Entretien avec Mireille Ballestrazzi

Quel est votre sentiment après avoir été élue à la Présidence d'Interpol ?

Je ressens un sentiment de fierté et une grande joie après avoir été élue à la Présidence d'Interpol. Je me sens déterminée pour être à la hauteur de cette haute fonction internationale. C'est un nouveau challenge qu'il faut relever et qui s'offre à moi. J'agirai avec les moyens qui me sont alloués, j'ai déjà reçu les soutiens du ministre de l'intérieur, Monsieur Manuel Valls, du directeur général de la Police nationale, Monsieur Claude Baland et du directeur central de la Police judiciaire, Monsieur Christian Lothion. Je tiens aussi à témoigner toute ma reconnaissance pour les pays qui m'ont fait confiance et qui guident ma motivation pour répondre à leurs attentes.

Le regard tourné vers l'avenir, je mettrai tout en œuvre pour porter les valeurs de la France et de l'Union Européenne. Je souhaite enfin participer à l'œuvre de renforcement de la coopération policière internationale pour un monde plus sûr.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistera votre nouvelle mission ? En quoi votre parcours va être utile à Interpol ?

Tout en demeurant directeur central adjoint de la Direction Centrale de la Police Judiciaire, j'assumerai donc les fonctions de Présidente d'Interpol. Mes différentes missions seront de présider les sessions de l'Assemblée Générale (institution suprême de l'organisation, composée de délégués des pays Membres), celles du Comité exécutif et d'en diriger les débats. J'aurai également la charge d'assurer la conformité des activités de l'organisation avec les décisions de l'Assemblée Générale et du Comité Exécutif. Mon rôle sera en outre de maintenir un contact direct et constant avec le Secrétaire Général.
Enfin, à l'international, ma fonction de Président sera de représenter l'organisation dans le monde.

Quelle impulsion aimeriez-vous donner à Interpol ? Quels sont les chantiers qui vous tiennent à cœur ?

De nombreux chantiers me passionnent et renforcent mon engagement à la Présidence d'Interpol.

Etat de siège de l'Organisation depuis 1946, aux termes d'un accord renégocié en 2009, la France entretient avec Interpol une relation forte et ancienne. Je m'engage à étudier la possibilité de mettre à disposition, au profit du Secrétaire Général, des locaux supplétifs à Paris avec l'ambition de faciliter les contacts de haut niveau nécessaires à l'action d'Interpol.

Seule organisation mondiale de coopération policière avec 190 pays-membres, Interpol doit mettre en place ou développer des partenariats stratégiques et opérationnels avec les structures régionales. La relation qui s'est établie avec Europol et plus largement avec l'Union européenne, fournit un excellent exemple des relations fondées sur la confiance, le respect mutuel et le principe de complémentarité.

Il m'apparaît également indispensable de renforcer les liens avec l'ONU et ses agences, notamment dans le cadre des missions de maintien de la paix et dans le domaine de l'assistance technique.

La consolidation du cadre juridique d'action d'Interpol doit être poursuivie. La mise en œuvre effective du nouveau règlement de traitement des données, gage de sécurité et de qualité des échanges d'informations, offrira un niveau très élevé de garanties dont il conviendra d'obtenir la reconnaissance la plus large possible.
Avec le Complexe mondial de Singapour et plusieurs autres initiatives récentes, Interpol a fait le pari de l'innovation, que je continuerai de soutenir. Il ne fait aucun doute que cette orientation  ouvrira des perspectives radicalement nouvelles pour Interpol.

Je suis convaincue de la place fondamentale et déterminante, dans le domaine de l'entraide et l'assistance policière, que doit avoir l'organisation. Le renforcement du statut international d'Interpol et l'ouverture de nouveaux domaines d'action n'ont de sens que s'ils visent à améliorer les services rendus à nos polices, voire à nos autorités judiciaires. Je souhaite qu'en dépit d'un contexte budgétaire difficile, une gestion prudente et rigoureuse préserve les budgets alloués aux projets opérationnels, au développement et à la modernisation technique d'outils d'aide à l'enquête, qui doivent rester notre priorité.

J'apporterai mon soutien plein et entier au Secrétariat Général pour la réalisation de la feuille de route fixée par l'Assemblée Générale.

Enfin, je m'engage à travailler en confiance avec le Secrétaire Général et le comité exécutif, tout en demeurant à l'écoute de l'ensemble des Bureaux Centraux Nationaux et des polices des pays membres, dans une constante recherche d'équilibre et un indéfectible esprit d'entraide et de solidarité.