Discours de M. Bruno Le Roux, ministre de l’Intérieur, prononcé à l'occasion de l'hommage national aux gendarmes tués dans l’accomplissement de leur devoir - Cour d’honneur des Invalides, le 16 février 2017.
- Seul le prononcé fait foi -
Mon Général, Directeur général de la Gendarmerie nationale,
Mesdames et Messieurs,
Aujourd’hui, et comme chaque année au mois de février, nous voici rassemblés pour honorer la mémoire des gendarmes tombés en mission au cours de l’année passée, alors qu’ils accomplissaient leur devoir au service de la France et des Français.
En ce moment même, d’autres cérémonies, à l’unisson de celle qui nous réunit ici, dans la Cour d’honneur des Invalides, ont lieu pour rendre le même hommage solennel aux morts de la Gendarmerie nationale.
Dans chaque département de France, les autorités civiles, judiciaires et militaires se recueillent en souvenir de ces militaires qui sont allés au bout de leur engagement, au bout de leur devoir, au nom de l’idée qu’ils se faisaient de la France et de la République.
C’est là un moment important, empreint de gravité et de solennité.
Un moment qui rappelle tout ce que la Nation doit aux gendarmes de France, ainsi qu’à leurs collègues policiers, dans un contexte où le niveau de sollicitation et d’engagement est maximal, notamment face à la menace terroriste.
Un moment qui rappelle le courage, le dévouement, la force d’âme et le sens de la fraternité qui vous animent, comme l’ensemble des femmes et des hommes de la Gendarmerie. Autant de vertus qui expliquent les sacrifices auxquels vous êtes prêts à consentir, les uns et les autres, pour protéger nos concitoyens et défendre nos libertés : le sacrifice d’une vie paisible, et, parfois, celui de la vie tout court.
Un pays sans souvenirs, Mesdames et Messieurs, n’a pas d’avenir. Une nation sans mémoire n’a pas d’âme ni de cœur, pas plus qu’elle n’a d’imagination. Vous qui appartenez à la grande famille de la Gendarmerie, vous le savez mieux que quiconque. Voilà pourquoi, chaque année, vous honorez, avec pudeur, avec émotion et sincérité, la mémoire des vôtres qui sont morts en service.
Ils sont vos morts. Ils sont nos morts. Ils sont les morts de la France et de la République.
En entrant dans la Gendarmerie nationale, vous avez embrassé une histoire glorieuse, faite de loyauté et de fidélité, une histoire intimement liée à celle de notre pays.
Nombreux sont ainsi vos camarades qui, en son nom, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières, se sont battus et, parfois, sont tombés.
Aujourd’hui, c’est donc aussi la Nation tout entière qui se souvient et se recueille.
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Quatorze gendarmes.
Ils sont quatorze qui, l’an passé, ont perdu la vie en service.
Quatorze grands professionnels qui avaient choisi de consacrer leur existence à la République.
Quatorze patriotes qui aimaient tant leur pays qu’ils étaient prêts à mourir pour lui.
Quatorze vies précieuses, talentueuses, solidaires.
Quatorze vies que jamais nous n’oublierons.
Ces hommes étaient de tous les coins de France, de métropole comme d’outre-mer. Ils avaient entre 18 et 55 ans. Chacune de leur histoire personnelle était singulière.
Ils incarnaient la Gendarmerie dans toute la richesse de ses spécialités, qu’ils fussent gendarmes d’active ou de réserve ; d’une brigade territoriale, fluviale ou motorisée ; d’un PSIG ou d’une antenne GIGN ; d’un Peloton de gendarmerie de haute-montagne ou bien d’un détachement aérien de Gendarmerie.
Tous, oui tous, représentaient l’excellence de votre institution et la noblesse de votre engagement. Ils se sont sacrifiés pour leur pays.
J’ai notamment une pensée particulière pour le capitaine Alain NICOLAS et le chef d’escadron Christian RUSIG, tous deux pris pour cible et tués parce qu’ils étaient gendarmes, parce qu’ils représentaient la République, parce qu’ils incarnaient la volonté de servir et de protéger.
Oui, 2016 restera, pour la Gendarmerie, comme une année tragique, une année noire.
Aux familles et aux proches, je veux dire mon émotion et toute ma compassion. Nous tous ici présents, nous respectons votre deuil et nous partageons votre chagrin.
Aujourd’hui, j’ai bien sûr également une pensée émue et solidaire pour les militaires de la Gendarmerie qui ont été blessés en service.
Certains d’entre eux porteront la marque de leurs blessures encore très longtemps. A eux tous, et en particulier à ceux-là qui souffrent encore dans leur chair, je veux souhaiter un prompt et total rétablissement.
Au cours de ces deux dernières années, endeuillées par le terrorisme, l'engagement de la Gendarmerie a été exemplaire.
Face à la menace et à la tragédie, contre toutes les violences et toutes les insécurités, vous avez fait preuve d’un professionnalisme et d’un sang-froid admirables. Avec les policiers, vous êtes notre bouclier, le bras armé de la République.
Plus que jamais, quand le pays est menacé, l’autorité de l’Etat que vous incarnez est une condition de la cohésion nationale, en garantissant le respect de la loi républicaine contre tout ce risquerait de miner notre société.
C’est la raison pour laquelle, où que vous serviez, quelle que soit la nature de votre engagement, vous avez et vous aurez toujours mon entier soutien dans les missions difficiles et indispensables que vous accomplissez.
Pleurez vos camarades morts, Mesdames et Messieurs, oui, pleurez-les. Chérissez leur mémoire. Mais entretenez aussi leur exemple.
Et, surtout, surtout, soyez fiers d’eux.
Soyez fiers de servir au sein de la Gendarmerie nationale, comme la République est fière de pouvoir compter sur des femmes et des hommes tels que vous.
Vive la Gendarmerie nationale !
Vive la République !
Et vive la France !