Le premier CAO de France

Le premier CAO de France
19 avril 2018

Les structures d’accueil des demandeurs d’asile et de réfugiés sont nombreuses dans l’Allier, et soutenues par un État réactif. ATSA (accueil temporaire service d’asile), CADA (centre d’accueil des demandeurs d’asile), CAO (centre d’accueil et d’orientation), CPH (centre provisoire d’hébergement), PRAHDA (programme d’accueil et d’hébergement pour demandeurs d’asile), au total correspondent à 867 places réparties sur le territoire. Le CAO de Varennes-sur-Allier, dans l’arrondissement de Vichy, est l’un des premiers à avoir été mis en place, et celui qui a la plus grande capacité en France.


Le 15 juillet 2015 était adoptée la réforme permettant aux demandeurs d’asile de bénéficier de nouveaux droits, d’un traitement plus rapide de leurs demandes et d’une meilleure politique d’accompagnement, notamment en matière d’hébergement. Les mesures étaient applicables à compter du 1er  novembre. Mais en octobre 2015, lorsque les 1 500 migrants occupant le lycée désaffecté Jean-Quarré, dans le XIX e arrondissement de Paris sont évacués, le département de l’Allier prend dans l’urgence la décision d’ouvrir un centre d’accueil et d’orientation (CAO) : «
Nous avons ouvert ce centre en octobre 2015, en l’espace de 72 heures, pour recevoir les gens de Paris et de Calais, indique Gilles Nedelec, directeur départemental de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) adjoint. L’association Viltaïs et les services de l’État ont su démontrer leur capacité à se mobiliser autour des valeurs de solidarité, avant même que les CAO n’existent ! » Ils aménagent rapidement un bâtiment disponible appartenant au ministère de la Défense, obtenu grâce à la réquisition du préfet.

Un accompagnement reconnu

L’association Viltais, qui gère ce CAO, est une association d’éducation populaire centrée sur l’insertion sociale et l’accompagnement des publics en grande difficulté. Elle dispose de plusieurs structures dans le département. À Varennes-sur-Allier, la capacité d’accueil du CAO est de 216 places, et une annexe de ce centre, située à Montluçon, accueille 20 personnes. « Nous hébergeons tout demandeur d’asile ou primo-arrivant, uniquement des hommes seuls pour l’instant, et âgés d’au moins 18 ans », explique Jean-Philippe Morel, l’un des cadres de l’association.

« Viltaïs est réputé pour son savoir-faire, sa prise en charge et son véritable accompagnement, souligne Gilles Nedelec. Lors du démantèlement de la jungle de Calais, les bus les plus remplis étaient à destination de Varennes ! » Les migrants bénéficient d’un hébergement, d’une restauration, d’un suivi médical et de cours de français. « Il faut leur donner les moyens d’être autonomes pour qu’ils puissent s’intégrer lorsqu’ils obtiendront le statut de réfugié », précise Jean-Philippe Morel. En effet, si la réforme du droit d’asile a produit des effets positifs en raccourcissant la procédure, la maîtrise du français s’en trouve affectée ! L’objectif du CAO est également d’identifier les situations et de permettre aux primo-arrivants de déposer leur demande d’asile au guichet unique des demandeurs d’asile à l’OFII de Clermont-Ferrand.

Un plan d’intégration soutenu par le département

Cours de français dispensés aux migrants

« La préfecture est active et réactive sur la gestion des demandeurs d’asile, soutient le DDCSPP adjoint. Dans l’Allier, nous avons commencé tôt à travailler sur ces questions d’intégration, et aujourd’hui cela se retrouve dans nos projets et nos partenariats. En 2012, nous avions 200 places en CADA dans le département, pour 900 places aujourd’hui. » Une cellule de suivi d’accompagnement du CAO composée des services de l’État concernés se réunit régulièrement. Un « plan migrants » signé par le préfet définit les objectifs, et des groupes de travail, dont un présidé par le directeur de Pôle Emploi, sont mis en place pour appliquer un véritable plan d’intégration dans le département, basé sur l’apprentissage du français, l’insertion professionnelle et l’accès au logement.

Un partenariat avec l’ Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) permet d’offrir aux réfugiés un parcours spécifique avec des cours de français intensifs et des formations en apprentissage. « L’AFPA les accueille et les héberge dans l’annexe du CAO à Montluçon, avec des conditions favorisant l’autonomie, explique Jean-Philippe Morel. Il y a des plateaux techniques pour apprendre des métiers, et l’AFPA soutient des dossiers de demande d’accès à des formations de droit commun. »

Les migrants ayant obtenu le statut de réfugié ont également accès au logement social, grâce à la présence des services de l’État dans les commissions d’attribution des bailleurs. « Le processus d’insertion que nous avons établi a déjà permis d’obtenir une quinzaine de CDD pour les réfugiés à Montluçon », termine Gilles Nedelec.

Floriane Boillot