Deux à trois fois par an, sur la circonscription de la compagnie de gendarmerie départementale d'Évreux, une cinquantaine de douaniers et de gendarmes sont mobilisés pour des opérations coup-de-poing conjointes de lutte contre la délinquance et la contrefaçon.
L'opération dure environ cinq heures, pendant lesquelles l'un des principaux axes routiers de la périphérie d'Évreux est totalement fermé. Tous les véhicules qui s'y montrent sont dirigés par trois camions de fléchage de la direction interdépartementale des routes nord-ouest vers une aire de repos où tout un parcours est mis en place.
À l'entrée, un douanier et un gendarme sélectionnent les véhicules selon leurs critères propres et les orientent vers l'une ou l'autre des deux zones de contrôle. Un véhicule du peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie, doté du système Lapi, lit et analyse en temps réel l'ensemble des plaques d'immatriculation à l'entrée de l'aire. La première zone d'intervention permet les contrôles approfondis des fourgonnettes, voitures et motos, ainsi que des conducteurs ; des équipes cynophiles des deux institutions sont présentes. La deuxième zone sécurisée prend en charge les poids lourds, passés aux rayons X d'un camion scanner mobile des douanes (l'un des quatre disponibles sur le territoire français). Douaniers et gendarmes contrôlent également les papiers du véhicule, le permis de conduire et le respect des temps de conduite et de repos des chauffeurs. Enfin, d'importants moyens sont déployés pour éviter les fuites : des herses d'interception, l'hélicoptère EC135 de la gendarmerie, des militaires armés de pistolets mitrailleurs HK et de fusils à pompes, ainsi que des motocyclistes et des voitures banalisées sur les routes secondaires.
Lors de ces opérations, les gendarmes agissent sur réquisition du procureur de la République. Leurs objectifs : contrôler les flux pour intercepter les personnes recherchées, engranger du renseignement, relever diverses infractions au code de la route, mais, surtout, parvenir à arrêter en flagrant délit les auteurs de crimes ou de délits. "Même si ce dernier cas est rare", reconnaît le commandant Adrien V., commandant la compagnie de gendarmerie départementale d'Évreux tout en précisant que, en 2009, 4 kg de résine de cannabis avaient été interceptés dans deux véhicules en un quart d'heure. Dans tous les cas, la pression importante exercée sur le terrain dans le cadre de ce dispositif dissuasif s'inscrit dans une logique de visibilité et contribue à entretenir un "climat d'insécurité" chez les délinquants.
Côté douanes, la finalité du dispositif est double. D'une part, il s'agit de lutter contre la criminalité organisée (stupéfiants, tabac, contrefaçon et alcool) dans le fret routier, en contrôlant les poids lourds et véhicules en provenance de l'Europe du Sud et à destination des ports transmanche. D'autre part, il s'agit d'enrayer le trafic de stupéfiants et la petite contrefaçon en provenance de l'ouest de la région parisienne. "Ces opérations coup-de-poing entrent dans le cadre de nos plans grand trafic et lutte contre la délinquance", précise Renaldo P., chef du service douanier de la direction régionale de Rouen.
En satisfaisant les objectifs et besoins des uns et des autres, ces opérations conjointes permettent ainsi de lutter contre l'ensemble du spectre de la délinquance. "La présence des gendarmes nous permet de travailler dans un dispositif sécurisé, permettant de mettre en place des contrôles de qualité et de mutualiser nos différents moyens", explique Renaldo P.. Un sentiment partagé par le capitaine Adrien V. : "Le cumul des compétences constitue le principal intérêt de ces opérations. Tandis que les douaniers ont plus d'expérience pour repérer les produits stupéfiants cachés et les marchandises frauduleuses, les gendarmes disposent d'une meilleure connaissance du terrain et de la population et s'engagent en priorité dans la lutte contre les cambriolages, les vols divers et les recels."