Vols de métaux : L'Intérieur s'organise

Vols de métaux - © Fabrice Balsamo - Sirpa Gendarmerie

Gendarmes et cheminots coopèrent.


Avec ses 30 000 kilomètres de voies entièrement câblées, la SNCF est devenue une cible de choix pour les groupes criminels spécialisés dans le vol et la revente de métaux.
Aussi, depuis le début de l'année, la gendarmerie et la SNCF ont ajouté une nouvelle arme à leur arsenal de lutte : les cellules d'analyse et de protection des métaux. L'objectif : prévenir et réprimer l'action des trafiquants.

Face à la recrudescence des vols de métaux sur son réseau, la SNCF s'est dotée, début 2012, de onze cellules d'analyse et de protection des métaux (CAPM). Réparties au niveau des sept zones de défense et de sécurité (ZDS), elles sont animées par vingt-quatre agents et dépendent de la surveillance générale (Suge) de la SNCF. Moyens techniques  performants et développement d'une importante coopération avec les forces de l'ordre ont permis aux CAPM de progresser dans la prévention des délits ciblant les infrastructures de la SNCF. L'action de prévention des cellules ne pouvait être pleinement efficace sans le concours de la Gendarmerie nationale, dans la mesure où 90 % du réseau ferré français se situe dans sa zone de compétence (ZGN). À ce titre, le lieutenant-colonel Florian M., officier de liaison de la gendarmerie, est en permanence détaché auprès de la direction de la sûreté de la SNCF, tandis qu'un cadre de la SNCF, Jean-Luc B., est en poste à la sous-direction de la sécurité publique et de la sécurité routière de la DGGN.

Sur le plan technique, une cellule spécialisée en appui des CAPM a développé un dispositif de sécurisation de zone par alarme mobile (Sézam). Sézam se présente sous la forme d'une valise contenant divers détecteurs, placés sur les câbles au sol ou en hauteur sur les sites SNCF susceptibles d'être ciblés par des trafiquants de métaux. Ce dispositif  particulièrement discret et très difficilement détectable par les malfaiteurs se compose également de caméras permettant de réaliser une levée de doute sur une éventuelle intrusion. En effet, dans le cas où une alarme se déclenche, des images des lieux sont transmises en temps réel au centre de télésurveillance de la Suge (CTS), à Paris. Si l'intrusion est avérée, la CAPM est immédiatement avisée par l'agent du CTS dans le but de faire intervenir l'unité de gendarmerie, le service de police ou les patrouilles de la Suge les plus proches des lieux des faits. Le recours au dispositif Sézam permet d'assurer une surveillance continue des points sensibles du réseau SNCF sans que les forces de l'ordre demeurent mobilisées sur de longues périodes aux abords des voies ferrées. Un kit Sézam peut, à lui seul, couvrir un tronçon de plusieurs centaines de mètres.

© Amélie Roche -Sirpa Gendarmerie

Outre ce volet technique, les agents Suge des CAPM travaillent au quotidien avec leurs correspondants des forces de l'ordre. La coproduction de sécurité est, pour l'ensemble des acteurs, le premier enjeu de l'action de coopération. En effet, pour les personnels de la Suge, le cadre légal d'intervention se limite au réseau ferré national. La gendarmerie, sur la base des informations transmises par les CAPM au sujet d'un vol ou de tout autre acte de malveillance survenu en ZGN, pourra rechercher les auteurs au-delà du domaine de la Suge. Les agents des CAPM pourront, de leur côté, intervenir en appui des enquêteurs et apporter leur expertise et leur connaissance des matériels de la SNCF dans le cadre, par exemple, d'une perquisition. Toute activité en milieu ferroviaire représentant un risque important en termes de sécurité des personnels, les CAPM mettent à disposition des gendarmes un "guide d'intervention en milieu ferroviaire" afin de ne pas mettre en danger la vie des militaires amenés à intervenir à proximité d'installations électriques ou de trains en circulation. Gendarmerie et SNCF mènent en outre, depuis février 2011, une autre action de coopération au travers d'une convention visant à mettre à disposition de la Suge des hélicoptères de la gendarmerie sur des actions de surveillance planifiées ou des interventions urgentes sur certains sites. Lors des patrouilles aériennes, un cheminot se trouve au côté du pilote pour commander l'équipe de la Suge au sol. Le phare de l'hélicoptère sécurise les interventions aux abords des voies. La qualité d'officier de police judiciaire du pilote permet la constatation d'éventuelles infractions. Plusieurs interpellations en flagrant délit ont eu lieu depuis 2011.

Le travail des CAPM permet d'optimiser les informations et les renseignements obtenus aux abords des emprises ferroviaires, qu'ils résultent d'observations directes des agents de la Suge ou de la vidéoprotection. Une surveillance efficace du réseau SNCF est absolument nécessaire, car les conséquences d'un acte a priori sans gravité peuvent prendre des proportions importantes. Il suffit en effet qu'un seul câble soit sectionné pour provoquer des retards en termes d'exploitation qui entraîneront des coûts pour l'entreprise (remise en état des installations y compris les tests pour un fonctionnement nominal d'un système sécurité, remboursement de billets aux voyageurs, etc.). Ces retards représentent également un coût en termes d'image ; surtout, chaque dégradation peut être à l'origine d'un risque pour la sécurité des personnels engagés sur la réparation des installations.

Au niveau national, la direction de la sûreté de la SNCF est constamment en contact avec l'office central de lutte contre la délinquance itinérante, point de contact et d'information privilégié du ministère de l'Intérieur pour les questions concernant les vols de métaux. Les vols de câbles sur les voies ferrées étant souvent le fait de groupes polycriminels, les enquêtes sur les préjudices portés à la SNCF peuvent déboucher sur des investigations relatives au patrimoine des malfaiteurs. Le vol de métaux devient alors un point de départ pour l'interpellation d'individus multipliant les fraudes et les actes de délinquance, notamment financière. Ces retards représentent ensuite un coût en termes d'image, et surtout, chaque dégradation peut être à l'origine d'un risque pour la sécurité des personnels engagés sur la réparation des installations.