Un délégué national à la lutte contre le trafic de drogue

Un délégué national à la lutte contre le trafic de drogue

Un délégué national à la lutte contre le trafic de drogue, Patrick Espagnol, a été nommé par le ministre de l'Intérieur. Son rôle est d'assurer la coordination interministérielle des actions des services qui luttent contre ce trafic.


Un délégué national à la lutte contre le trafic de drogue a été nommé par le ministre de l'Intérieur le 23 février dernier. Cette nouvelle fonction interministérielle au sein du ministère de l'Intérieur s'inscrit dans le vaste programme de lutte contre le trafic de drogue voulu en novembre 2009 par le président de la République et synthétisé dans un plan global de lutte contre le trafic de drogue.

Nicolas Sarkozy avait déclaré à l'époque que « la lutte contre le trafic de drogue est une priorité absolue pour la sécurité des Français ».

Parmi les trente-quatre mesures de ce plan figurait la création d'une structure appelée à orienter l'activité des services de l'État en charge de cette lutte et à assurer le suivi et l'évaluation de leurs actions. Un comité de pilotage s'est réuni tous les mois depuis un an et a pris la forme d'un groupe opérationnel le 23 mars dernier. Il réunit les directeurs généraux de la Police et de la Gendarmerie nationales, le préfet de police, mais aussi le directeur général des douanes et des droits indirects, celui des finances publiques et, le cas échéant, des représentants des ministères de la Défense, des Affaires étrangères, de la Justice, du secrétariat général à la mer ou de la mission interministérielle à la lutte contre la drogue et les toxicomanies (MILDT). Le groupe opérationnel est présidé par le ministre de l'Intérieur, le président de la République lui ayant confié la coordination interministérielle des actions de lutte.

Le délégué national à la lutte contre le trafic de drogue a été institué pour préparer les travaux du groupe opérationnel et coordonner les actions qui y sont décidées. C'est un préfet, Patrick Espagnol, qui a été nommé à ce poste. Il n'a pas oublié l'époque où il était commissaire de police et les dix-neuf années passées au sein de la police judiciaire, dont quelques-unes comme chef de la brigade des stupéfiants au SRPJ de Lyon. C'est donc en connaisseur qu'il compte marquer son action. « J'ai une certaine sensibilité sur le sujet », lâche-t-il malicieusement.

Mais le spécialiste est préoccupé par l'ampleur des trafics et leurs conséquences. « Le trafic de stupéfiants occupe le 3e rang mondial des activités économiques en termes de chiffre d'affaires. La drogue est à l'origine de la commission de nombreuses infractions et de l'économie souterraine qui génèrent un sentiment d'insécurité. C'est un véritable fléau social et humain. »

Pour Patrick Espagnol, la délégation nationale doit permettre d'obtenir « une vision stratégique des actions conduites en matière de stupéfiants et une meilleure connaissance de la physionomie du trafic, afin de proposer au ministre des orientations opérationnelles pour l'action des services et de mieux lutter contre cette forme de criminalité qui est au coeur de l'économie souterraine et du crime organisé. » Il souhaite « synthétiser l'information nationale et la partager avec les acteurs locaux afin d'éclairer leurs choix d'actions. »

Et il compte bien aller à leur rencontre sur le terrain. Une première visite a eu lieu à l'état-major départemental de sécurité, à Lyon, la première semaine d'avril. Le délégué national veut également optimiser la recherche du renseignement opérationnel en mobilisant les commissariats, les brigades, mais aussi les services départementaux d'information générale (les anciens RG) et les GIR. « Ces renseignements doivent permettre aux acteurs locaux de mieux cibler leur action. »

La lutte contre le trafic passe aussi par le démantèlement des deals de proximité, en augmentant notamment les opérations sur les lieux sensibles et les opérations coordonnées entre services, y compris en zones frontalières. Par ailleurs, les actions contre le patrimoine des trafiquants seront intensifiées, notamment en taxant les trafiquants sur la valeur des marchandises saisies et en identifiant mieux leurs actifs. « L'implantation de cinquante agents du fisc dans quarante-quatre quartiers sensibles a donné de bons résultats. Cette mesure va s'étendre avec l'implantation dans chaque département d'un référent de Bercy. De son côté, la gendarmerie va mettre en place dans chaque département un officier référent pour le fisc. »

Côté international, Patrick Espagnol veut optimiser la lutte contre les trafics en soutenant la création de structures nouvelles dans les pays où elles n'existent pas et en intensifiant la coopération entre celles déjà existantes.