Intervenir en zone contaminée

Intervenir en zone contaminée

Depuis 2008, conformément aux orientations définies par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, la gendarmerie a mis en œuvre un schéma directeur NRBC-E. Il permet à l'institution de pouvoir apporter une réponse efficace face à un événement impliquant des matières nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques et explosives.


Le monde de 2010 est plus complexe, moins prévisible que celui de la guerre froide. Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008 souligne cette instabilité et fait émerger le concept de sécurité nationale, qui permet à la France de s'adapter à ces évolutions. Cette approche renouvelle les schémas de pensée et initie de nombreuses réflexions portant notamment sur l'organisation de la réponse de l'État face à un événement comportant une dimension NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique).

Pour autant, le besoin d'une réponse globale inspirée du concept de sécurité nationale ne doit pas conduire à la confusion du rôle de chacun des services mobilisés lors d'un tel événement. La réponse de l'État confronté à une crise complexe doit pouvoir s'appuyer sur l'expertise de l'ensemble des acteurs engagés dans la résolution de cette crise. Or, du fait de son caractère complexe, la crise NRBC court le risque de n'être traitée que techniquement, en raison notamment des contraintes liées à l'évolution des personnels en charge du secours, de la sécurité publique et de la police judiciaire en zone contaminée.

Le besoin d'assurer, en tout temps et en tous lieux, une action de l'État efficace a conduit la gendarmerie à concevoir un schéma directeur NRBC-E (explosif). Ce document, validé et diffusé en juin 2010 par le directeur général de la Gendarmerie nationale, Jacques Mignaux, articule la réponse de l'institution face à un événement de nature NRBC-E. Il fixe par ailleurs les axes de développement pour la décennie à venir, en termes de formation et d'équipements. Enfin, il permet une complète lisibilité du dispositif pour les acteurs et les décideurs.

L'action de la gendarmerie dans ce schéma directeur s'organise autour de quatre fonctions : la police judiciaire – au travers notamment de sa dimension de police technique et scientifique –, le maintien de l'ordre, la protection et l'intervention. Il s'agit, en fonction de la nature de l'événement, de réagir rapidement et de façon adaptée selon le double principe de territorialité et de subsidiarité. Les capacités zonales et nationales complètent les premiers dispositifs des unités territoriales engagées. Il s'agit de la « traduction NRBC » du principe de réponse intégrée développé par la gendarmerie. C'est-à-dire une montée en puissance, organisée selon les principes généraux de la manœuvre (liberté d'action, économie des forces, concentration des efforts), qui se structure autour de l'événement et de son cadre territorial.
Depuis 2002, les retours d'expérience issus des multiples engagements de la gendarmerie, en particulier ceux de la cellule nationale NRBC, ont permis de construire une réponse opérationnelle efficiente. Celle-ci impose la nécessité de banaliser le plus possible l'action des gendarmes en zone contaminée, afin de développer une logique de métier propre à chacune des quatre fonctions évoquées précédemment.

L'équipement des personnels n'est qu'un moyen à déployer pour permettre la réalisation de ces missions. L'expert NRBC ne doit pas se substituer à l'enquêteur, à l'unité de maintien de l'ordre ou d'intervention. Ces propos sont notamment illustrés par les liens tissés entre la cellule nationale NRBC et l'institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN), qui ont permis de développer des protocoles adaptés au prélèvement judiciaire en zone contaminée. De la même manière, l'engagement de la cellule nationale au profit du groupement blindé de gendarmerie mobile (GBGM) permet d'enrichir la doctrine de maintien de l'ordre en ambiance NRBC.