Le G8 élargi en lutte contre le trafic de cocaïne : « Unir les efforts !»

Le G8 élargi en lutte contre le trafic de cocaïne

Les ministres de l'Intérieur du G8 élargi adoptent un plan d'action contre le trafic transatlantique de cocaïne. Ce plan propose d'améliorer la collecte et la mutualisation du renseignement, d'intensifier la coopération maritime et de faciliter la saisie des avoirs criminels des trafiquants pour financer la lutte contre la drogue.


Dans le cadre de la présidence française du G8, une réunion ministérielle sur le trafic transatlantique de cocaïne s'est tenue le 10 mai au centre de conférences du ministère des Affaires étrangères, à Paris. Le ministre de l'Intérieur français, Claude Guéant, accompagné de Michel Mercier, garde des Sceaux, recevait les ministres en charge de la lutte contre les stupéfiants du groupe des huit pays les plus industrialisés (G8) et des représentants de quatorze pays concernés par ce trafic : pays producteurs, consommateurs ou de transit (Algérie, Afrique du Sud, Bolivie, Brésil, Colombie, Espagne, Ghana, Maroc, Mexique, Nigeria, Pays-Bas, Pérou, République dominicaine et Sénégal). Neuf organisations internationales participaient à cette réunion, parmi lesquelles l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Interpol, Europol et l'organisation mondiale des douanes. La Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement étaient également présentes.

Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a salué « l'originalité de cette démarche » qui vise la lutte contre le trafic transatlantique de cocaïne. « Un marché qui représente plus de 70 milliards de dollars. […] Il n'y avait pas jusqu'ici, à la différence ce qui se passe en matière de lutte contre le trafic d'héroïne, une attention internationale forte et coordonnée. »

Claude Guéant a indiqué que les pays producteurs, consommateurs et de transit ont décidé « d'unir leurs efforts […] ». « L'un des signaux forts de cette réunion est de présenter un front uni aux trafiquants de part et d'autre de l'océan à travers trois continents. » En outre, « cette initiative se distingue par sa dimension opérationnelle », les personnes présentes à cette réunion ayant directement en charge la sécurité dans leur pays.

« Nous avons pris conscience des intérêts communs qui unissent nos pays, a indiqué Claude Guéant. Nous savons que derrière le trafic de drogue, il y a des problèmes sanitaires, des questions qui touchent à la grande criminalité, à la délinquance de tous les jours. Il y a aussi des mises en cause de la gouvernance de certains États […] ainsi que des liens avec des menées terroristes. »

En Afrique, relève notamment le ministre de l'Intérieur, « la lutte contre le trafic de drogue constitue un objet de stabilité politique essentiel. Ces pays subissent de plein fouet les effets dévastateurs des trafics avec l'explosion de la corruption et dans certains États, une véritable mainmise des narco-trafiquants sur les structures institutionnelles ». Le ministre a rappelé l'exemple de la Guinée-Bissau qui a connu en avril 2010 un « véritable narco-coup d'État au moment où le gouvernement avait annoncé sa volonté de lutter contre les trafiquants ». Pour l'Amérique du Sud, la coupure de la route transatlantique apparaît comme « un atout indispensable » à la réussite de sa politique de réduction de la production. « Dans ces pays, la sortie du problème passe aussi par la conversion de leurs activités agricoles », a rappelé Claude Guéant.

Le plan d'action décidé à Paris le 10 mai prévoit d'intensifier la collecte et la mutualisation du renseignement, en renforçant et en reliant entre elles les plateformes de collecte de renseignements, notamment au sein des centres régionaux d'échange d'informations déjà établis en Afrique de l'Ouest, à Accra (Ghana) et à Dakar (Sénégal). « Nous avons offert aux pays d'Amérique latine et des Caraïbes la possibilité de se doter de plateformes comparables, pour resserrer le maillage de l'information », a indiqué Claude Guéant.

En second lieu, les ministres de l'Intérieur ont décidé de faciliter les interceptions maritimes « en simplifiant les cadres juridiques internationaux qui les régissent, et les poursuites judiciaires des suspects impliqués dans le trafic illicite de drogue ». Des accords bilatéraux ou régionaux seront encouragés pour favoriser l'interception de bateaux et d'avions de trafiquants jusque dans les eaux territoriales des États parties. Ces accords se feront « sur le modèle des accords de San José, conclus en 2003 entre les États-Unis, plusieurs États européens et d'Amérique centrale ».

Un troisième effort portera sur « l'amélioration des capacités de réaction des pays concernés, en axant la formation des forces de sécurité sur les trafics de stupéfiants, en identifiant tout au long de la chaîne judiciaire et pénale les faiblesses à corriger en matière de lutte contre les trafics de stupéfiants ». Enfin, les ministres prévoient un accroissement « de la coordination des États et des organisations internationales dans la mise en oeuvre des programmes d'assistance technique. »

Quatrième effort mentionné par le ministre de l'Intérieur : « Nous sommes d'accord pour nous coordonner afin de priver les trafiquants des profits qu'ils tirent de leur activité criminelle ». Le plan prévoit de faciliter l'accès aux réseaux internationaux d'identification des avoirs criminels ou de lutte contre le blanchiment d'argent. La démarche des pays qui n'ont pas encore de structures ni de procédures de confiscation de l'argent sale sera accompagnée afin qu'ils s'en dotent. Les États seront invités à réinvestir les avoirs confisqués dans la lutte contre la drogue. Claude Guéant a rappelé l'intervention du président de la République du 9 mai, qui appelait de ses voeux la constitution d'un fonds fiduciaire international alimenté par la saisie des avoirs criminels des trafiquants de drogue. Pour Claude Guéant, « ce serait un élément supplémentaire important de caractère financier à la disposition des entreprises communes de lutte contre la drogue ». L'ONUDC a été saisie pour mettre en oeuvre ce fonds.

Claude Guéant a conclu : « Nous notons avec satisfaction que les États-Unis d'Amérique, qui vont prendre le relais de la France dans la présidence du G8, ont bien l'intention de poursuivre ce combat contre les trafics transatlantiques de cocaïne ».