La sécurité dans les transports en commun - En Île-de-France, une adaptation permanente

La sécurité dans les transports en commun en Île-de-France

1 250 policiers sécurisent les transports en commun franciliens. La sous-direction régionale de police des transports s'adapte sans cesse à l'évolution de la délinquance.


L 'Île-de-France concentre à elle seule 60 % de la délinquance commise dans les transports en commun en France. L'enjeu de la sécurité dans la région est d'autant plus crucial que certains chiffres donnent le vertige ! Près de 4 milliards de voyages y sont effectués chaque année (Nombre de voyages annuels tous modes de transports pour 2009. Source STIF). Éclaté sur huit départements, avec des lignes qui parfois se prolongent au-delà même de la région, le réseau ferré compte 736 gares.
Pour assurer la sécurité des voyageurs, la préfecture de police a mis en place la sous-direction régionale de police des transports, soit 1 250 policiers entièrement voués à la sécurité dans les bus, trains, RER et métros, auxquels viendront s'ajouter 300 nouveaux policiers d'ici la fin de l'année. À leur tête, Serge Rivayrand, contrôleur général et sous-directeur régional : "Ce service a été créé en 2003. Depuis, nous avons adapté sans cesse cet outil spécialisé pour mieux coordonner nos forces avec celles des transporteurs et des services territoriaux compétents sur l'ensemble de la région."
Cette organisation s'appuie également sur la mobilité des policiers. "Notre dispositif est malléable et réorganisé très souvent pour réagir en fonction de la délinquance. Mais nous sommes aussi proactifs grâce à l'utilisation nouvelle de la vidéoprotection. La patrouille virtuelle est un nouveau métier. Elle permet de détecter les attitudes suspectes, les flagrants délits, avec la capacité de projeter des patrouilles sur le terrain. Le monde du métro en particulier est un labyrinthe, l'oeil du vidéopatrouilleur en est le fil d'Ariane."
Chaque jour, cent cinquante patrouilles arpentent couloirs, quais, stations et rames jusqu'à certains "bouts de ligne" comme Beauvais, Creil, Dreux, Vernon ou Malesherbes. Des villes dont certains délinquants viennent souvent "travailler" sur la capitale. "Il fallait que nos policiers puissent poursuivre les voyous jusque dans leur propre bassin de délinquance."
Mais qu'en est-il de la délinquance dans les transports ? Sur les six premiers mois de 2011, 28 534 infractions ont été constatées sur les réseaux de trains, métros et RER, auxquelles s'ajoutent les 4 672 commises sur le réseau de bus. "Ces chiffres sont à mettre en perspective avec les douze millions de voyages effectués chaque jour, tempère le commandant Philippe Gauffier, chef d'état-major de la sous-direction régionale de police des transports. Sur l'ensemble, 50 % sont des vols à la tire, 20 % des vols avec violence, 15 % des infractions révélées par l'activité des services, comme des ports d'armes, des stupéfiants ou de l'immigration clandestine. 5 % des violences aux agents des transports, 3 % des violences aux usagers. Le reste est constitué d'infractions sexuelles, d'escroqueries, de tags ou de dégradations volontaires."
En 2010, après la généralisation du smartphone, les vols avec violence avaient augmenté de 40 %. "Depuis janvier 2011, ces vols diminuent", signale Serge Rivayrand. Un résultat qu'il met au compte de l'action des policiers et d'une importante campagne d'information ciblée sur les victimes potentielles, comme les femmes seules ou les adolescents. Plus de 200 000 flyers de mise en garde ont été distribués depuis 2010. Les patrouilles poursuivent ce travail de prévention.
Par ailleurs, les bandes sont aujourd'hui "un phénomène maîtrisé. La vidéoprotection nous permet de les détecter et de diriger à leur rencontre des patrouilles pour les contrôler. Par contre, nous avons actuellement une recrudescence des vols en réunion commis par des Roumains. Ils déambulent par groupes de trois ou quatre, provoquent une bousculade et délestent leurs victimes de leur portefeuille." Leur cible ?
Principalement les touristes. Pour les contrer, la sous-direction compte dans ses rangs des spécialistes qui travaillent en civil. Toutefois, le véritable voleur à la tire professionnel travaille seul et de manière quasi indétectable : "Il faut trois ans pour former un policier à la lutte contre ces voleurs à la tire professionnels, indique Serge Rivayrand. Toute la difficulté est de leur donner la capacité de ne pas se faire repérer par leur cible."
L'évolution de la sous-direction se poursuit avec la restructuration du département de l'investigation judiciaire. En juillet dernier, cent cinquante policiers de la sous-direction régionale, auparavant disséminés sur sept sites, ont rejoint des locaux flambant neufs fournis par la SNCF dans le 18e arrondissement. L'objectif est de rassembler ces policiers spécialistes de l'enquête judiciaire, afin de mieux analyser les modes opératoires et d'identifier "une délinquance marquée par l'effet sériel", comme les vols à la tire, certaines infractions sexuelles ou les vols avec violence.

360 caméras pour surveiller Châtelet-Les Halles

La sécurité dans les transports en commun en Île-de-France

Un centre de vidéoprotection est entièrement consacré à la sécurisation de la plus importante connexion parisienne de transports en commun.
A Paris, dans un sous-sol surchauffé de la station Châtelet-Les Halles, le centre vidéo multimodal (CVM) est entièrement consacré à la surveillance de la station (Le CVM est partagé avec des agents de la RATP, qui surveillent un second pupitre et pilotent leurs propres équipes sur le terrain). Les images de 360 caméras, disséminées partout dans la gare, sont centralisées sur un pupitre d'écrans. Un vidéopatrouilleur surveille en temps réel la totalité de ce noeud ferroviaire planté en plein centre de la capitale. Pas moins de cinq lignes de métro et trois de RER passent ici, en provenance des quatre points cardinaux de la banlieue parisienne.
Un million de voyageurs y transitent chaque jour.
"Châtelet-Les Halles est la plus grande gare souterraine du monde, indique Antony C., brigadier-chef, responsable du CVM. C'est la station parisienne où il y a le plus de touristes, en raison de la proximité des plus grands sites touristiques de Paris. Le travail du vidéopatrouilleur consiste à surveiller les quais, les salles d'échanges, les couloirs, et à détecter les comportements suspects, les flagrants délits ou les rassemblements de bandes. S'il découvre quelque chose d'anormal, il dirige les patrouilles qui sont sur le terrain. Par son rôle virtuel, il protège également les patrouilles en intervention et peut, si nécessaire, faire appel à des renforts en cas de débordement lors d'un attroupement, d'une émeute suite à un contrôle ou à une interpellation difficile."