Rencontre avec les représentants des organisations syndicales de la Police Nationale

Rencontre avec les représentants des organisations syndicales de la Police Nationale
19 octobre 2016

Intervention de Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, à l'issue de sa rencontre avec les représentants des organisations syndicales de la Police Nationale.


Seul le prononcé fait foi

Mesdames et messieurs,

Je viens de recevoir les représentants des organisations syndicales de la Police Nationale, comme je m’y étais engagé dès ce matin. Je l’ai fait dans un esprit de respect, avec le souci du dialogue qui m’anime constamment et qui a toujours permis, depuis que j’occupe les fonctions de ministre de l’Intérieur, non seulement de nouer des relations à la fois franches et directes avec l’ensemble des syndicats de police et des représentants des gendarmes, mais aussi d’avancer ensemble, de surmonter les épreuves, et de trouver les solutions dont les policiers ont besoin pour remplir leur mission.
Ces missions, qu’ils partagent avec leurs collègues gendarmes, sont essentielles et elles se résument ainsi : assurer la protection des Français. Ce que les forces de l’ordre incarnent, les policiers comme les gendarmes, c’est l’Etat de droit, la République et les valeurs qui s’y attachent, en quelque sorte une certaine idée de la France. Ils incarnent eux aussi, par l’uniforme qu’ils portent, l’autorité de l’Etat.

L’autorité de l’Etat, c’est un principe auquel on doit toujours se tenir, sans jamais y déroger. Les policiers le savent. Ils savent que pour interpeller il faut des enquêtes et des éléments tangibles. Ils savent que l’autorité de l’Etat finis toujours par s’imposer, même quand elle est mise en cause par des individus ou des groupes d’une extrême violence.

Ce fut le cas à Roye ou à Moirans l’année dernière : les groupes violents ont été interpellés et la Justice est passée. J’ai donc rappelé aux organisations syndicales, et je le rappelle solennellement à l’instant, que le Gouvernement est totalement déterminé à ce que la Justice passe à chaque fois qu’un policier ou un gendarme est agressé, en raison de ce qu’il est, en raison de ce qu’il représente. Ce sera donc le cas également après l’abjecte et criminelle agression des policiers à Viry-Châtillon perpétrée le 8 octobre dernier. Cette agression criminelle nous indigne et la République, j’en suis convaincu, rattrapera ses auteurs.

Ensuite je veux redire ici, comme je l’ai indiqué aux organisations syndicales, que les policiers sont compris et qu’ils sont soutenus, non seulement par leur hiérarchie, non seulement par le Gouvernement, mais surtout par tous les Français. Les Français aiment les policiers et les gendarmes, et ils le leur disent. Je veux à nouveau exprimer aux policiers comme aux gendarmes notre gratitude profonde, car ils exposent leur vie pour protéger celle de leurs concitoyens. Et dans le contexte que nous connaissons, celui de la menace terroriste mais aussi des violences constatées au quotidien, nous avons, plus que jamais, besoin des policiers et des gendarmes de France.

La valeur que nous devons défendre ensemble, bien au-delà des médiocres emportements politiques, pour la cohésion de notre pays et la force du pacte républicain, c’est le respect. Le respect dû aux policiers, aux gendarmes, aux enseignants, aux personnels hospitaliers, comme à tous ceux qui incarnent l’Etat. Le respect que les représentants de l’Etat eux-mêmes doivent aux citoyens bien entendu. Le respect que les policiers doivent à leur hiérarchie et que leur hiérarchie leur doit. Le respect de la règle, de la déontologie, car dans la République, la police chargée de faire respecter la règle ne peut bien entendu s’en affranchir.

Ce n’est pas dans une logique de sanctions, mais de rappel ferme de ces principes, car c’est mon devoir, que j’ai voulu, au cours de ces derniers jours, que des choses soient rappelées et dites. Le respect, c’est aussi celui que l’on doit à celui qui ne pense pas comme nous ou est différent de nous, le respect que les parents doivent enseigner à leurs enfants. Les policiers demandent de la considération, du respect. Et nous leur devons cela. Ils ont une ambition : protéger les Français. Et nous devons, chacun dans notre responsabilité, les aider à assurer cette mission qu’ils aiment et pour laquelle ils exposent leur vie.

Et ce respect doit se retrouver autant dans les mots, qui sont importants, que dans les actes, qui sont essentiels. Précisément, ce que ce Gouvernement a fait pour les policiers et l’ensemble des forces de sécurité depuis 2012 représente un effort inédit. Dans un contexte budgétaire extrêmement contraint, nous recréons sur l’ensemble du quinquennat 9 000 postes de policiers et de gendarmes, alors que 13 000 avaient été supprimés entre 2007 et 2012. Nous avons entamé cet effort dès la première année budgétaire du quinquennat. Dans la police nationale, nous serons ainsi passés, en plafonds d’emplois, de 143 689 effectifs en 2012 à 149 079 en 2017, soit 5390 postes supplémentaires, auxquels s’ajoutent plus de 3500 postes de gendarmes.
Cette montée en puissance correspond au rythme de sortie des écoles de formation. Il faut donc du temps pour restaurer les moyens de la police alors qu’il aura fallu peu de temps pour les détruire.

Nous avons ensuite conclu, au terme d’un dialogue de plusieurs mois avec l’ensemble des organisations syndicales de la police et des représentants de la gendarmerie, une feuille de route sociale d’un montant de 865 millions d’euros pour la période 2012-2020 revalorisant les carrières des policiers et des gendarmes. Cet accord était très attendu.

Nous avons également procédé à une remise à niveau, ô combien nécessaire, de l’équipement et du matériel des primo-intervenants, BAC et PSIG. C’était nécessaire pour leurs moyens d’intervention mais aussi pour leur protection, pour la lutte contre le crime. Je constate lors de tous mes déplacements dans les commissariats en région que ces matériels arrivent à un rythme soutenu, comme les renforts d’effectifs.

Nous avons également allégé les procédures, pour que les policiers ne perdent pas de temps en travail administratif mais puissent se concentrer sur leurs tâches de terrain. Mais ce travail est encore insuffisant. Il doit impérativement se poursuivre, à un rythme soutenu.

Nous avons enfin adapté le droit concernant la légitime défense à la réalité des attaques de masse qui peuvent survenir. C’était là aussi une revendication légitime et attendue. Nous l’avons fait dans le respect dans le respect des principes constitutionnels et conventionnels.

Tout cela n’épuise pas notre action ni les attentes des policiers, bien entendu. J’ai écouté attentivement ce que les syndicats ont exprimé. En retour, je leur ai annoncé plusieurs décisions concrètes.

Premièrement, j’ai demandé à tous les préfets, en lien avec les directeurs départementaux de la sécurité publique, de mener dans chaque département une concertation approfondie avec les personnels de la police nationale et leurs représentants syndicaux. Cette concertation débutera lundi. Elle permettra d’écouter les personnels et d’engager avec eux un dialogue riche sur les sujets suivants : la dotation de la sécurité publique en nouveaux matériels dès 2017 dans la continuité du plan BAC-PSIG, la question des charges indues, l’amélioration des conditions de travail par l’engagement de travaux immobiliers notamment. Les conclusions de cette concertation me seront remises en décembre pour une mise en œuvre immédiate, dès le début de 2017.

Deuxièmement, sans attendre le terme de la concertation, un plan sécurité publique dédié aux policiers et aux gendarmes qui œuvrent au quotidien pour la sécurité de tous les Français, dans le prolongement du plan BAC-PSIG, sera annoncé en novembre. Il sera complété à la fin de l’année des résultats de la concertation. Il assurera notamment la poursuite et l’amplification de la remise à niveau des véhicules et matériels, en particulier des matériels de protection et de projection des policiers et des gendarmes sur le terrain, dont peuvent dépendre leur vie. La hausse des crédits du ministère de l’Intérieur de 15% que nous avons obtenue, que nous avons résolument engagée et qui se poursuit après des années de disète, le permettra.

J’ai donné instruction à tous les directeurs départementaux de la sécurité publique de recentrer les policiers sur leur cœur de métier et de passer en revue, dans le cadre de la concertation, les tâches indues parfois confiées aux policiers. C’est fondamental. Les policiers le souhaitent et c’est nécessaire. Pour la gendarmerie, la feuille de route se poursuivra.

Enfin, je suis absolument déterminé à poursuivre la simplification des procédures qui compliquent le quotidien des policiers et des gendarmes, en lien avec mon collègue ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas, pour simplifier résolument le travail d’investigation des enquêteurs.

En début d’année 2017, je ferai une nouvelle communication sur les effectifs de police déployés en renfort dans l’Essonne et en Seine-Saint-Denis, que j’ai déjà pu annoncer.

Mesdames, messieurs,

Depuis que je suis en responsabilité Place Beauvau, j’ai toujours été aux côtés des policiers, des gendarmes et des sapeurs-pompiers. Nous avons vécu ensemble de lourdes épreuves. Ils ont parfois été injustement mis en cause. Je les ai toujours soutenus et je continuerai, comme je continuerai de leur tenir un langage de vérité.

Plus que jamais, la France a besoin de ses policiers et de ses gendarmes, pour la protéger, et pour faire vivre ce qu’elle est : une nation républicaine et fraternelle. Je continuerai d’engager tous les moyens sous l’autorité du Président de la république et du Premier Ministre, au service de cette grande et juste ambition. Nous le devons aux policiers et aux gendarmes, à leur courage, à leur bravoure, à leur engagement.

Je vous remercie.

Déclaration de M. Bernard CAZENEUVE, Ministre de l’Intérieur

Hôtel de Beauvau – 19 octobre 2016


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