Colloque "Biodiversité et développement : enjeu crucial pour nos Outre-mer" CESE - Palais d'Iéna les 5 et 6 décembre 2011

Colloque biodiversité et développement
29 décembre 2011

Pendant près de deux jours, des représentant(e)s des principales associations ultramarines de protection de la nature, des représentant(e)s des ministères et organismes concernés (écologie, recherche, industrie et tourisme) ont échangé et débattu au Conseil Economique Social et Environnemental à l'initiative de la fédération France Nature Environnement autour du thème « Biodiversité et développement : enjeu crucial pour nos Outre-mer » dans le cadre de 2011, année des outre-mer.


Parmi les personnalités présentes, figuraient Christiane TAUBIRA, députée de la Guyane, Jérôme BIGNON, député de la Somme, président de l'Agence des Aires Marines protégées et président du Conservatoire du littoral, Christian GAUDIN, préfet administrateur supérieur des TAAF, ou encore Allain BOUGRAIN-DUBOURG, président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, pour ne citer que les plus connus.

Après plusieurs interventions d'accueil, dont celle de M. Robby JUDES, conseiller auprès de Daniel MAXIMIN, au commissariat de l'année des outre-mer, M. Vincent BOUVIER, délégué général à l'outre-mer, a ouvert le colloque. Il a tout d'abord excusé Marie-Luce PENCHARD, ministre chargée de l'outre-mer alors en déplacement officiel en Guadeloupe et rappelé tout l'intérêt qu'elle portait aux questions de préservation et de valorisation de la biodiversité en outre-mer.

Après avoir souligné la richesse de la biodiversité ultramarine (voir encadré), M. Vincent BOUVIER a rappelé les grands dossiers et les projets portés par le ministère chargé de l'outre-mer dans le domaine de l'environnement et plus précisément de la biodiversité. Il a ainsi évoqué les mesures issues du conseil interministériel de l'outre-mer du 6 novembre 2009, dirigées vers le développement endogène des territoires ultramarins, telles que la valorisation de la pharmacopée traditionnelle  et la constitution en cours de l'Initiative française pour la biodiversité en outre-mer (IFREBIOM). Il a également rappelé la politique volontariste de protection des espaces naturels conduite conjointement avec le ministère chargé de l'écologie : parcs nationaux et régionaux, réserves naturelles, parcs naturels marins, ... Il a également souligné le potentiel que représente la biodiversité pour l'innovation, la recherche et le développement économique dans les territoires d'outre-mer. Il a aussi mentionné les plans qui visent à réduire l'impact des produits phytosanitaires (plan Banane durable, plan Chlordécone, volet Ecophyto DOM du programme Ecophyto 2018).

Huit tables rondes se sont réunies sur différents thèmes avec pour chacune d'entre elles le témoignage d'une association de terrain d'une des collectivités d'outre-mer.

Il fut ainsi question de la Guyane (schéma départemental d'orientation minière, prospection pétrolière offshore au large de Cayenne), de Mayotte (parc naturel marin, récifs coralliens, impact éventuel du projet d'allongement de la piste de l'aéroport), de Saint-Pierre et Miquelon, de la Polynésie française (actions de protection des tortues marines, enjeu de la maîtrise du tourisme), , de la Nouvelle-Calédonie (industrie minière, mangroves, biodiversité endémique), de La Réunion (richesse de la faune et de la flore, impact possible des grands projets d'aménagements routiers), des Antilles (pollution par les pesticides, consommation des espaces naturels et agricoles notamment par les fermes photovoltaïques), ou des questions d'applicabilité du droit de l'environnement à Saint-Barthélemy, compétence de la collectivité.

Mme Coralie NOEL, chef du département écologie, logement, développement et aménagement durables, a participé le mardi 6 décembre à la table ronde :  "Valoriser les ressources environnementales sans les dégrader" aux côtés de Pierre ALBANO, directeur délégué à l'environnement d'Air France, Denez L'HOSTIS, pilote de la mission Mer et Littoral de FNE, membre de l'IFRECOR et administrateur de l'Agence des Aires Marines Protégées, et Jacques TROUVILLIEZ, Direction Eau et Biodiversité du Ministère de l'Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement.

Mme NOEL a souligné qu'il ne s'agit certainement pas de préserver pour préserver, ni de"mettre la nature sous cloche", mais de la valoriser : la biodiversité et le développement des énergies renouvelables sont des atouts pour l'innovation et le développement économique endogène des outre-mer, lesquels peuvent devenir des territoires d'excellence dans ces domaines. Le ministère chargé de l'outre-mer soutient ces démarches, par exemple par l'appel à projets annuel dédié à la recherche opérationnelle et le soutien aux grappes d'entreprises ultramarines. Elle a également présenté le passeport vert « biodiversité outre-mer » en souhaitant qu'un partenariat plus important puisse se nouer avec Air France, en relation avec les offices du tourisme des outre-mer afin d'assurer une meilleure diffusion du passeport (transport des brochures).

Mme Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, ministre chargée de l'écologie, lors de son discours de clôture, a précisé qu'elle était soucieuse d'un  équilibre entre le développement des territoires ultramarins et la protection de leur biodiversité.  La question est de trouver un modèle de développement compatible avec la biodiversité. Et en Outre-Mer, contrairement à la métropole où on est en train de dépasser ça, c'est qu'il y a ceux qui veulent le développement économique et ceux qui veulent la protection de la biodiversité. Nous n'avons pas encore réussi à réconcilier les deux points de vue".

Quelques données chiffrées :
Les outre-mer français représentent :

- 98% de la faune vertébrée spécifiquement française
- 96 % des plantes spécifiques françaises

Sur une superficie réduite (0,08 % de la surface terrestre mondiale), près de 3 360 plantes et près de 240 vertébrés ne sont présents que dans ces territoires (espèces endémiques), soit plus que dans toute l'Europe continentale.

Neuf de ces territoires sont situés dans un des 34 points chauds de la biodiversité mondiale, dont deux, La Réunion et la Nouvelle-Calédonie, font partie des 10 points chauds de biodiversité marine.

Aspects maritimes :

L'outre-mer couvre 97% de l'espace maritime français.
Taux d'endémisme très élevé : plus de 13 000 espèces endémiques. L'île de Rapa en Polynésie française rassemble sur 40km² plus de 3000 espèces endémiques.

Récifs coralliens : la France compte 10% de la superficie mondiale des récifs, 20 % des atolls de la planète et la plus grande barrière de corail après celle d'Australie.

La Guyane possède un des 15 derniers grands massifs de forêt tropicale primaire non encore fragmenté.

Les surfaces émergées des collectivités d'outre-mer représentent seulement 120 000 km2 soit 0,08 % de la surface terrestre (dont 85 000 km2 pour la seule Guyane). À l'inverse, le domaine maritime associé à ces territoires (ensemble des eaux sous juridiction française) se révèle très étendu avec plus de 10 millions de km2 (3 % des mers et océans du monde), faisant de l'espace maritime français le deuxième du monde après les Etats-Unis.

Les collectivités d'outre-mer (hors Terre Adélie) abritent 1,4 % des plantes du monde, 3 % des mollusques, 2 % des poissons d'eau douce, 1 % des reptiles et 0,6 % des oiseaux.

En considérant uniquement les espèces endémiques, il y a 50 fois plus d'espèces de plantes, 3,8 fois plus d'espèces de mollusques et 77 fois plus d'espèces d'oiseaux endémiques en outre-mer qu'en métropole.

Plus de détails :
Références mai 2010 Données de synthèse sur la biodiversité « Richesse et endémisme de la biodiversité ultramarine française » (site du MEDDTL)