L'observatoire national interministériel de la sécurité routière rassemble et diffuse la statistique et la connaissance sur les accidents de la route. Il anime les études et la recherche sur le risque et les comportements routiers. Son travail contribue à formuler et à faire évoluer les politiques de sécurité routière.
Depuis le mois de novembre 2010, la sécurité routière a rejoint le giron du ministère de l'Intérieur (Ce qui concerne la sécurité des infrastructures routières et la sécurité des véhicules est resté du domaine de compétence du MEDDTL, le ministère en charge des transports) et, avec elle, l'essentiel du champ d'activité de l'observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), placé auprès de la déléguée à la sécurité et à la circulation routières (DSCR).
L'observatoire fonctionne comme une plateforme d'échanges de données statistiques et d'analyses au service des gestionnaires de réseaux routiers (le ministère des Transports pour les routes nationales en liaison avec les sociétés d'autoroutes, mais aussi les départements, les communes et leurs groupements compétents), au service également des autres partenaires du domaine de la sécurité routière (les associations d'usagers ou de victimes, les sociétés d'assurance et les constructeurs automobiles).
Son coeur de métier : l'accidentalité routière et l'exposition au risque routier, ainsi que les sujets connexes : partage de la route, comportement au volant et au guidon, prévention et éducation, infractions et sanctions. Au plan interministériel, l'ONISR travaille principalement avec l'Intérieur et les Transports mais aussi avec les ministères de la Santé, de la Justice, du Travail et de l'Éducation nationale. Il s'appuie sur un réseau d'observatoires locaux dans les départements et les régions : impliqués dans la production statistique, ceux-ci mènent des études locales d'enjeux, sous l'égide des préfets et en liaison avec les collectivités. Au niveau départemental, ils relèvent soit des directions départementales interministérielles, soit des services des préfectures.
La statistique sur l'accidentalité combine des données à chaud, dites de conjoncture, et une base de données complète, bien plus riche en information, mais disponible avec un décalage de six mois au moins. Les données brutes de conjoncture, constituées chaque mois par le ministère de l'Intérieur (remontés des services territoriaux de la gendarmerie et de la police, les chiffres sont synthétisés à la direction de la modernisation et de l'action territoriale, sous-direction de la circulation et de la sécurité routières), permettent d'établir le baromètre national de la sécurité routière, qui rend publiques les estimations provisoires des tendances. Il s'agit d'estimations du total national des accidents, des blessés et des tués, mais les quelques ventilations disponibles à ce stade (par départements, et pour les tués par catégories d'usagers et par tranches d'âge) ne permettent pas l'analyse approfondie des évolutions.
Pour les connaître, chacun des 70 000 accidents corporels qui se produisent chaque année en France fait l'objet d'un bulletin statistique détaillé établi par les unités des forces de l'ordre intervenues. Ce bulletin informatique est versé au fichier national des accidents corporels. Ce sont ces informations qui vont permettre d'avoir une connaissance très fine des causes et des circonstances des accidents de la route.
"Le rôle de l'ONISR est de recueillir de la statistique et de produire des analyses sur la sécurité routière", explique Louis Fernique, secrétaire général de l'ONISR. "À partir de statistiques détaillées, nous réalisons certaines analyses et suscitons, orientons ou alimentons diverses études et recherches : pré- ou post-évaluations des politiques de sécurité routière, prospective à moyen et long termes". Ces travaux, financés par la DSCR ou par d'autres partenaires publics, mobilisent un large réseau de chercheurs en accidentologie et autres disciplines en cause, tout particulièrement les équipes de l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (IFSTTAR), ainsi que divers autres pôles d'expertise au sein du réseau scientifique et technique du ministère en charge des Transports (MEDDTL). Ces travaux ont par exemple permis de modéliser le lien entre l'installation des radars automatiques, commencée en 2003, la baisse de la vitesse moyenne obtenue depuis lors de l'ordre de 10 km/h, et la diminution de la mortalité sur les routes. Ou à comprendre comment les deux-roues motorisés représentent plus d'un quart de la mortalité sur route pour moins de 2 % du trafic. Cette information encore : les personnes âgées de plus de 65 ans, soit 17 % de la population française, représentent 53 % de l'ensemble des piétons tués. Un travail en cours étudie la part de l'endormissement dans la mortalité routière sur le réseau classique, alors que sur autoroutes, on sait qu'elle avoisine 30 %.
L'ONISR s'intéresse aussi aux phénomènes en évolution comme par exemple l'influence du téléphone mobile dans les accidents. On sait aujourd'hui qu'environ 10 % des accidents corporels sont liés à l'usage du téléphone portable. "Avec les portables, les adolescents n'utilisent pas le vocal mais quasi exclusivement les SMS, or ce sont eux les conducteurs de demain", précise Louis Fernique. "L'éducation routière constitue aussi pour nous un axe de recherche. La statistique nourrit la recherche qui permet de définir les politiques les mieux ciblées et de les faire évoluer au mieux", souligne-t-il. "Il s'agit aussi pour nous d'anticiper sur les sujets du futur, comme par exemple l'augmentation démographique des seniors, ou les nouveaux développements des technologies nomades susceptibles d'interférer avec la conduite, et de proposer de nouvelles mesures".
L'ONISR produit chaque année un bilan annuel de la sécurité routière. Un volumineux document qui recense tous les éléments concernant l'accidentalité routière de l'année précédente. Il est disponible pour le public, avec nombre d'autres éléments d'informations ou d'analyses, sur le site Internet de l'ONISR (tapez simplement "ONISR" sur votre moteur de recherche).
Source : Magazine Civique mai 2011