Course d'orientation : Deux gendarmes en or

© MIOMCTI/Garde Républicaine/D. Groshens

L'équipe de France de course d'orientation, emmenée notamment par les gendarmes Thierry Gueorgiou et François Gonon, a remporté trois médailles d'or, dont une en relais, et une de bronze, lors des derniers championnats du monde.


Civique : Revenons tout d'abord sur les derniers championnats du monde. Le fait qu'ils aient eu lieu en France a dû vous motiver encore plus qu'à l'habitude ?
François Gonon : Les derniers championnats du monde de course d'orientation en France remontaient à 1987. C'était donc une occasion unique dans une carrière. Cela faisait près de six ans qu'on s'y préparait et, depuis l'an dernier, nous y avions consacré toute notre énergie. Plus la date approchait, plus nous étions motivés. N'étant pas trop adeptes du sprint, Thierry et moi étions inscrits sur les moyennes et longues distances, ainsi que sur le relais. L'équipe de France était la seule à présenter des coureurs sur deux épreuves individuelles en plus du relais. J'ai terminé 3e sur la longue distance, 6e sur la moyenne et 1er du relais. Thierry, lui, a raflé trois médailles d'or. La météo, le site, les cartes, l'ambiance, tout était parfait. Ce sont sans doute les meilleurs résultats obtenus par l'équipe de France. En plus nous avons vaincu le signe indien sur le relais. Trois ans de suite, des trucs invraisemblables nous avaient privés de ce podium. Sur le plan sportif, c'est magnifique, pour nous, mais aussi pour la fédération, car il y a eu énormément d'énergie déployée, notamment par le président, le général Pierre Durieux. Les nombreux bénévoles de l'organisation nous ont énormément soutenus et encouragés. C'est aussi à eux que nous dédions nos résultats.

Thierry Gueorgiou : J'avais pour ambition de faire le grand chelem. J'ai réussi mon pari. Je suis d'autant plus satisfait que je gagne pour la première fois sur la longue distance et que nous remportons le relais. C'est un moment inoubliable, surtout qu'il avait lieu en France. Aujourd'hui, ces résultats paraissent exceptionnels, mais je suis sûr qu'à l'avenir les Français trusteront les podiums. Il y a une bonne dynamique au sein de l'équipe de France. Cette année, on a eu un champion du monde junior, il y a aussi Philippe Adamski, avec qui on a gagné le relais, sans oublier Frédéric Tranchant, réserviste de la gendarmerie. Il leur faudra quelques années pour se forger une expérience, mais ils en ont les capacités.

Civique : Ce sont des succès que vous partagez avec d'autant plus d'émotion que vous êtes amis depuis l'enfance et que vous avez suivi très tôt la même voie...
François Gonon : Nous avons le même âge à un mois près. Nous sommes tous deux originaires de SaintÉtienne. On habitait le même quartier, on a fréquenté la même école, on a passé notre enfance ensemble. Je me suis vraiment mis à la course d'orientation à l'âge de 13 ans ; Thierry, lui, avait commencé avant. Depuis, on a tout fait ensemble, les compétitions, notre entrée en équipe de France, nos premiers championnats du monde, nos premières médailles... Nous avons toujours été dans la même équipe. On s'est juste séparés quand on est partis en Finlande dans deux clubs diff érents. Thierry a obtenu son premier titre de champion du monde en 2003. Le général Durieux et le major Pascal Lejeune lui ont alors off ert l'opportunité d'intégrer la gendarmerie. J'ai moi aussi eu cette possibilité en 2006, mais à l'époque j'ai préféré travailler pour la fédération. Ce n'est qu'en 2009 que j'ai rejoint l'institution.

Thierry Gueorgiou : Vivre cette histoire ensemble, c'était super. Ça nous fait des souvenirs pour toute la vie. On va tout faire pour réitérer ces performances l'an prochain.

Civique : L'un de vous (Thierry) est arrivé au terme de son contrat avec la gendarmerie peu de temps après les championnats du monde, tandis que l'autre (François) y restera jusqu'au printemps 2014. Que vous a apporté ce statut de sportifs de haut niveau de la Défense ?
François Gonon : Rejoindre la gendarmerie a été une opportunité fantastique. Ça nous a permis de bénéficier du statut de professionnel, ce qui est difficile en France, du fait du caractère confidentiel de notre discipline. Nous sommes les deux seuls sportifs dans les armées bénéficiant de ce statut alors que notre discipline n'est pas  olympique. En fait, la CO est arrivée en France via la formation militaire et la pratique de ce sport est assez développée en gendarmerie. Je mesure tous les matins la chance que j'ai de pouvoir consacrer pratiquement tout mon temps à ma passion. Nous avons par ailleurs bénéficié du suivi et des moyens apportés aux sportifs de haut niveau de la Défense. En retour, nous avons remporté trois titres de champion de France militaire, trois titres de champions de France gendarmerie et le titre en relais au championnat du monde militaire. C'était la deuxième fois que la France remportait un titre dans cette compétition depuis 1973. Autant dire que ça nous a motivés pour le championnat du monde civil !

Thierry Gueorgiou : Quand je suis entré en gendarmerie en 2006 en tant qu'aspirant, j'avais trois titres de champion du monde à mon palmarès. Le 4 septembre, j'ai quitté l'institution avec dix titres, donc sportivement le résultat est très positif. Grâce à mon statut de gendarme, j'ai pu pratiquer la CO sans avoir à me soucier de l'aspect financier et de la recherche de sponsors. Outre le soutien que j'ai trouvé au sein de cette institution que j'ai appris à connaître, je retiens aussi de belles rencontres et de bons moments en compétitions gendarmerie et militaires. François et moi y avons côtoyé des gendarmes qui pratiquent la CO en amateur, mais dans le bon sens du terme. Je garde de bons souvenirs de ces instants et de réelles amitiés. Ce sont cinq belles années dont je suis pleinement satisfait et que je garderai en mémoire.