Par décret impérial du 18 septembre 1811, les sapeurs-pompiers succèdent à Paris aux gardes-pompes créés en 1716. Un corps civil devenu militaire et professionnel, sous les ordres du préfet de police.
"Votre Majesté a reconnu elle-même la nécessité de réorganiser le corps des pompiers de Paris, dont les officiers sont généralement pris parmi des hommes nuls ou peu capables", écrit le ministre de l’Intérieur, Jean-Pierre de Montalivet, dans un rapport adressé à Napoléon Ier en 1811. Il est vrai que, un an auparavant, en juillet 1810, un incendie ayant fait de nombreuses victimes avait rendu l’empereur furieux de l’inefficacité des secours. En effet, la salle de bal provisoire de la résidence de l’ambassadeur d’Autriche à Paris s’était embrasée lors d’une fête donnée en l’honneur du mariage de l’archiduchesse Marie-Louise avec Napoléon Ier. Parmi les personnes sanctionnées, le préfet de police Louis Nicolas Dubois, absent lors de l’incendie.
Le ministre de l’Intérieur proposait donc un projet de décret daté du 27 mars 1811, qui sera signé par l’empereur le 18 septembre, portant création du bataillon de sapeurs chargé des pompes à incendie de la ville de Paris. La capitale était ainsi dotée d’une particularité unique au monde, qui subsiste encore aujourd’hui : un corps de pompiers militaires, placé pour emploi sous l’autorité du préfet de police.
À la demande du rapporteur du projet de décret, les commandants et capitaines "seront pris de préférence parmi d’anciens officiers d’artillerie, de mineurs, sapeurs, ou officiers d’artillerie réformés ou en retraite [et] nommés sur présentation du ministre de l’Intérieur, après l’avis du préfet de police". Le corps des "sapeurs-pompiers" de la ville devait être composé de 576 hommes répartis en quatre compagnies dirigées par un capitaine, secondé par un lieutenant. Les sapeurs-pompiers devaient mesurer au moins 1,60 m, savoir lire et écrire, produire un certificat de probité, bonne vie et moeurs et être âgés de 16 à 30 ans. Ceux qui étaient âgés de plus de 20 ans devaient en outre avoir exercé pendant deux ans comme maçon, charpentier, plombier, menuisier, charron, serrurier, fumiste, ferblantier ou ouvrier en cuir. Au moment de son admission, le sapeur-pompier devait s’engager pour une durée de 6 ans au moins. S’il voulait démissionner, il devait repecter un préavis d’un an.
Payé par la Ville de Paris, le commandant du bataillon percevait 4 200 francs, contre 329 francs et une ration de pain journalière pour les pompiers. Ceux-ci devaient aussi "s’habiller et s’équiper à leurs frais". Pour cette charge, ils percevaient 10 francs par mois. 6 000 francs étaient enfin mis à disposition du préfet de police pour récompenser ceux qui s’étaient "rendus dignes par leur zèle, leur dévouement et leur intrépidité".
Les quatre grands postes et les postes ordinaires d’intervention (au moins 30) étaient placés « autant que possible » près des édifices publics et comprenaient des "pompes, machines et agrès servant aux incendies [et] des ateliers pour l’instruction et les travaux".
Le bataillon devint régiment en 1866, et sa compétence fut étendue à l’ensemble du département de la Seine en 1940.