Sur une demande de la délégation à la sécurité et à la circulation routières (DSCR), l'institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (IFSTTAR) a réalisé une étude sur l'accidentalité des deux-roues motorisés, le projet COMPAR.
Cette recherche menée deux ans durant par l'IFSTTAR, établissement public de recherche placé sous la tutelle des ministères de la Recherche, des Transports et de l'Intérieur, permet de mettre en évidence les processus qui conditionnent et déterminent les accidents impliquant des deux-roues motorisés (2RM), les aspects comportementaux des usagers de la route impliqués dans ces accidents, ainsi que les paramètres liés aux attitudes et aux connaissances des différents conducteurs. Elle propose une approche pluridisciplinaire permettant de mieux cerner le phénomène.
"Le besoin de cette étude s'est immédiatement fait sentir dans le cadre de la concertation sur les deux-roues motorisés lancée en 2009 suite à une augmentation importante d'accidents impliquant ces usagers de la route, explique Louis Fernique, secrétaire général de l'observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), qui anime la politique de recherche de la DSCR et en coordonne les programmes. Nous avons mis en place un groupe de travail "connaissance des causes et des conséquences des accidents chez les deux-roues motorisés", qui a fait un état rapide de la situation, des zones de défaut de connaissances sur lesquelles il fallait avancer. D'où la commande de cette étude COMPAR pour mieux comprendre ce phénomène".
Trois grandes thématiques ont été sélectionnées pour mener cette enquête : l'analyse accidentologique approfondie ; l'approche psycho-sociale sur le style de conduite et la perception du danger ; et le rôle de la vitesse des motocyclistes dans les accidents "Regardé-mais-pas-vu".
Pour l'analyse approfondie de l'accidentalité, l'IFSTTAR a travaillé sur un millier de procès-verbaux d'accidents impliquant au moins un 2RM. "Il en résulte que dans les accidents d'interaction moto-voiture, les automobilistes ne voient pas le motard avant de s'engager dans 60% des cas", annonce Pierre van Elslande, directeur de recherche à l'unité de recherche des mécanismes d'accidents de l'IFSTTAR.
Pour l'approche psycho-sociale du phénomène, les chercheurs se sont appuyés sur des données d'enquêtes recueillies via Internet auprès de 1566 conducteurs de 2RM. "Cette étude démontre clairement que plus le motard est jeune et inexpérimenté, plus il a de chance d'avoir un accident", poursuit Pierre van Elslande. Enfin, s'agissant du rôle de la vitesse des motocyclistes dans les accidents, l'IFSTTAR s'est appuyée sur un échantillon de cas d'accidents impliquant un motocycliste et un tiers issus du programme d'études détaillés d'accidents (EDA) de l'unité Mécanismes d'Accidents. "Les résultats obtenus montrent que beaucoup de 2RM n'ont pas été détectés alors qu'ils étaient tout à fait détectables."
Pour Louis Fernique, "les travaux de cette étude sont extrêmement intéressants et vont alimenter un certain nombre de décisions publiques de sécurité routière déjà envisagées, comme rendre plus visibles les motards ou développer l'aspect formation, chez les automobilistes comme chez les motocyclistes."