Entretien entre Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur, et Theresa May, Ministre de l’Intérieur du Royaume-Uni

30 août 2014

Déclaration conjointe de M. Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur, et de Mme Theresa May, Ministre de l’Intérieur du Royaume-Uni, du samedi 30 août 2014


Notre entretien vendredi 29 août à Londres a été l’occasion d’évoquer certains défis communs auxquels la France et le Royaume-Uni sont confrontés. 

Parmi ces défis, nous avons évoqué les pressions, dues au nombre croissant de candidats à l’immigration illégale, qui s’exercent à nos frontières - et à travers l’Union européenne.

La situation à Calais et dans les ports de la Manche est un sujet d’intérêt commun pour nos deux pays depuis plusieurs années et le demeure ; nous sommes déterminés à y répondre ensemble. L'augmentation du nombre de migrants à Calais et ses environs depuis le printemps 2014 a entraîné de très importants troubles tant économiques, sociaux que d’ordre public. Nous avons le devoir de renforcer nos efforts et de trouver de nouvelles solutions afin de soulager l'impact de la pression migratoire sur la population de Calais et son économie,  et d’empêcher l'immigration illégale.

Nous avons déjà pris des mesures pour renforcer la sécurité à Calais, moderniser les équipements et la technologie, et nous continuons d'investir ensemble pour renforcer les infrastructures portuaires. Nous sommes convenus de poursuivre ce travail. Nous sommes également convenus d'étudier les moyens permettant d'assurer que les personnes dans un besoin avéré de protection ou qui sont victimes des filières de trafiquants se voient accorder l'aide appropriée.

Nos pays continuent à lutter contre les réseaux du crime organisé à l’origine de la contrebande et de la traite des êtres humains, en accroissant le travail commun de renseignement et la coordination entre nos agences en charge de la sécurité intérieure. Au cours de cette année, l'action conjuguée du Royaume-Uni et de la France, avec les forces de police en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas, a débouché sur le démantèlement de  20 filières organisées et la saisie de leurs avoirs à hauteur de 1,8 million d'euros. Nous allons intensifier ce travail.

Nous allons prendre des mesures à Calais, et en amont de Calais, afin de dissiper les mythes qui y provoquent un afflux de migrants. A cette fin, nous enverrons un message clair sur le fait que quiconque sera interpellé en tentant une traversée illégale fera l'objet d'une procédure rigoureuse, en application des règles nationales et européennes pertinentes en matière d'asile. Des vols de retour cofinancés en direction de certains pays-clés sont déjà organisés et leur nombre sera accru.

Nous continuerons aussi à travailler avec nos partenaires européens pour :

  • Renforcer les frontières extérieures de l'Union européenne, en reconnaissant le rôle important joué par Frontex dans le soutien apporté aux États membres et en soulignant le besoin de développer une alternative viable à l’initiative Mare nostrum en Méditerranée. Sur cette base, nous soutenons les propositions présentées cette semaine par la France pour mettre fin à l'opération Mare Nostrum et renforcer les opérations Frontex à proximité des côtes européennes de la Méditerranée ;
  • Renforcer notre coopération avec les pays d’origine et de transit, en saluant la planification de la Présidence italienne pour définir une initiative pour la Corne de l’Afrique et s’appuyant sur d’autres actions relevant de l’approche globale européenne sur les migrations ;
  • Assurer une réponse efficace face aux migrants potentiels qui pénètrent sur le territoire européen - réponse qui exige que tous les pays de l'Union européenne respectent les dispositions visant à l’identification des migrants illégaux et à la prise de leurs empreintes digitales ;
  •   Lutter contre les organisations criminelles impliquées dans le trafic d'êtres humains.

Nous allons collectivement envisager la façon d’améliorer le processus d’examen des demandes d’asile et de procéder aux retours des personnes ne pouvant obtenir l’asile ainsi que des migrants illégaux.

Nous avons reconnu la nécessité de poursuivre de façon urgente ce travail au plan bilatéral et avec les partenaires de l'Union européenne.

Nous avons aussi abordé de façon approfondie  la question des liens existant entre la crise en Syrie et en Irak et le besoin de poursuivre la coopération visant à répondre à la menace que représentent les combattants étrangers.

Nous sommes persuadés que la solidité de la relation entre nos deux pays et de notre intérêt fondamental et partagé à trouver des solutions à ces défis constitue la garantie de notre réussite.