Le nouvel hôpital de campagne de la Sécurité civile en test

Le nouvel hôpital de campagne de la Sécurité civile en test © MI/DGSCGC/J.Bertrand
16 octobre 2013

Pendant trois jours, du 15 au 17 octobre, 75 sauveteurs mettent en œuvre leur nouvel hôpital de campagne à Nîmes, fleuron du ministère de l’Intérieur en matière de médecine de catastrophe.


Ils ont choisi un terrain aussi grand qu’un stade de football, en bordure de l’ancienne base de l’armée de l’air de Nîmes pour planter et déployer les 32 tentes qui composent l’Elément de Sécurité Civile Rapide d’Intervention Médicale.

Entre eux, les 75 membres de cet hôpital de campagne, à la pointe de la technologie, l’appellent couramment l’ESCRIM. Imaginée au lendemain du tremblement de terre de Mexico en 1985 par Thierry Prunet et Michel Orcel, médecins de sapeurs-pompiers volontaires dans le Gard, cette structure aérotransportable a considérablement évolué depuis sa toute première mouture qui se résumait à deux caisses conditionnées dans une camionnette.

Escrim - Installation © MI/DGSCGC/J.Bertrand

Dans sa nouvelle version, l’ESCRIM est plus que jamais une structure hospitalière autonome, unique en son genre.

Armée par 33 sapeurs-pompiers professionnels et volontaires du service d’incendie et de secours du Gard (34) et 42 sapeurs-sauveteurs des unités militaires de la Sécurité civile de Brignoles (83) et Nogent-le-Rotrou (28), l’ESCRIM permet de prendre en charge des patients avec une qualité de prestation comparable à une structure en dur à l’exception de certaines spécialités très pointues comme la chirurgie cardiaque ou la neurochirurgie lourde. « Nous pouvons traiter tous types de pathologies dans cet hôpital de 100 lits:  du petit bobo jusqu’à la traumatologie qu’on peut retrouver sur des théâtres de guerre » explique le colonel Jean Blanchard, médecin chef au service d’incendie et de secours du Gard et responsable de l’ESCRIM.

« L’hôpital respecte les mêmes normes sanitaires et les mêmes protocoles qu’une structure en dur classique.  Nous disposons d’un plateau technique avec 2 blocs opératoires sous anesthésie générale et locale, d’un service de stérilisation, de radiologie et d’imagerie médicale numérique, de biologie pour les analyses de sang par exemple plus une pharmacie centrale et une salle de réanimation ».

Escrim - Bloc © MI/DGSCGC/J.Bertrand

Depuis les années 80, l’ESCRIM a acquis ses lettres de noblesse et évolue en permanence au gré des catastrophes naturelles et humanitaires. Suite aux retours d’expérience du tremblement de terre de Port-au-Prince en janvier 2010, les membres de l’ESCRIM ont affiné et amélioré leur dispositif. « Nous n’avons presque pas touché à la philosophie même de cet hôpital qui fonctionne jour et nuit. Le principe est toujours le même. Sauver le maximum de vies et les évacuer rapidement. Appliquer les principes fondamentaux de la médecine de catastrophe à la française, imaginée par le général Noto. En d’autres termes, amener les équipes médicales au plus près des blessés. Lors d’une catastrophe, la prise en charge des patients et de leur famille est une étape cruciale. Nous sommes face à des gens en très grande souffrance, souvent dans un total dénuement » explique le général Claude Renaudeau, pharmacien et conseiller technique du directeur général de la Sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC).« Au moment du triage, les médecins urgentistes sont amenés à faire des choix, parfois difficiles. Notre structure n’a pas vocation à réaliser une opération chirurgicale de 12 heures mais plutôt à opérer 12 personnes dans le même laps de temps ».

Escrim - montage structure

Depuis le début de l’année, l’ESCRIM a fait peau neuve et les tentes gonflables jaunes de la première version ont laissé place a des structures blanches immaculées, plus légères. « Nous avons aussi amélioré la partie technique opératoire, mis en place un système qui permet une meilleure gestion de l’oxygène. Nous avons également déployé l’imagerie numérique et acquis un échographe ».

Autonome, l’hôpital français assure son propre soutien logistique et n’a pas vocation à rester dans un pays au-delà du temps nécessaire au retour à la normale, après le passage d’une catastrophe. « Notre indépendance est aussi notre force » assurent de concert Claude Renaudeau et Jean Blanchard. « Après une catastrophe, nous ne devons jamais représenter un poids supplémentaire pour un Etat meurtri. Cette autonomie demande une constante discipline ».

Au sein de l’ESCRIM, la vie est rythmée par les patients qui partent et arrivent, comme au sein d’une structure en ville. La Sécurité civile a d’ailleurs mis en place une charte très claire. «  Quand nous intervenons nous ne sommes pas en France. Mais nous sommes la France, cette nation généreuse avec ses valeurs humanistes et nous soignons tout le monde ! » insiste Jean Blanchard. « Peu importe la couleur de peau, la culture et la religion. Nous avons le devoir de nous adapter au contexte local. Le respect de la personne est aussi important que le soin. Nous y veillons et le rappelons au quotidien. Ca passe aussi par la mise en place d’un paravent devant le lit d’un patient. Et puis vous savez, la douleur s’exprime différemment selon la culture de chaque peuple mais au fond, elle est toujours la même ».

Escrim - Hôpital de campagne © MI/DGSCGC/J.Bertrand