Entretien de Brice Hortefeux dans Nice Matin : baisse de la délinquance, maîtrise de l'immigration et sécurité routière

4 janvier 2011

Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration, a accordé un entretien au journal Nice Matin, publié dans son édition du lundi 3 janvier 2011.


Sécurisation des fêtes : l’hommage au dévouement des forces de sécurité et de sécurité civile

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Interrogé sur le dispositif de sécurisation des fêtes de fin d’année, le ministre de l’intérieur est revenu sur les mesures prises en amont avec, notamment, la réunion des préfets place Beauvau, dès le début du mois de décembre, pour leur "transmettre des consignes de vigilance et d’anticipation". Brice Hortefeux a ensuite évoqué ses déplacements sur le terrain, à Paris comme dans les régions, du week-end de Noël à la nuit de la Saint-Sylvestre pour s’assurer en personne de "la bonne mise en œuvre des instructions" et pour "rendre hommage au dévouement des forces de sécurité et de sécurité civile" qui, sans interruption, dans des conditions parfois difficiles et au détriment de leur propre vie de famille, sont fidèles au poste et méritent à ce titre l’estime des Français. Le ministre a adressé

une pensée toute particulière » aux six pompiers agressés, jeudi dernier, à Nice par des individus cagoulés qui leur ont lancé un engin explosif alors qu’ils intervenaient sur un feu de poubelles. Parce qu’il est "hors de question de laisser quelques poignées de voyous s’attaquer aux sapeurs-pompiers et, par la même occasion, de mettre en péril l’accès aux secours de quartiers entiers", Brice Hortefeux a demandé aux forces de sécurité d’« assurer l’escorte de leurs camarades sapeurs-pompiers chaque fois que les circonstances locales l’exigent".

 2010, huitième année de baisse consécutive de la délinquance

Questionné sur les résultats de la politique du Gouvernement en matière de lutte contre la délinquance, le ministre de l’intérieur a déclaré que

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la délinquance recule, grâce à la mobilisation totale de l’ensemble de la chaîne de la sécurité, pour la huitième année depuis 2002.

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Il a mis en avant l’arrêt de la progression des violences aux personnes et la diminution significative des atteintes aux biens. « Que ce soit en Seine-Saint-Denis, à Marseille ou à Grenoble, le message est clair : pas de territoire oublié, pas de délinquance tolérée » a-t-il insisté. Favorable à une réponse ciblée, le ministre a vanté les mérites de la vidéoprotection, qui permet d’identifier les délinquants, mais aussi d’en dissuader un certain nombre : "un voyou qui se sait filmé réfléchit à deux fois avant de passer à l’acte" a fait valoir le ministre.  La voie publique compte aujourd’hui 37 000 caméras, c’est-à-dire 17 000 de plus qu’en 2007. En 2011, le ministère de l’intérieur en financera 9 000 caméras supplémentaires, car "la lutte contre la délinquance est un combat permanent". En la matière, Brice Hortefeux a tenu à saluer tout particulièrement les réalisations de Toulon et de Nice, grâce à l’engagement de leurs maires, Hubert Falco et Christian EstrosiI.

"Pas d’avenir pour les braqueurs !"

Amené à réagir sur des braquages survenus récemment sur la Côte-d’Azur, le ministre de l’intérieur a reconnu que "la fin d’année s’accompagne d’un regain d’activité des braqueurs" compte tenu des nombreux mouvements d’argent liquide vers les banques. Pour y faire face, les patrouilles ont été multipliées aux abords des banques, des centres commerciaux et des commerces sensibles. Sur les onze premiers mois de l’année, le nombre de vols à main armée a diminué de -13 % par rapport à 2009. De même, le nombre des attaques de distributeurs automatiques de billets a baissé : 60 en 2009, mais 37 depuis le début de l’année. Dans plus de 70% des cas, nous mettons en échec les attaques à la voiture bélier. "Il n’y a pas d’avenir pour les braqueurs !" en a conclu Brice Hortefeux.

Création de 26 brigades spécialisées

Soucieux d’adapter l’action des services de sécurité au mode de vie des délinquants pour mieux désorganiser et démanteler leurs trafics, le ministre a annoncé sa décision de créer "26 brigades spécialisées pour renforcer de manière ciblée la présence des forces de sécurité sur le terrain". Chaque année, la situation sera évaluée avec l’autorité judiciaire, les élus et les acteurs locaux et le ministre décidera s’il convient de maintenir l’unité en place, de l’adapter ou de la redéployer sur une autre zone.

"Chaque jour, chaque nuit, nous gagnons des batailles contre les dealers et les trafiquants"

Responsable de la lutte contre le trafic de drogue, Brice Hortefeux a insisté sur la détermination absolue et permanente dont font preuve les forces de sécurité face à un "fléau qui va du deal de proximité au grand réseau international". Au plan international, le ministre a tenu à personnellement fédérer nos partenaires de l’Union européenne autour d’un pacte contre le trafic de drogue. Grâce à la coordination opérationnelle des efforts, les résultats sont démultipliés : sur les 11 premiers mois de l’année, les forces de sécurité ont saisi en France  53 tonnes de cannabis, 4,8 tonnes de cocaïne, 962 kilos d’héroïne et 218 000 comprimés d’ecstasy.

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Chaque jour, chaque nuit, nous gagnons des batailles contre les dealers et les trafiquants

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a fait valoir le ministre.
25 500 étrangers en situation irrégulière éloignés lors des onze premiers mois de 2010
Comme ministre de l’immigration, Brice Hortefeux a indiqué agir en fonction d’un principe simple : "comme tous les pays du monde, la France a le droit, ni plus ni moins, de choisir qui elle veut et qui elle peut accueillir sur son territoire". Depuis 2007, près de 106 000 immigrés clandestins ont été éloignés, dont 25 500 lors des onze premiers mois de l’année 2010. "Nous combattons avec vigueur les passeurs, les mafieux, tous ces esclavagistes modernes qui exploitent la misère humaine" a insisté le ministre, en soulignant que de janvier à décembre 2010, 156 filières ont été démantelées, contre 126 en 2009 et que près de 100 000 personnes qui tentaient d’entrer sans visa ont été refoulées depuis trois ans. Interrogé sur les perspectives d’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen, Brice Hortefeux a rappelé que dans ce cas "leurs frontières deviendraient les nôtres", avant de s’interroger sur leur capacité à assumer cette "très lourde responsabilité", dont il estime que "c’est à eux de la démontrer".

"En Corse, comme partout ailleurs en France, il n’y a de place que pour l’Etat de droit"

S’il reconnaissait que 

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la Corse fait face, depuis quelques mois, à des règlements de compte très violents et à une recrudescence des attentats contre les biens,

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le ministre de l’intérieur ne se résout pas pour autant à cet état de fait "car les Corses méritent mieux que cela". Il a rappelé la mobilisation des policiers et des gendarmes : sur les 22 derniers mois, 14 règlements de compte ont été élucidés et 317 personnes ont été interpellées, dont 73 ont été mises en examen. "C’est bien la preuve qu’en Corse, comme partout ailleurs en France, il n’y a de place que pour l’Etat de droit. J’ajoute que la violence n’est, bien évidemment, jamais la bonne réponse à des questions qui doivent, dans une démocratie, se traiter par le dialogue" a fait valoir le ministre.

A ce stade, pas de "conseiller territorial"en Corse

Interrogé sur l’application de la réforme des collectivités territoriales en Corse, Brice Hortefeux a rappelé que cette réforme a été approuvée par le Parlement et validée par le Conseil constitutionnel et qu’elle est désormais en vigueur partout en France, en tenant compte du statut des différentes collectivités. Par exemple, la loi prévoit que la réforme de l'intercommunalité s'applique en Corse, mais que l'on n'y créera pas, à ce stade, de "conseiller territorial". Autrement dit, la distinction entre les conseillers de l'assemblée de Corse et les conseillers généraux de Haute-Corse et de Corse du Sud est maintenue. "Si une évolution était souhaitée par l’assemblée de Corse, il appartiendrait au Parlement d'en débattre" a confirmé le ministre.

Réforme du permis à points : "Nous sommes arrivés à une position équilibrée"

Brice Hortefeux a tenu à saluer Eric Ciotti pour son « travail remarquable » au Parlement afin de "donner aux forces de sécurité de nouveaux instruments de lutte contre la délinquance". Pour ce qui est du permis à points, le ministre a estimé que "nous sommes arrivés, ensemble, à une position équilibrée". Rappelant "son obsession à faire reculer l’insécurité routière", le ministre a souhaité  "refuser tout laxisme" et "garder le cap pour sauver des vies". C’est pourquoi il a refusé la position du Sénat qui allait "beaucoup trop loin dans l’assouplissement" et se réjouit de "l’évolution raisonnable" votée par l’Assemblée nationale avec la récupération, au bout de 2 et non plus 3 ans, des points perdus, sauf pour les infractions les plus graves.
"Il n’est pas question d’aller plus loin a-t-il prévenu."

"Je crois au partenariat entre l’Etat et les maires pour lutter contre toutes les formes de délinquance"

"Chacun à sa place, chacun dans son rôle, les représentants de l’Etat et les élus locaux doivent travailler main dans la main" a insisté le ministre, vantant notamment ce qui se passe dans les Alpes-Maritimes : "quand le maire de Nice développe la police municipale, quand le président du conseil général des Alpes maritimes applique le contrat de responsabilité parentale, ils servent l’intérêt général !"