Coopération transfrontalière autour d'une visite pontificale

© SIRPA/Gendarmerie

Benoît XVI s'est rendu dans son pays natal, l'Allemagne, du 22 au 25 septembre, passant les deux dernières journées de son périple à Fribourg. Dans cette ville proche des frontières franco-suisses, la police allemande a reçu le soutien de gendarmes et de policiers français, ainsi que de policiers suisses, pour participer au dispositif de sécurité.


La venue du pape Benoît XVI est une grande première dans l'histoire de la ville de Fribourg (Allemagne), qui n'avait encore jamais reçu de visite pontificale. À cette occasion, un important dispositif de sécurité a été déployé par la police du Baden-Württemberg, avec le renfort d'unités venues de plusieurs länder, mais aussi de France, avec vingt-deux gendarmes et deux policiers, et de Suisse (huit personnels). "La coopération entre la région de gendarmerie d'Alsace et l'Allemagne, particulièrement le Baden-Württemberg et la Rhénanie-Palatinat, ainsi que les cantons suisses de Bâle-Ville, Bâle-Campagne et le Jura, est une réalité quotidienne qui concerne chaque échelon. Elle s'appuie sur une longue habitude, légitimée par les accords internationaux de Schengen, Mondorf, Prüm et Vittel.

Le bassin rhénan est la réalité régionale, économique, culturelle et de sécurité publique dans laquelle nous travaillons. Tous les jours, il y a des patrouilles mixtes, des échanges de renseignements, une coordination judiciaire, des interpellations simultanées de part et
d'autre de la frontière, comme dernièrement dans le cadre de l'opération Balkan Est. Outre les formations déjà mises en place et les exercices communs, nous travaillons sur de gros dossiers, comme l'emploi fluidifié des hélicoptères, la formation réciproque des motards et une brigade fluviale commune actuellement en expérimentation. Cela répond à une réalité et à un besoin, présente le colonel Jean-Thierry Daumont, commandant la région de gendarmerie d'Alsace. Bien entendu, nous avons également l'habitude de nous renforcer sur des manifestations particulières.

En l'occurrence, pour cette visite pontificale, nous avons participé en amont à la cellule planification, à laquelle un officier a été détaché pendant trois semaines, notamment pour partager notre expérience des précédentes visites papales en France. Puis, pendant toute la durée de l'événement, vingt-deux gendarmes, dont deux officiers de liaison et deux motards, tous bilingues, ont été mis à la disposition de la police de Fribourg. Comme le disait un homologue allemand, cela se fait de manière fluide et naturelle. Les gendarmes viennent ici avec leur armement et sont pris en compte sans problème dans le dispositif. La frontière n'est plus un obstacle pour nous, contrairement à ce que peuvent penser les délinquants. "

© SIRPA/Gendarmerie

Les vingt-deux gendarmes, issus de la région (cabinet communication, brigade fluviale, réserve), de différentes unités territoriales (Psig, BTA, EDSR) ou encore du centre de formation linguistique de Larh, ont rejoint Fribourg la veille de l'arrivée du Pape.

Accueillis à l'académie de police, les renforts étrangers ont été informés, en allemand, du dispositif auquel ils allaient être intégrés, avant d'être répartis au sein de différentes équipes. Chacun y était binômé avec un policier allemand pour toute la durée de l'événement. Le soir même, plusieurs gendarmes ont été engagés dans le dispositif d'encadrement d'une manifestation d'opposants à la venue du pape, aux côtés des équipes de négociation. Pour les autres, la nuit fut courte : patrouilles, reconnaissances d'axes et de sites et fouilles débutèrent bien avant l'aube et se poursuivirent vingt-quatre heures sur vingt-quatre jusqu'au départ du souverain pontife.

Au PC de crise, le lieutenant-colonel Alain Mugelé assura la liaison avec les gendarmes sur le terrain, la région Alsace, le CCPD et enfin le CORG, où une cellule de deux gendarmes était activée. Sur le terrain, le capitaine Jean-Claude Steinmetz, officier communication de la région Alsace, fort de ses nombreux contacts, a dénoué les éventuels problèmes et facilité la mission des gendarmes. En amont, il avait collaboré à la rédaction d'un dossier sur les moyens d'action des opposants à la venue du pape.

© SIRPA/Gendarmerie

Il n'était que 8 heures samedi matin quand les gens commencèrent à affluer le long de l'itinéraire qui devait conduire le pape jusqu'à la cathédrale. Les patrouilles mixtes franco-allemandes disséminées sur le parcours informaient, orientaient, conseillaient et canalisaient les visiteurs de toutes nationalités, tout en restant vigilantes aux agissements suspects. Les binômes fonctionnèrent tout naturellement, et les relations avec la population furent cordiales. À 13 h 50, le pape arriva au centre-ville de Fribourg, où quelque 15 000 personnes étaient rassemblées. De là, le dispositif de sécurité ne devait plus faiblir jusqu'au départ du souverain pontife, le lendemain, après la messe où étaient attendus quelque 100 000 fidèles.

"Notre dispositif était en place 24 h/24 depuis une semaine pour la surveillance des sites. Nous avions jusqu'à 4 500 personnels engagés simultanément dans les différentes missions, en fonction de l'activité du pape, explique le polizeirat Dirk Herzbach, chef opérationnel du dispositif. Étant dans une zone proche de la frontière, il est normal de travailler avec nos voisins. Nous l'avons déjà fait à plusieurs reprises sur des événements d'ampleur, comme le sommet de l'Otan ou le sommet franco-allemand. Notre première idée, en travaillant avec les gendarmes français, était d'obtenir des informations sur le nombre prévisible de pèlerins et de bus en provenance de France. La deuxième était de mettre en oeuvre des patrouilles mixtes oeuvrant dans les différentes missions du dispositif, à l'exception du maintien de l'ordre. Nous avons aussi mis en place des équipes communes de communication pour assurer le  relationnel avec les visiteurs, notamment français. Enfin, trois gendarmes ont été intégrés au sein de nos deux commissariats provisoires. C'est aussi ça, l'image européenne, des policiers allemands, des gendarmes et policiers français et des policiers suisses ensemble !"