La relance économique de Commercy

La relance économique de Commercy
6 février 2017

Deux ans avant la dissolution programmée en 2013 du 8e régiment d’artillerie, le bassin de Commercy a bénéficié d’un contrat de développement économique piloté par le préfet de la Meuse, qui lui a permis de retrouver un véritable dynamisme économique.


Juillet 2008, la dissolution du 8e régiment d’artillerie est annoncée dans le cadre du plan national de restructuration des sites de la Défense. Le régiment, installé au quartier Oudinot depuis 1964, compte 850 militaires, soit 2000 personnes avec les familles, « ce qui représentait environ 15 % de la population de la communauté de communes, précise Romain Reymond-Kellal, le sous-préfet de Commercy chargé d’animer le comité de suivi opérationnel du contrat. Vous pouvez donc imaginer l’impact potentiel de cette décision sur la vie économique de la région qui souffrait déjà, depuis une dizaine d’années, d’un déclin de son secteur industriel et de la perte d’un millier d’emplois ».

Conscient des difficultés à venir liées au départ des militaires, le Gouvernement a décidé que le bassin de Commercy bénéficierait de l’ensemble des mesures prévues par l’État pour l’accompagnement territorial du redéploiement des armées. Commercy remplissait tous les critères pour bénéficier du contrat de redynamisation de site de Défense (CRSD), qui  prendra donc le nom de contrat de développement économique. « L’objectif de ce contrat était de mobiliser les financements de l’État afin de mettre en oeuvre plusieurs actions permettant de redynamiser le territoire et de fédérer autour de celles-ci l’ensemble des partenaires locaux : la communauté de communes du pays de Commercy, qui a assuré la maîtrise d’ouvrage de nombreuses actions, mais aussi la ville, la région, le département et les trois chambres consulaires (chambre de commerce et d’industrie, chambre des métiers et de l’artisanat, et chambre d’agriculture) ».

13,7 millions d’euros seront inscrits au contrat auxquels s’ajouteront 14 millions de cofinancements publics et privés, pour la mise en oeuvre de 29 actions, divisés en axes stratégiques : le développement économique  et de l’attractivité du territoire ; le développement de l’activité du secteur du bois, de l’énergie et de l’écoactivité, le développement du secteur agroalimentaire remplacé par celui du secteur composite ; et le développement de l’offre touristique, culturelle et d’hébergement.

En juillet 2011, soit deux ans avant la dissolution effective du 8e RA, le contrat était signé entre l’État, représenté par le préfet de la Meuse, et les collectivités locales et les chambres consulaires, pour une durée de trois ans reconductible par un avenant de 24 mois.

Cinq ans plus tard, à la fin du contrat, l’ensemble des partenaires s’accordent sur le fait que les résultats sont à la hauteur des investissements réalisés. « Nous avons dépassé les objectifs fixés au départ, puisque le nombre d’emplois créés en CDI - 938 emplois d’ici à 2021 - sera supérieur à celui des emplois perdus suite à la fermeture du 8e RA. Aujourd’hui, 438 emplois sont d’ores et déjà créés et pérennisés, et pour la première fois depuis le départ des militaires en 2013, le taux de chômage a fortement baissé ».

Autre conséquence importante pour attirer investisseurs et nouvelles populations, selon Romain Reymond-Kellal, la transformation de l’image de Commercy. « Autrefois cité en déclin industriel et de tradition militaire, Commercy affiche désormais le visage d’une ville en mutation, tournée vers l’avenir et les secteurs porteurs ».

Seugnon, pierre angulaire du contrat

Unité de production Safran Albany

La création de la zone d’activités économiques du Seugnon est l’une des actions qui a  profondément changé le visage de la ville. S’étendant sur 20 hectares de la commune de Commercy, elle a notamment permis d’accueillir l’unité de production de Safran et Albany, spécialisée dans la production de pièces en matériaux composites pour moteurs d’avions. « Attirer une telle entreprise est une véritable réussite pour Commercy. », souligne le sous-préfet de Commercy, Romain Reymond-Kellal.

Ouverte en mai 2014, l’usine qui compte actuellement 300 salariés offrira au total 450 emplois en 2018. « L’opération a permis de développer un partenariat exemplaire avec l’entreprise pour la formation des futurs salariés. Un centre de compétence aéro-composite a ainsi été créé au lycée Henri Vogt de Commercy afin de répondre aux besoins spécifiques de l’entreprise. ». Si Safran a mis les machines à disposition du centre, l’État et la région ont financé l’aménagement des locaux. « Les personnes formées sont en majorité des demandeurs d’emploi meusiens et lorrains de longue durée. Preuve de la qualité des formations dispensées, intégrant les exigences du secteur aéronautique et les compétences en traitement des matériaux composites, 80 % des stagiaires du centre ont été recrutés en contrat indéterminé ». L’objectif affiché des partenaires est à terme d’en faire un centre de formation pour l’ensemble des industries de pointe du Grand Est.

Dans le sillage de Safran et Albany, l’un de ses sous-traitants, Concordia Fibers s’installera très prochainement dans un bâtiment relais de la zone de Seugnon. « Il s’agit pour l’entreprise américaine de son premier investissement en Europe. Son installation devrait générer une quarantaine d’emplois ». La zone de Seugnon ne saurait se résumer à l’installation de Safran. Une pépinière d’entreprises de 890 m², comprenant quinze bureaux et ateliers, a ainsi été ouverte à l’été 2014. « Les locaux hypermodernes accueillent les créateurs d’entreprise pour la réalisation de leur projet en leur permettant, grâce à des tarifs très attractifs, de réduire les investissements de départ et les charges d’exploitation, explique Anne-Sophie Perot, directrice générale des services de la communauté de communes du pays de Commercy. La pépinière connaît un véritable succès puisque le taux d’occupation atteint les 100 % et la liste d’attente est d’un an et demi ».

Le devenir du quartier Oudinot

Quartier Oudinot à Commercy

« Il n’y aura aucune friche militaire à l’entrée de Commercy », annonce Romain Reymond-Kellal, sous-préfet de Commercy. Après l’acquisition pour l’euro symbolique des 22 hectares du quartier Oudinot au ministère de la Défense par la communauté de communes du pays de Commercy, une dizaine d’hectares de l’ancien site militaire a été vendue au groupe Cockerill Maintenance Ingénierie Defence (CMI), leader mondial en matière de systèmes d’armes multifonctionnels de forte puissance pour véhicules blindés. L’entreprise belge y ouvrira un centre de formation international de 30 000 m² de surface bâtie dont 14 000 m² de bâtiments neufs, pour une capacité d’accueil de 120 stagiaires.

« Le reste du site sera réhabilité pour y installer une zone d’activité artisanale, tertiaire et de loisirs, prévient Anne-Sophie Perot, directrice générale des services de la communauté de communes du pays de Commercy. Un grand centre aquatique sera notamment construit. Il sera destiné aux activités ludiques, à la remise en forme et au bien-être ».

Frank Canton