREAL mène des études nécessaires à la réalisation ou à la mise au point de certains équipements. "Cela peut être de la recherche et développement, de la veille technologique ou encore de la mise au point de procédés nouveaux, explique l'adjoint du centre. Mais c'est principalement de la recherche appliquée que nous réalisons, c'est-à-dire que nous essayons d'adapter des technologies existantes à nos propres besoins, soit pour augmenter l'efficacité de nos matériels, soit pour en réduire, ou tout du moins contrôler, les coûts de production." Dans le cadre de ces travaux de recherche, le CREAL s'associe avec des organismes reconnus pour leur force prospective comme la direction générale de l'armement (DGA), le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), le service de santé des armées, l'institut Saint-Louis ou encore des universités pour lesquelles il peut être amené à financer tel ou tel projet.
Dans le domaine de la recherche, le centre entretient également des partenariats internationaux avec les services spécialisés des polices européennes (Royaume-Uni, Belgique, Espagne, Finlande, Italie, Pays-Bas, Norvège). "Nous participons en particulier à des groupes de travail réunissant ces États et oeuvrant sur les problématiques de la protection individuelle et des moyens de force intermédiaires, ajoute Olivier L.. Les ingénieurs du CREAL, à l'occasion de colloques internationaux portant sur les solutions scientifiques apportées aux services de sécurité communiquent et publient bon nombre de leurs travaux." Regroupant une vingtaine d'agents, le CREAL, situé à quelques kilomètres de Paris, sur la commune du Chesnay dans les Yvelines, mais disposant aussi de plateaux techniques au fort de Rosny, se décline en quatre départements qui participent à l'ensemble de ses missions. Le département "physique des matériaux" est spécialisé dans la protection individuelle et collective des agents (blindages des véhicules, gilets pare-balles, etc.). Le département "chimie", quant à lui, participe à la lutte contre la menace terroriste et la criminalité organisée. Le domaine de compétence de ce département s'étend aussi à la lutte contre l'insécurité routière par la mise à disposition des services et unités opérationnels des moyens techniques évolués pour la détection et le dosage de produits stupéfiants.
Le département "balistique et moyens d'essai" est chargé des missions plus particulièrement liées à l'étude des armes, munitions, moyens de force intermédiaires et à leurs effets. Enfin, le département "textile", quant à lui, a vocation à l'étude des tissus et autres matières entrant dans la confection des effets d'habillement distribués aux services de police et aux unités de la gendarmerie. Véritable "laboratoire à idées" et banc d'essai technologique, le CREAL est donc aujourd'hui un élément incontournable dans le soutien logistique aux services opérationnels.