Les sections d'intervention rapide font leur entrée dans les stades

Les premières sections d'intervention rapide viennent d'être mises en place dans les directions départementales de la sécurité publique concernées par un club de football évoluant en ligue 1. L'objectif est de renforcer la sécurité à l'intérieur des enceintes sportives.


SIR dans les stades

À l'occasion du match de championnat Lyon-Nice du 27 février 2010, la DDSP du Rhône a testé, pour la première fois en France, une unité spécifique qui permet de renforcer la sécurité dans les stades de football, en luttant notamment contre les fauteurs de troubles qui empoisonnent l'univers du ballon rond. Cette unité, la section  d'intervention rapide (SIR), ne se substitue pas à une autre mais s'intègre dans les dispositifs d'ordre public prévus dans les stades.

Comme le précise la direction centrale de la sécurité publique, sa mission consiste à "désamorcer les situations tendues à l'intérieur des enceintes sportives, par l'identification et la neutralisation subséquente des fauteurs de troubles".
Si la première section à entrer en action fut celle de la DDSP du Rhône, d'autres unités ont déjà été créées ou le seront très bientôt. 

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Bordeaux et Toulouse sont prêts, Montpellier devrait suivre, précise Antoine BOUTONNET, chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme1. Et nous disposerons d'un SIR par club de Ligue 1, au moment où débutera, au mois d'août, le championnat de France de football, conformément aux objectifs définis par la direction centrale de la sécurité publique2.

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La création de ces SIR s'inspire d'une expérience qui avait été menée en Seine-Saint-Denis.

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Alors qu'il était chef de district de Saint-Denis, Jacques MERIC3 a participé à la conception et à la mise en place du service d'ordre pour les grands événements organisés au Stade de France, et particulièrement lors des matchs de football. Il avait notamment créé une unité de fonctionnaires de police en tenue de sport positionnée à l'intérieur de l'enceinte. Ces policiers avaient une connaissance parfaite des lieux. Ils pouvaient donc intervenir sur tout le stade, mais également amener d'autres unités sur les différents points chauds.

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L'expérience a duré dix ans, suffisamment en tout cas pour permettre à Antoine BoutounnetT, qui était également à l'époque en poste en Seine-Saint-Denis, d'en tirer des enseignements. "Les résultats étaient très satisfaisants, notamment en matière d'interpellations."

Fort de cette expérience, Antoine Boutounnet est également parti du constat qu'il manquait, dans les stades, un niveau intermédiaire entre les stadiers et les unités lourdes en tenue MO. "Il nous est apparu utile de disposer de policiers capables de désamorcer les tensions, quand les stadiers sont dépassés, et éviter systématiquement l'envoi d'unités de maintien de l'ordre. Nous avons justement fait le choix de la tenue sportive pour ces unités. Cela leur permet d'intervenir plus discrètement. Leur présence est néanmoins dissuasive puisqu'un flocage “police nationale” les identifie clairement."

En mesure d'intervenir partout dans le stade, les SIR sont également chargés de participer à l'identification des personnes à risques et des fauteurs de troubles. Pour cela, chaque policier est équipé d'une camérapiéton et l'un des fonctionnaires dispose même d'un caméscope lui permettant de filmer chaque intervention et d'apporter des éléments de preuve au dossier des individus interpellés. " Les policiers ont l'avantage de connaître très bien l'univers des supporteurs. En contact avec les correspondants hooliganisme et les fonctionnaires du SDIG, ils disposent des renseignements nécessaires sur les groupes de supporteurs et les hooligans, pour pouvoir facilement les repérer."

Si les SIR sont à même d'intervenir en tout point du stade, ils ne le font cependant pas d'initiative. Seul le chef du dispositif d'ordre public apprécie l'opportunité et les modalités de leur intervention.

Quant aux premiers résultats de l'expérience, la division nationale de lutte contre le hooliganisme les juge satisfaisants : "Ils ont notamment contribué à de nombreuses interpellations lors de “fights” entre supporteurs ".

1. La division nationale de lutte contre le hooliganisme a été créée le 30 septembre 2009 au sein de la direction centrale de la sécurité publique (DCSP). Elle est chargée d'assurer la coordination et la mise en synergie des compétences des forces de l'ordre, tant en matière de renseignement, d'activité judiciaire que d'ordre public.

2. Sauf à Paris où la sécurité du Parc des Princes relève de la responsabilité de la Préfecture de police.

3. Jacques Méric, est aujourd'hui contrôleur général et sous-directeur de l'évaluation de la prospective et des affaires internationales à la DCSP.