Après l'émotion suscitée par les attentats de janvier, de nouvelles pistes ont été dévoilées ce mercredi par le ministre de l'Intérieur pour améliorer le dialogue avec l'Islam de France.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a présenté une communication lors du Conseil des ministres en lançant plusieurs pistes articulées autour du dialogue avec la communauté musulmane, de la sécurité des lieux de culte et de la connaissance de l'Islam.
Des mesures concrètes ont été détaillées à l'issue du Conseil des ministres , elles s'articulent autour de quatre axes: dialogue, formation, sécurité et connaissance de l'islam.
Une "instance de dialogue" va être constituée, réunissant un panel le plus représentatif possible des Français musulmans, dans le respect des valeurs de la République. L'instance devrait être mise en place d'ici l'été, sans doute avant le début du prochain ramadan, prévu autour du 17 juin.
Des consultations vont être lancées par les préfets pour identifier les représentants (intellectuels, acteurs de terrain, associations...) susceptibles de participer à cette instance, ainsi que les sujets sur lesquels elle pourrait travailler (formation civile des imams, abattage rituel, sécurité des lieux de culte, organisation des aumôneries...)
Cette instance ne remplacera pas le CFCM, et son organisation comme son fonctionnement seront plus souples, avec différents groupes de travail et une réunion prévue deux fois par an autour du Premier ministre, à l'instar de ce qui existe pour le culte catholique avec l'"instance Matignon".
L'offre de formation à destination des imams et des aumôniers musulmans va être renforcée, avec notamment un encouragement à créer des diplômes universitaires (DU) de formation civile et civique, comme cela existe déjà à Paris notamment. L'objectif est qu'une douzaine d'établissements supérieurs proposent ce DU d'ici la fin de l'année.
Les aumôniers "ne seront recrutés désormais que s'ils ont obtenu ce diplôme de formation aux principes fondamentaux de la République", a affirmé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Le contenu ne sera pas religieux, l'Etat n'ayant pas vocation à assurer une formation théologique.
La sécurité des mosquées et des lieux de culte va être renforcée, avec des fonds débloqués pour le financement d'équipements tels que la vidéo-surveillance.
Une fondation va être mise en place pour "promouvoir les réalisations de l'islam de France", en liaison avec l'institut du monde arabe. Il ne s'agit pas de relancer la Fondation des oeuvres de l'islam de France, mise en place en 2005 et rapidement tombée en sommeil, mais de contribuer à la recherche, à la formation, à la diffusion de la culture en s'appuyant sur une "gouvernance différente". Le but est que cette fondation s'autofinance.
Les établissements scolaires confessionnels vont être incités à passer sous contrat avec l’Éducation nationale. Des instructions seront adressées aux préfets et aux recteurs afin qu'ils fassent "pleinement usage" de leurs prérogatives de contrôle, notamment pour les établissements hors contrat.
Un programme de recherche sur l'islam de France, l'islamologie et le monde musulman sera mis en place. Des bourses seront développées à l'intention des doctorants travaillant sur l'islam.
Bernard Cazeneuve s'est ensuite rendu à Bordeaux où il a rencontré des responsables de la communauté musulmane.
Il a tout d'abord effectué un passage à la mosquée de la rue des Menuts puis a visité la grande mosquée de Bordeaux, où il s'est entretenu le recteur, M. Tareq OUBROU.
Enfin il s'est déplacé à la mosquée de Cenon au sein de laquelle il a, après avoir rencontré les membres du CRCM et les délégués des salles de prières musulmanes d’Aquitaine, prononcé un discours au cours duquel il a tenu à "rassurer nos compatriotes musulmans"
"Je sais aussi l’inquiétude qui saisit aujourd’hui nombre de nos compatriotes musulmans. Je veux leur dire, à travers vous, que j’en comprends les motifs et que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour apaiser leurs craintes, répondre à leurs attentes légitimes et leur procurer la tranquillité d’esprit à laquelle, comme chaque Français, ils ont droit".