La devise républicaine revient sur les frontons mosellans

© MIOMCTI/DICOM/J.Beck

Sous l'impulsion du sous-préfet François Marzorati, les mairies de l'arrondissement de Thionville (Moselle) sont de plus en plus nombreuses à porter la devise républicaine. La plus récente étant la commune de Neufchef.


Parcourant pour la première fois son nouvel arrondissement de Th ionville, en Moselle, le sous-préfet François Marzorati s'est bien vite aperçu que les façades des hôtels de ville ne portaient que rarement les valeurs de la devise de la République française : liberté, égalité, fraternité. "La mairie est pourtant l'édifice public le plus connu de nos concitoyens et le lieu d'expression démocratique du suffrage universel", s'exclamait-il alors, et aujourd'hui encore.

Sans doute lui a-t-il fallu en comprendre la raison dans la connaissance plus fine de l'histoire locale. En effet, la devise révolutionnaire de 1793 [Le premier à avoir formulé cette devise fut Maximilien de Robespierre dans son "Discours sur l’organisation des gardes nationales" imprimé en décembre 1790] ne fut officialisée par la République qu'en 1880, la victoire des républicains aux élections de 1879 ayant marqué le retour en force et la consécration des principaux symboles de la République : restauration de La Marseillaise comme chant national, établissement du 14 juillet comme fête nationale et, donc, réinscription d'office de la devise ternaire au fronton des édifices publics. À partir de cette date, cette devise redevient alors, dans toute sa plénitude ou ses attributs, la devise officielle du régime ; elle figure en tête des lois, des documents administratifs et des correspondances des agents publics, sur les monnaies et médailles. Elle fait même l'objet de commentaires systématiques dans les manuels d'instruction civique [La devise « liberté, égalité, fraternité » (Michel Borgetto), PUF, 1997].  À cette époque, cependant, la terre mosellane connaissait l'annexion prussienne.

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"C'est encore évidemment les pages mouvementées des sombres années du XXe siècle qui n'ont sûrement pas rendu évidente la systématisation de cette expression symbolique de nos valeurs républicaines sur un établissement public", ajoute François Marzorati, qui se mit alors en devoir de réparer les torts de l'Histoire.

Mieux qu'une instruction officielle, ses réfl exions ici ou là incitent ainsi des élus à le suivre sur cette voie. Thionville a inauguré la devise républicaine sur le frontispice de l'hôtel de ville en juillet 2008, avant que d'autres communes n'emboîtent le pas, telles Florange ou Mondelange. À ce jour, près d'une  cinquantaine de communes sur cent cinq se sont réapproprié, sansaucun formalisme ou protocole, les valeurs de la  République en les affichant sur leurs mairies.

Le représentant de l'État, présent à chaque fois aux cérémonies d'inauguration de la trilogie, ne manque pas d'interroger population et élus sur ces trois valeurs. "Elles ne sont pas figées dans quelque définition encyclopédique, mais, comme la Vérité, elles se cherchent toujours dans notre monde en perpétuel mouvement avec des forces contraires. Elles demandent aussi une constante vigilance de la part de nos institutions et de nos consciences pour les défendre des attaques frontales ou sournoises. Finalement, la devise doit revivre et s'affirmer avec les préoccupations et enjeux du XXIe siècle", évoque-t-il. Chaque maire prend également soin de préparer un discours personnel de circonstance, enrichi de ses propres recherches et réflexions.

La sous-préfecture de Thionville, quant à elle, présente à l'entrée un blason tricolore unique portant la devise et possède trois arbres de la République plantés par des enfants d'une école élémentaire. Un premier geste d'enracinement citoyen !