Décès de Raymond Aubrac fondateur du service du déminage de la Sécurité civile à la Libération

Décès de Raymond Aubrac fondateur du service du déminage de la Sécurité civile à la Libération (c) René Féral Sécurité Civile
12 avril 2012

Le grand résistant Raymond Aubrac s'est éteint le 10 avril dernier à l'âge de 97 ans à l'hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce. A la Libération, il a exercé des responsabilités importantes dont celle de responsable des opérations de déminage sur l'ensemble du territoire.


A la fin de la Seconde guerre mondiale, le territoire national est très largement par des dizaines de millions de munitions allemandes et alliées qui s’ajoutent à celles encore très présentes de la Première guerre mondiale.
En novembre 1944, le gouvernement provisoire institue un ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme sous l’autorité de Raoul Dautry.
Le 21 février 1945, le service du déminage est créé et dirigé par Raymond Aubrac. Le jeune résistant  est nommé inspecteur général, responsable des opérations de déminage sur l'ensemble du pays.
3 200 volontaires français et 48 500 prisonniers de guerre allemands sont affectés à cette tâche colossale et à la fin de l’année 1947, les travaux de neutralisation des champs de mines connus et répertoriés sont considérés comme terminés. Près de 13 000 000 mines et plus de 16 000 000 d’obus, bombes et autres munitions non explosées sont détruits.

La mission du service de déminage ne s’arrête pas pour autant et en 1964, le service du déminage, du désobusage et du débombage intègre le Ministère de l’Intérieur au sein du service national de protection civile. A cette mission s’ajoute aujourd’hui celle de sécurisation des voyages officiels et d’interventions sur objets suspects.

La Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises du Ministère de l'Intérieur, de l'Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l'Immigration poursuit aujourd’hui ce travail.

En 2011, 603 tonnes de munitions ont été collectées par les 305 démineurs de la Sécurité civile qui poursuivent ainsi l’œuvre initiée par Raymond Aubrac.

« Rentrant un jour du conseil des ministres, Raoul Dautry réunit ses directeurs et les commissaires présents à Paris. « nous avons, nous dit-il, une nouvelle tâche. Les militaires veulent être déchargés de la responsabilité du déminage (…). Il faudra à la cadence actuelle, dix ans et une centaine de milliards, disent-ils. Tous leurs moyens sont consacrés à la poursuite de la guerre. Or l’enlèvement des mines est, nous le savons bien, un préalable à la reconstruction. J’ai donc accepté cette responsabilité. Qui de vous, messieurs, est volontaire pour s’en occuper ? »
Un grand silence répondit au ministre. Le déminage faisait peur. Il ne se passait pas un jour sans que l’on apprenne par la presse que les mines avait fait de nouvelles victimes, souvent des enfants. Et nos propres activités militaires ne nous avaient guère accoutumés à ces engins.
«  Bien dit le ministre. Je vois. Qui d’entre vous est officier du Génie ? » Nous levâmes tous la main puisque nous étions tous officiers de réserve dans cette arme. « Alors, demanda Raoul Dautry, qui est le plus jeune ? » Cette fois je fus le seul à lever la main. C’est ainsi que le sort me désigna ».