La sécurité ferroviaire - la coopération sur de bons rails

Le service national de police ferroviaire de la police aux frontières coordonne la sécurité du réseau ferré sur l'ensemble du territoire. Trois officiers de liaison, issus de la préfecture de police, de la direction centrale de la sécurité publique et de la gendarmerie, jouent un rôle de trait d'union entre les différentes forces.


La sécurité ferroviaire

À la suite de graves incidents survenus le 1er janvier 2006 sur la ligne régionale Nice-Marseille, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, annonçait la création du service national de police ferroviaire (SNPF) pour renforcer la sécurité ferroviaire sur un plan global et national. Deux arrêtés ministériels du 27 juin 2006 et une circulaire du 28 septembre 2006 définissaient son organisation et ses missions.

Placé sous l’autorité du directeur central de la police aux frontières (DCPAF), le SNPF assure la veille opérationnelle du réseau ferré. "La problématique générale du rail est particulière, explique Patrice Bonhaume, commissaire divisionnaire, sous-directeur chargé du service. La délinquance ferroviaire ne représente que 3 % des chiffres de la délinquance constatée au niveau national, mais celle-ci est médiatiquement et socialement très sensible avec des conséquences potentiellement lourdes, l’exercice du droit de retrait des agents de la SNCF pouvant aboutir à la paralysie du trafic".

Disposant d’un accès tant à la base nationale du système de traitement des infractions constatées (STIC) qu’à l’Infocentre de la gendarmerie, la SNCF a recensé 108 879 crimes et délits en 2009 (en retrait de 2,99 % par rapport à l’année précédente). Près de 32 000 infractions constatées relèvent de l’activité d’initiative. Parmi les quelque 77 000 infractions restantes, les trois-quarts sont des atteintes aux biens, une sur cinq des atteintes aux personnes.

Pour y faire face, le SNPF s’appuie sur un poste de commandement central, activé 24 heures sur 24, qui suit l’activité opérationnelle et événementielle des réseaux ferrés métropolitains, et sur un pôle d’analyse et de gestion opérationnelle (PAGO), chargé d’établir des diagnostics de délinquance, des comptes-rendus d’activité et de construire l’initiative des opérations d’envergure nationale, interzonale ou locale.

Il dispose également au sein de la brigade centrale des chemins de fer (BCF) d’une unité d’appui opérationnelle (UAO) forte de 114 policiers, qui renforce selon les besoins l’action des six BCF zonales et des différentes forces de sécurité concourant à la sécurité des réseaux : au travers des DDSP et des 3 SISTC de Lille, Lyon et Marseille, des groupements de la Gendarmerie nationale et de la préfecture de police pour l’Île-de-France. Ainsi en 2009, 269 615 patrouilles ont été effectuées pour plus de 342 000 trains et 583 000 gares sécurisées sur tout le territoire. 109 000 faits de délinquance ont été enregistrés.

Pour assurer sa mission de coordination, d’animation, et de veille permanente, et effectuer l’interface continue avec les différentes forces de police et de gendarmerie, le SNPF entretient une relation étroite avec le poste de commandement national de la sûreté de la SNCF mais aussi avec chacune de ces forces au travers les officiers de liaison. "Trois officiers de liaison jouent un rôle prépondérant pour servir de lien transversal avec la sécurité publique, la gendarmerie et la préfecture de police, continue Patrice Bonhaume. Une synergie opérationnelle est ainsi créée entre les services". Le SNPF tient compte des informations reçues par les officiers de liaison pour envoyer quotidiennement des forces en troisième couronne parisienne et en province pour renforcer les dispositifs mis en place sur le réseau.

Le lieutenant-colonel de gendarmerie David Ribeiro fait le lien entre son administration d’origine et le SNPF. Il travaille étroitement avec des officiers référents dans chaque zone de défense du territoire pour un échange d’informations autour d’événements survenus ou à venir : "La gendarmerie a très vite compris l’enjeu du rail, souligne-t-il. Bien que la délinquance ferroviaire se concentre sur les grandes villes, on ne pouvait négliger le réseau secondaire car les trois-quarts des sillons ferroviaires sont situés en zone gendarmerie. Avec la DGGN, nous avons donc mis en place un dispositif de circulation des renseignements et des informations au travers d’un maillage de correspondants". Ce réseau secondaire est également confronté à des problèmes spécifiques : vols de cuivre et autres métaux, délinquance isolée, accidentologie route/rail.

La capitaine Isabelle Le Goff échange quant à elle des informations entre le SNPF et les services opérationnels de la direction centrale de la sécurité publique. Auprès de la sous-direction de l’information générale pour les événements générant des mouvements de foule qui impacteraient les gares et les axes ferroviaires (manifestations, conflits sociaux, déplacements de supporters…) ; auprès de l’état-major pour les incidents ferroviaires ou les faits de délinquance marquants, ainsi que leurs suivis judiciaires ; auprès de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, travaillant sur tous les matchs considérés comme sensibles ; auprès de la division de l’ordre public et des unités spécialisées, pour les grands événements internationaux organisés en France.

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L’objectif est d’apprécier si l’ordre public sera troublé ou non sur le réseau ferré. Chacun de ces services me transmet des informations susceptibles d’orienter l’action du SNPF et réciproquement. Nous mettons en place des dispositifs coordonnés afin d’optimiser l’emploi complémentaire des forces de police pour une sécurisation efficace du réseau.

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Pour la région Île-de-France, le capitaine Frédérick Barry effectue l’interface avec la sous-direction régionale de police des transports (SDRPT) de la préfecture de police. Son rôle a été prépondérant au cours d’un récent fait divers : "Un individu a été agressé à coups de couteaux dans la gare de La Courneuve, explique-t-il. J’ai reçu cette information par le biais du compte rendu journalier que nous envoie la SNCF et j’ai donc pris attache avec le commissariat de La Courneuve pour obtenir plus d’éléments. Deux personnes étaient en garde à vue et nous avions le signalement d’une troisième. J’ai communiqué ces informations au SNPF, à la gendarmerie et à la SDRPT. Entretemps, la police régionale des transports de la gare du Nord avait interpellé l’individu en question pour une autre affaire. Grâce aux informations relayées, les collègues ont fait le rapprochement avec l’affaire des coups de couteaux et ont ainsi ouvert une affaire à multiples tiroirs". Un croisement de renseignements qui n’aurait pu être effectué sans la participation du SNPF.