Aujourd'hui, le trafic de médicaments connaît un véritable essor. Une activité criminelle contre laquelle se bat l'Union européenne.
Le trafic de médicaments contrefaits, très lucratif pour les criminels, est par ailleurs le plus meurtrier pour la population mondiale. En effet, chaque année, 200 000 personnes meurent des suites de traitements à base de faux antipaludéens en Afrique de l'Ouest. Cet exemple emblématique démontre les conséquences liées à un tel trafic, surtout sur les populations les plus vulnérables. Dans un même temps, les criminels engrangent des profits considérables. Les organisations internationales estiment leur chiffre d'affaires à 75 milliards de dollars par an.
Par ailleurs, selon l'Organisation mondiale de la santé, 30 % des pays n'ont aucune loi appropriée ou possèdent des dispositions normatives inadaptées. Lorsqu'une législation existe, les sanctions – pour la commercialisation de produits à pouvoirs toxiques dévastateurs – sont souvent équivalentes à celles appliquées pour la vente de DVD ou d'accessoires de mode contrefaits.
Face à ce fléau, l'UE s'engage. Sous l'égide du Collège européen de police et en partenariat avec l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, un récent séminaire organisé par l'OCLAESP avait pour objectif de faire un état des lieux sur les situations des législations en vigueur et à venir dans l'espace européen grâce aux interventions de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé – pour la partie française –, d'Europol et de la Commission européenne pour les États membres de l'UE. Un expert détaché au sein de la Commission, Christian T., a précisé la portée de la convention Médicrime, à savoir une harmonisation des législations en matière de trafic de médicaments ainsi qu'une coopération internationale accrue. Cette convention a été proposée, en novembre dernier, à la signature des États de l'UE ; elle a, immédiatement, été signée par la France.
De plus, les partenaires privés (Pfizer, Western Union, Price Minister) ont, quant à eux, présenté les possibilités de coordination dans la lutte contre les flux de produits illicites et le démantèlement des filières aussi bien sur un plan opérationnel que formatif. Les autres temps forts concernent les retours d'expérience des pays organisateurs. La France a présenté les problèmes liés au scandale des implants mammaires PIP, un détournement d'usage dans le cadre d'un trafic entre la France et l'Algérie (médicament antiépileptique utilisé comme un stupéfiant dans le pays de destination) et a expliqué les investigations sur internet dans le cadre de l'opération Pangéa IV menée en septembre 2011, sous l'égide d'Interpol, pour lutter contre les ventes illicites de médicaments en ligne.
L'Allemagne s'est intéressée à un trafic international de stéroïdes anabolisants. L'Espagne a développé un sujet portant sur le dopage sportif et les enquêtes relatives aux trafics de médicaments. Et l'Italie a souligné la valeur ajoutée de la convention Médicrime pour les services impliqués et dans le cadre des enquêtes.
L'OCLAESP
L'office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique a été créé suite au décret du 24 juin 2004. Il est chargé de plusieurs missions comme : animer et coordonner les investigations de police judiciaire, assister les enquêteurs ainsi que tous les ministères intéressés, observer et étudier les comportements les plus caractéristiques des auteurs et complices et centraliser les informations, participer dans ses domaines de compétence à des actions de formation et traiter les demandes d'assistances internationales et nationales par le biais des canaux de coopération policière comme Europol et Interpol.
Il est rattaché à la sous-direction de la police judiciaire de la direction générale de la Gendarmerie nationale.
Il se compose de cinquante-cinq personnels, gendarmes et policiers ainsi que de quatre conseillers techniques représentant les ministères de la Santé, de l'Environnement, de l'Agriculture et des Sports.