Réponse de Claude Guéant à une question d'actualité au Gouvernement lors de la séance du 18 mai 2011

18 mai 2011

Claude Guéant, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration, a répondu à une question de la députée Chantal Berthelot relative à la lutte contre la délinquance en Guyane, lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement du mercredi 18 mai 2011.


Chantal Berthelot, députée de Guyane

Merci, Monsieur le Président. Ma question s'adresse à Monsieur le Premier ministre. Les statistiques de l'Observatoire national de la délinquance publiées le 16 mai, c'est-à-dire donc lundi, révèlent une augmentation de l'insécurité sur l'ensemble du territoire. Malheureusement, encore en Guyane, cette délinquance enregistre la plus forte hausse : 17,7% pour les atteintes aux biens. Et 6% pour les violences physiques. La situation est particulièrement dramatique dans l'Ouest guyanais, notamment à la sous-préfecture de Saint-Laurent du Maroni. Le samedi 14 mai, une journée ville morte afin de protester contre cette violence quotidienne. Le 18 avril, c'était la communauté éducative qui manifestait pour dénoncer les agressions dans les enceintes scolaires par des éléments extérieurs à l'école. A cette insécurité, s'ajoute la situation de justice virtuelle dénoncée dans un rapport d'information du Sénat. Malgré la nomination d'un vice-procureur et d'un vice-président du tribunal à Saint-Laurent, la justice ne fonctionne pas, faute de personnels administratifs et de locaux adaptés. Les audiences sont envoyées au Tribunal de Grande Instance de Cayenne, lui-même engorgé et situé à 250 km. Cela fait bien sûr aux dépens des justiciables et aussi au détriment de la sécurité, puisque les forces de l'ordre, les gendarmes, sont obligés d'accompagner les prévenus. Alors, Monsieur le ministre, les droits essentiels à la sécurité et à la justice ne sont plus assurés en Guyane. Domaines, faut-il le rappeler, relevant de la compétence de l'Etat. Que comptez-vous faire pour assumer vos responsabilités afin que nos concitoyens ne soient plus abandonnés de cette République ?

Claude Guéant, ministre de l'intérieur

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, Madame la députée Berthelot.
Effectivement la délinquance évolue en Guyane de façon préoccupante. Vous auriez pu, du reste, ajouter l'incident grave qui est intervenu dimanche dernier lorsqu'un convoi a été mitraillé qui a occasionné la mort de six personnes. C'était un véritable guet-apens contre des gens qui étaient des orpailleurs illégaux et qui transportaient une quantité assez importante d'or. Dans ce combat contre l'orpaillage, qui est tellement nuisible en termes de délinquance parce qu'il est générateur de délinquance, et nuisible également à la faune et à la flore de Guyane, le gouvernement est lourdement engagé. En 2008, le président a décidé une opération qui allie les compétences des gendarmes, les compétences des militaires pour faire en sorte que nous puissions démanteler les camps d'orpaillage, pour que nous nous puissions casser les approvisionnements logistiques ; pour que nous puissions démanteler les réseaux. Et les résultats sont là puisqu'il n'y a plus d'augmentation d'orpaillages clandestins ; qu'il y a eu de l'ordre de 1500 interpellations ; qu'il y a eu de l'ordre de 2000 infractions qui ont été relevées. Et nous continuerons. Si je commence par l'orpaillage c'est parce qu'il est effectivement générateur de beaucoup de délinquance. Cela étant, vous avez raison, il y a d'autres actes de violence. Aux statistiques que vous avez citées, vous auriez pu en ajouter quelques-unes, comme par exemple le fait que les initiatives de la police et de la gendarmerie sont en très forte croissance. S'il y a augmentation de la délinquance c'est aussi le fait de l'activité de la police et de la gendarmerie qui révèle de la délinquance et cette augmentation est de 19% depuis le début de l'année. De la même façon que les violences aux personnes, vous auriez pu le dire sont, non pas en augmentation mais en diminution de 6%. Alors, cela étant, il nous reste beaucoup à faire. C'est ce à quoi le gouvernement s'emploie.