Prise de commandement de l’escadron de gendarmerie mobile 20/1

Prise de commandement de l’escadron de gendarmerie mobile 20/1
27 septembre 2016

Discours de M. Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, lors de la prise de commandement de l’escadron de gendarmerie mobile 20/1, à Rosny-sous-Bois le 27 septembre 2016.


- Seul le prononcé fait foi -

Monsieur le Préfet,
Madame la Députée, chère Elisabeth Pochon,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mon Général, Directeur général de la Gendarmerie nationale,
Mon Général, commandant de la région de gendarmerie Ile-de-France,
Mon Colonel, commandant du groupement de gendarmerie mobile II/1 de Maisons-Alfort,
Mon Capitaine, commandant de l’escadron 20/1 de Rosny-sous-Bois,
Mesdames et Messieurs,

C’est avec un grand plaisir que je suis aujourd’hui parmi vous, à l’occasion de la prise de commandement de l’escadron de gendarmerie mobile de Rosny-sous-Bois. La cérémonie à laquelle nous venons d’assister constitue en effet un événement particulièrement important.

Important, d’abord, pour l’escadron lui-même, dont c’est là le véritable acte fondateur, l’acte de naissance, depuis sa création le 1er juillet dernier. Important, aussi, pour les 110 gendarmes qui le composent et, bien sûr, pour l’officier qui a désormais l’honneur et la responsabilité de les commander, le capitaine Renaud PARMENTIER, que je salue chaleureusement et à qui j’adresse tous mes vœux de réussite dans ses nouvelles fonctions. C’est là une mission particulièrement éminente qui lui revient, et je ne doute pas un seul instant qu’il saura s’en montrer digne.
Cette prise de commandement est donc un beau symbole collectif, ancré dans la double tradition militaire et républicaine de la Gendarmerie nationale.

Mais, plus largement, c’est aussi un événement particulièrement important pour la sécurité des Français, pour l’État et pour la République. Un événement qui symbolise presque à lui seul la politique que conduit le Gouvernement depuis quatre ans en matière de sécurité, en rupture avec celle qui avait été menée au cours du précédent quinquennat.

C’est en effet la première fois que l’on crée un escadron de gendarmerie mobile depuis 1998, c’est-à-dire depuis près de 20 ans. C’est même là un coup d’arrêt extrêmement net porté à la politique de destruction des unités de forces mobiles menée entre 2007 et 2012. Pas moins de 15 escadrons de gendarmerie mobile avaient alors été supprimés au nom de la RGPP, sans que jamais les responsables politiques ayant pris cette décision se soient préoccupés de ses conséquences en termes d’efficacité opérationnelle et pour la sécurité des Français. Ce sont même 16 escadrons au total qui ont été dissous entre 2002 et 2012.

1 800 emplois de gendarmes mobiles ont été ainsi détruits. Ce sont autant de grands professionnels qui nous ont manqué face aux risques et aux menaces auxquels nous sommes chaque jour confrontés et alors qu’aujourd’hui policiers et gendarmes sont plus mobilisés que jamais sur tous les fronts à la fois.

Là où certains ont détruit, nous, nous recréons.

Depuis quatre ans, la politique de sécurité conduite par le Gouvernement poursuit ainsi un seul et unique objectif : réarmer la France et la République. C’est-à-dire redonner des marges de manœuvre aux forces de l’ordre, leur donner les moyens dont elles ont besoin pour accomplir leurs missions avec la plus grande efficacité.

La création de l’escadron de gendarmerie mobile de Rosny-sous-Bois, avec ses 110 officiers et sous-officiers, résulte précisément de cette politique de recrutements massifs dans la Police et la Gendarmerie nationales, initiée dès 2012, en rupture totale avec la politique de réduction drastique des effectifs lors du précédent quinquennat. Depuis lors, nous montons chaque année en puissance, le temps, bien sûr, que les futurs policiers et gendarmes se forment dans les écoles de police et de gendarmerie.

De surcroît, je rappelle que, l’année dernière, nous avons lancé trois grands plans supplémentaires de recrutement, en réponse, d’une part, à la menace terroriste et, d’autre part, aux conséquences de la crise migratoire.

D’ici la fin du quinquennat, nous aurons donc recruté 9 000 policiers et gendarmes en plus dans les services et les unités de sécurité intérieure, alors qu’entre 2007 et 2012, plus de 13 000 postes avaient été sacrifiés dans les deux forces.

Dans le but d’effacer cette erreur, nous réalisons donc un effort sans précédent, à la mesure de la situation que connaît le pays, pour rendre effectives les arrivées dans les unités de gendarmerie et dans les services de police. Un effort qui vise à compenser les départs, et même à aller bien au-delà. C’est la raison pour laquelle, cette année, 10 000 gendarmes sortent des écoles de gendarmerie. L’année prochaine, ils seront environ 9 000. En 2015, ils étaient déjà près de 7 000. Cet effort exceptionnel, nous l’accomplissons bien sûr en parallèle pour la Police nationale.

Cette politique bénéficie aux forces territoriales, en charge des missions de police judiciaire et de police administrative, ancrées dans les territoires, au contact permanent des autorités, des élus et de la population.

Mais elle bénéficie également, comme je l’ai dit, aux forces mobiles, spécialisées quant à elles dans le maintien de l'ordre public.

Avec près de 12 500 personnels, soit 600 de plus qu'en 2012, la Gendarmerie mobile est ainsi un acteur essentiel de la sécurité en France. Elle constitue la réserve gouvernementale, mobilisable en toutes circonstances, notamment grâce au groupement blindé de gendarmerie mobile et au groupement II/1 de Maisons-Alfort.

C’est dans cet esprit que nous avons décidé de créer ce nouvel escadron, à proximité de Paris, pour renforcer encore davantage nos capacités de maintien de l’ordre public et de protection de nos concitoyens. Il vient ainsi s'ajouter aux 22 pelotons d’ores et déjà créés dans les escadrons existants, en métropole comme outre-mer, en soutien aux unités territoriales, notamment en cas de crise, mais aussi pour relayer les effectifs fortement sollicités depuis plusieurs mois.

Aujourd’hui, je veux rendre hommage aux femmes et aux hommes qui composent les unités de forces mobiles, et tout particulièrement les escadrons de gendarmerie mobile. Depuis plus de deux ans, ces derniers sont en effet puissamment mobilisés sur l’ensemble du territoire national, dans des conditions souvent très difficiles.

Chacun doit bien comprendre que ces escadrons s’acquittent de missions extrêmement délicates, mais pourtant absolument nécessaires en démocratie : garantir l’exercice de nos libertés fondamentales dans le respect de la loi et de l’ordre public.

Je pense notamment à la liberté de manifestation, qui est une liberté fondamentale garantie par notre Constitution et que nous devons évidemment protéger. C’est ce que nous faisons, c’est ce que nous avons fait, lors des journées de mobilisation contre la loi Travail, au printemps dernier. Et ce en dépit de la violence inacceptable des casseurs et des militants extrémistes, dirigée aussi bien contre les représentants de l’État que contre les manifestants eux-mêmes – on l’a encore vu le 15 septembre dernier, à Paris.

Aussi, je veux saluer le sang-froid exceptionnel et le grand professionnalisme dont vous faites preuve dans ce genre de circonstances. J’ai bien sûr une pensée pour les 193 gendarmes mobiles blessés depuis le début de l'année. De telles violences, de telles agressions, lâches et criminelles, dont vous et vos collègues CRS peuvent être la cible, sont absolument intolérables, et je ne les tolèrerai jamais. Sachez que vous aurez toujours tout mon soutien dans l’accomplissement de vos missions au service de la République et au service de l’État de droit. A chaque fois, Mesdames et Messieurs, la Justice passera.

Par ailleurs, jamais je n’accepterai que l’on puisse remettre votre action en cause sans la moindre raison. Je sais que vous intervenez en faisant un usage proportionné de la force, dans le respect des principes déontologiques et des lois de la République. Le contraire serait tout simplement inacceptable.

L’éthique, c’est ce qui gouverne chacune de nos actions, y compris lorsque personne ne nous regarde. Ne l’oubliez jamais, car c’est cela que l’on attend d’un représentant de l’Etat, d’un membre des forces de l’ordre.

Pour ma part, j'accorde une attention toute particulière à la relation que les policiers et les gendarmes entretiennent avec les Français. Cette relation doit reposer sur la confiance et le respect mutuels. Car c’est ainsi que l’on assure l’autorité et la crédibilité de l’Etat en régime démocratique.

A cet égard, je sais, Madame la Députée, combien vous êtes sensible à ces questions-là, à quel point elles vous mobilisent – comme d’ailleurs bien d’autres sujets qui concernent le ministère de l’Intérieur. Je veux ainsi profiter de l’occasion qui nous réunit pour saluer votre engagement efficace et précieux, éminemment républicain.

Les forces mobiles sont également fortement mobilisées dans le cadre de notre dispositif antiterroriste. Je sais que l’escadron de Rosny-sous-Bois a ainsi été engagé en urgence, le 8 septembre dernier, dans l’Essonne, lors de l’alerte qui a débouché sur l’interpellation de trois jeunes femmes radicalisées à Boussy-Saint-Antoine. Dans le cadre de cette opération d’ampleur, vous avez été chargés de sécuriser les gares principales et les centres commerciaux situés en zone Gendarmerie. Je veux donc aujourd’hui saluer la part que vous avez prise à la réponse d’une fermeté absolue que nous avons opposée à une menace d’attentat qui était alors imminente.

Dans le contexte actuel, vous jouez aussi un rôle décisif dans la sécurisation des grands évènements populaires. Je pense ainsi à l'Euro 2016 ou bien au dispositif spécifique que nous avons mis en place cet été pour protéger nos concitoyens, ainsi que les visiteurs étrangers, lors des festivals et dans les zones touristiques.

Il y a aussi, comme je l’ai dit, la gestion des conséquences sur notre sol de la crise migratoire euro-méditerranéenne, dans les Alpes-Maritimes et surtout dans la région de Calais et de Dunkerque. Je rappelle que plus de 400 gendarmes mobiles sont actuellement présents à Calais pour assurer l’ordre public et garantir la sécurité du port et du tunnel sous la Manche. En tout, cela fait plus de 1 000 CRS et gendarmes mobiles engagés à Calais et dans le Calaisis : c’est là un chiffre très important qui témoigne de la détermination de l’État à régler la situation qui prévaut à la frontière franco-britannique. Hier matin, le Président de la République est d’ailleurs allé à la rencontre de ces fonctionnaires courageux pour leur rendre un hommage appuyé, ainsi qu’aux autres forces de sécurité mobilisées sur place. Là aussi, je sais que, dans les prochaines semaines, vous serez notamment engagés à Calais dans le cadre de la lutte contre les filières de passeurs et contre l’immigration irrégulière. C’est une mission complexe, délicate, qui vous attend, mais je suis convaincu que vous la mènerez à bien, à l’instar de vos camarades, avec fermeté, mais aussi avec humanité.

C’est d’ailleurs parce que je connais la force de votre engagement et les conditions de travail qui sont les vôtres, que j’ai décidé que nous devions mieux les prendre en compte. Voilà pourquoi j’ai pris la décision de revaloriser l’indemnité journalière d’absence temporaire (IJAT) et de ne pas la fiscaliser. Cette revalorisation sera entièrement achevée au 1er janvier 2017. C’est là une décision importante, qui se veut une juste compensation pour les contraintes professionnelles qui sont les vôtres et une pleine reconnaissance de votre engagement et de votre très grande disponibilité au service de la République.

*

Mesdames et Messieurs, je veux vous dire à quel point les Français vous sont reconnaissants. Je le constate lors de chacun de mes déplacements.

Je sais aussi le dévouement qui vous anime. Je connais les valeurs fortes qui sont les vôtres, celles de la République française : la défense de l’intérêt général, l’exemplarité et la fraternité. 

Nos concitoyens attendent beaucoup de vous en termes de sécurité. Ils attendent une Gendarmerie nationale innovante, réactive, proche d’eux.

Une Gendarmerie qui sait se renouveler et s’adapter aux enjeux contemporains – sur le plan opérationnel, bien sûr, mais aussi sur celui de recrutement, je pense notamment aux initiatives prises depuis 2015 pour encourager le recrutement des femmes au sein de la Gendarmerie et leur permettre d’accéder aux plus hautes fonctions de l’institution.

Bref, une Gendarmerie moderne, engagée et humaine, à l’image des Français, qui attendent d’elle qu’elle les protège et les rassure en toutes circonstances. Vous en êtes les dignes représentants.

Vive la Gendarmerie nationale !
Vive la République !
Vive la France !