La lutte contre les atteintes aux biens - Respect des fondamentaux à Bourgoin-Jallieu

La lutte contre les atteintes aux biens

Dans le département de l'Isère, la compagnie de gendarmerie départementale de Bourgoin-Jallieu enregistre une baisse de près de 20 % des atteintes aux biens. Réappropriation territoriale, synergie entre les différents acteurs, prévention et enfin riposte judiciaire offensive sont les clés de l'action des militaires.


Quand je suis arrivé à la compagnie, l'une de mes priorités a été la lutte contre les atteintes aux biens", explique le chef d'escadron (CEN) Cédric A., commandant l'unité. Il a ainsi procédé à une réorganisation du service autour d'axes forts : la réappropriation territoriale avec la création d'une véritable synergie entre les différents acteurs, la prévention avec la mise en place de divers dispositifs, et enfin, une riposte judiciaire offensive. "Il ne s'agit pas de méthodes révolutionnaires, mais de dispositifs reposant sur les fondamentaux du gendarme, qui aujourd'hui portent leurs fruits", précise l'officier.

Occupation du terrain

"Nous savons que l'occupation du territoire, le contrôle de zone et la maîtrise des flux sont des éléments essentiels en matière de prévention des actes délictueux", confirment le capitaine Christian D., commandant de la brigade territoriale autonome de L'Isle d'Abeau, et le lieutenant Didier B., commandant de la BTA de Villefontaine. Ceux-ci ont ainsi mis en place des patrouilles dites de "prévention de proximité", qui se font le plus souvent à pied. Les deux villes, de configuration similaire, ont en effet la particularité de ne pas avoir véritablement de centre-ville mais d'être plutôt la juxtaposition de zones résidentielles.

Selon Christian D., "Ce type de service est pertinent et adapté au terrain. Cela nous permet d'accéder aux quartiers piétonniers les plus touchés par les cambriolages et d'avoir un autre contact avec la population. Nous dérangeons les délinquants par notre présence accrue sur le terrain et par les contrôles que nous réalisons régulièrement au cours du service." Les patrouilles sont renforcées, de jour comme de nuit, par les militaires du peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (Psig) de Villefontaine, commandé par le capitaine Philippe L.

© MIOMCTI/Sirpa G/A.Roche

"Tranquillité vacances" et "Participation citoyenne"

Au sein de la BTA de L'Isle-d'Abeau, l'opération "tranquillité vacances" est un succès. "Cette année, nous enregistrons une baisse de 10 % des cambriolages sur les résidences principales", souligne Christian D.

Au-delà des chiffres, l'opération permet de renforcer le sentiment de sécurité de la population. "Une patrouille se rendait au minimum tous les trois jours à chaque adresse, en laissant un avis de passage dans la boîte aux lettres. Certains habitants ont été agréablement surpris de voir une pile d'avis de passage à leur retour."
Des liens privilégiés se sont tissés entre les habitants de certains quartiers et la gendarmerie par le biais du dispositif de "participation citoyenne", comme l'explique le lieutenant Alexandre G., commandant la BTA de Pont-de-Chéruy. Après un an d'existence, il dresse un premier bilan : "Pour fonctionner, ce système nécessite une attention régulière et une collaboration étroite avec la mairie et les habitants. Nous avons de bons résultats, puisque sur le lotissement du Piarday, à Charvieu-Chavagneux, aucun cambriolage n'est à déplorer depuis un an."

Prévention technique de la malveillance

Une véritable dynamique préventionnelle au profit des entreprises est mise en place par le biais de la prévention technique de la malveillance (PTM). Ce dispositif vise à identifier les failles de sécurité d'un commerce et, ainsi, de dissuader les délinquants de passer à l'acte. Comme chaque unité de la compagnie, la BTA de Bourgoin-Jallieu dispose de référents PTM, comme l'adjudant-chef Marc M.. Ceux-ci ciblent les établissements à risques (supérette, bijouterie, opticien, etc.) et proposent aux commerçants de procéder avec eux à un diagnostic de sécurité. Dans un bar tabac de Saint-Savin, par exemple, Marc M. commence par faire le tour de l'établissement. "J'attire l'attention sur une issue mal verrouillée, l'absence de vidéoprotection ou d'éclairage, etc. Cela permet de sensibiliser les commerçants et les entreprises sur les risques encourus et de formuler des propositions d'équipements pour les protéger des différentes atteintes dont ils pourraient être la cible."

© MIOMCTI/Sirpa G/A.Roche

L'intérêt des partenariats locaux

Des partenariats sont largement recherchés, notamment avec les municipalités, comme le souligne le capitaine A.. La présence au sein des locaux des brigades de coordinatrices sociales en est l'illustration. Ces dernières désamorcent des situations familiales sensibles auxquelles sont de plus en plus confrontés les gendarmes, et soulagent ainsi les militaires dans leur mission quotidienne. La police municipale travaille également de concert avec la gendarmerie. La BTA de Villefontaine a d'ailleurs signé une convention avec elle. "Tous les matins, à la prise de service, nous discutons des événements de la veille. Un réel échange a lieu. Nous organisons d'ailleurs régulièrement des opérations communes", confient l'adjudant Gérald B. et la maréchale des logis-chef Frédérique E.. Le directeur adjoint de la police municipale précise que la gendarmerie et la police municipale sont en liaison radio permanente : "En cas de besoin, on sait qu'on peut compter les uns sur les autres."

Certaines unités de la compagnie participent également à des cellules de veille composées d'élus locaux, de travailleurs sociaux, de représentants d'établissements scolaires, d'associations, etc. "Loin d'être seulement un bureau des plaintes, ces réunions permettent d'exposer les difficultés rencontrées, d'échanger, mais aussi de proposer des solutions au regard des problèmes de chacun", affirme le CNE D..

Recoupement, analyse et PTS

Le capitaine A. a demandé à ses unités de traiter prioritairement les enquêtes avec auteur présumé identifié, ou encore de systématiser les enquêtes de voisinage. Depuis bientôt huit mois, la brigade de recherches (BR) est chargée de la gestion et de l'exploitation du tableau cellule anticambriolage. Tous les jours, les unités font remonter les informations précises sur la commission d'atteintes aux biens ciblées (cambriolages ou vols de/dans véhicules). "Après recoupement et analyse, ce tableau nous permet de dégager des tendances et de disposer d'une connaissance accrue du territoire et de la délinquance. Nous délivrons ces informations au commandant de compagnie ou aux brigades, afin qu'ils puissent réorienter le service sur des zones à risques", explique l'adjudant-chef Raymond R., adjoint au commandant de la BR.

Enfin, en matière de police technique et scientifique (PTS), alors que dans la plupart des unités il existe deux référents par brigade, le capitaine A. a opté pour une formation plus générale de ses personnels. Ainsi, sur la compagnie, un tiers des militaires ont la qualité de technicien en identification criminelle de proximité.